« Allaiter au sein, c’est naturel »

Court blabla comme un genre de coup de calgon, pour recadrer les opinions douteuses.

A la canadienne

A chaque fois, quand l’argument du naturel de l’allaitement au sein est évoqué, c’est systématique, le florilège qui suit est le suivant :

« oui mais, faire caca, c’est naturel »
« faire l’amour c’est naturel »
et autres joyeusetés.

Juste pour informer :
allaiter au sein c’est pour nourrir, calmer, rassurer, câliner un bébé.
Comment peut-on comparer nourrir et le reste avec déféquer ou copuler ?? Quel est le rapport ?

En ce qui concerne l’allaitement au sein en public, la différence c’est que c’est autorisé et encore heureux, parce qu’un bébé a beaucoup de difficultés à attendre quand il a faim. Il y a des âges pendant lesquels c’est impossible de différer la tétée. Par contre, un adulte peut attendre pour faire caca et surtout c’est interdit de le faire et en public et sur la voie publique. Il peut aussi refréner ses ardeurs pour faire l’amour, enfin j’espère car là aussi, c’est considéré comme une exhibition sexuelle. Ça coûte un an de prison et 15 000 euros d’amende.

Quand une mère décide d’allaiter, jamais je n’en ai vu en faire une annonce publique pour être le centre de l’attention. Certaines déballent la « marchandise » ? Il n’y a aucune obligation de le faire discrètement. Dans la rue, c’est autorisé de fumer, celui qui est dérangé change de trottoir ou de place en terrasse. C’est pareil pour l’allaitement. Allez vous-en si la vue d’une poitrine vous offusque.

Alors franchement, ceux qui pensent qu’allaiter en public c’est dégoûtant, malsain parce que c’est sexuel, intime ou que sais-je encore…je rappelle que les seins fabriquent du lait pour le nourrisson qui vient de naître. A ce moment là, leur rôle est de nourrir. Si la mère choisit de donner son lait à son bébé, alors elle a le droit de le faire absolument partout et à n’importe quel moment selon sa pudeur à elle et surtout selon les besoins de son enfant. Si quelqu’un est dérangé par l’aspect sexuel du moment, c’est qu’il a l’esprit vraiment tordu. Un enfant n’a aucune notion sexuelle adulte. Quand il a faim, il a besoin de manger comme n’importe qui. Personne ne cache sa bouche pour manger et pourtant sexuellement il peut s’en passer des choses avec la bouche et que dire des doigts…

Donc mon message est clair : qu’on fiche la paix aux mères allaitantes  et qu’on leur épargne la vulgarité des opinions douteuses de certains pervers tordus ou d’autres vierges effarouchées.

Si « allaiter c’est naturel » vous semble un argument insuffisant alors je valide : allaiter, c’est glamour ! ça vous dérange ? Regarder ailleurs, c’est simple pourtant.

Olivia Wilde et son fils

Bel article de Marion McGuiness sur un de ces blogs : je suis une seinte.

Toi, l’Autre…et moi. Nous.

J’ai trouvé cette pépite sur FB, un soir que mon moral était en berne alors je le partage (avec l’accord de L.T) ; surtout s’il peut avoir pour d’autres, cet effet « réconciliant » avec soi-même…et l’Autre.

« Toi, individu qui ne connais pas les autres comme tu te connais, qui ne comprends pas leurs réactions car elles pourraient différer des tiennes, que penses-tu que ça t’apportera de blâmer ces personnes ? Que penses-tu que ça t’apportera de critiquer leurs idées ?

Si tu te sens bien au sein de cette société, personne n’a à te blâmer, personne n’a le droit de te critiquer, toi, tes réactions, tes idées.
Si tu t’y sens mal, c’est tout à fait pareil.

Quand on dit qu’il y a autant de différences que d’êtres humains, c’est pas pour faire court, joli. C’est pas parce que ça semble tellement évident qu’il faut l’oublier, ne plus y penser.

Quelqu’un qui aime parler beaucoup a ses raisons.
Quelqu’un qui n’aime pas parler a ses raisons.
Pour ne citer QUE ces exemples.
L’un n’est pas un emmerdeur qui prend toute la place, l’autre n’est pas un misanthrope qui ne s’adapte pas au contact.

L’idée même de norme est moche, pas parce que beaucoup de gens y sont mais parce que sous prétexte qu’ils y sont nombreux, elle devrait être universelle et que ceux qui ne s’y sentent pas chez eux seraient des hérétiques ennemis du bien commun sacré.
Le pire c’est qu’on n’est jamais complètement à tous points de vue dans les idées de la norme. Sur certains points oui, sur d’autres non. Moi je vais te trouver plus commun, toi tu ne te sentiras pas commun sur plein de choses que je ne soupçonne pas. Tu es toi avec ta complexité et tes trésors.

Des gens sont plus représentatifs de cette norme, certains moins, certains beaucoup, certains encore, presque pas.
Pourquoi toujours se poser la même question nulle, vide de sens, inutile, celle qui dit : « Mais qui a raison ? » ou « Qui a tort ? »

Le pire c’est que la norme ne représente pas que des idées mais aussi des états physiques, morphologiques, moraux, psychologiques.
Donc non seulement la question se pose à propos d’idées mais aussi à propos d’états, et ces états, on ne peut souvent les modifier car ils sont assignés à la naissance. Alors on les discrimine et voilà que naît l’inégalité. Et de l’inégalité naît le rejet, la peur de l’autre, la moquerie, l’injure, l’irrespect.
Non seulement on injurie des idées mais aussi des identités.
La nouvelle mode consiste désormais à classifier les gens selon des cases qui justifieraient tel état « hors norme », telle idée et une autre question apparait souvent à ce moment précis : « Puisqu’il/elle n’est pas normal/e, est-il possible de le/la soigner ? »

D’autres personnes nient l’existence de la différence elle-même, quelle que soit sa forme (handicap/sexualité/profil psychologique et j’en passe) et blâment les personnes différentes, les critiquent, les rabaissent.
C’est doublement dur à encaisser. Premièrement ces personnes ne reconnaissent pas l’identité des autres, deuxièmement, elles mettent la cause de leur frustration à ne pas comprendre et accepter la différence d’autrui sur le dos des autres en les culpabilisant, en les blâmant, en leur expliquant, même calmement, que si elles étaient « normales » ça serait plus facile, que le monde s’en porterait mieux.

La différence devient alors un crime. La différence est un fardeau pour la normalité et pour le hors-norme qui ne devrait être.
« Quand on dit qu’il y a autant de différences que d’êtres humains, c’est pas pour faire court, joli. C’est pas parce que ça semble tellement évident qu’il faut l’oublier, ne plus y penser. »
Je remets ça ici, pas pour faire joli encore une fois, vous vous en doutez bien.

Des comportements sont condamnables, chez tous mais pas pour autant impardonnables ou incompréhensibles.

Respecter l’autre ça n’est pas accepter toutes ses idées, ça n’est pas le laisser entraver notre liberté (et ça n’est pas sa différence qui nous entrave mais le fait qu’il n’accepte pas la nôtre, soyons bien clairs)
Respecter l’autre c’est l’entendre, être d’accord ou pas mais le comprendre, l’accepter dans sa globalité, dans son identité, dans son parcours et dans sa complexité.

En un mot : la TOLÉRANCE. Ce mot est encore plus puissant que le terme « amour » car quand on tolère, on embrasse la différence, on la prend à bras-le-corps, on l’accepte complètement, sans concession d’un côté ou d’un autre, on veut donner, on dit à l’autre : « Tu existes et je le reconnais », qu’est-ce d’autre si ce n’est pas aimer, quelque part ? Rien n’est plus précieux sur Terre que cela, rien au monde ne le sera plus.

Évidemment nous manquerons parfois de tolérance, tous autant que nous sommes et pire encore, parfois, nous ne nous en rendrons même pas compte. C’est pour ça qu’il faut être prudents, c’est pour ça qu’il faut être ouverts, un maximum, à tout moment. Non c’est pas simple, oui ça demande des efforts, bien-entendu mais qui t’a dit que la vie était simple ?
Cependant, même si nous manquerons de tolérance et que nous blesserons quelqu’un dans sa personne, que nous rejetterons la cause et le mal-être qu’engendre notre intolérance sur l’autre, le culpabilisant et le blessant plus ou moins profondément, jamais il ne sera trop tard pour le voir et surtout, jamais il ne sera trop tard pour demander pardon.

Le pardon nous fait non seulement grandir mais en plus, il nous permet de créer la paix envers et contre tout.

Finalement, moi je l’aime la complexité de la vie car j’accepte cette complexité et que je lui pardonne de mettre ma tolérance et ma volonté à l’épreuve. »

L.T

 

Et si nous laissions les enfants…jouer ?!

C’est un sujet qui tient souvent très à cœur chez les professionnels de la petite enfance : la motricité LIBRE. Selon moi, c’est tout sauf une méthode ou une mode. C’est la vie. Dans la vie, personne n’a besoin d’un objet ou de quelqu’un d’autre pour marcher par exemple, sauf s’il est à mobilité réduite.

Libérons les bébés, les jeunes enfants, les enfants ! Laissons-les vivre, expérimenter, essayer, échouer, tomber, se relever…car même sans nos interventions, ils finissent par réussir !!

Je l’ai régulièrement évoqué sur ce site : ici et là-bas. Celle qui l’illustre vraiment au plus proche de la réalité, c’est Bougribouillons.

Ce qui me fait aborder une nouvelle fois cette thématique, c’est d’avoir observé trop souvent des parents et aussi des professionnels débutants et/ou confirmés, intervenir systématiquement dans la motricité de l’enfant qu’ils accompagnent.

Comme j’ai déserté le terrain professionnel pour des raisons de santé, mon terrain d’observations est devenu la rue, le parc, les lieux publics… Mon fils cadet a l’âge des sorties aux aires de jeux. J’y vois, avec grand plaisir, les interactions et aussi, sans voyeurisme, un instant T de « la vie des autres ». C’est extrêmement varié et riche. Parfois drôle, parfois triste.

Récemment, j’ai pu observer de près un jeune enfant dont j’ai su l’âge. En terme d’échange, dans un parc, c’est inévitable, les adultes demandent l’âge des enfants qui interagissent. C’est comme-ci cette donnée était la clé de ce qu’il se passe…j’imagine aisément les comparaisons qui défilent dans la tête des gens. Je préfère demander le prénom mais bon, ça semble secondaire pour d’autres. Après l’âge, c’est parti, pour les « oh il fait ça ? la mienne pas encore… »

Il y a des parents, adultes accompagnants inquiets et même devins « attention, tu vas tomber ! »; « attention c’est dangereux ! ». Il y a les parents que je trouve un peu trop détendus, résultat c’est presque toi qui surveille le gamin qui s’approche dangereusement de la perche de feu (comme celle des pompiers) alors qu’il marche à peine…Bref, j’observe un florilège de situations, bien malgré moi. Pour rappel, une aire de jeux, bien qu’elle soit « sécurisée » en théorie, demande une vigilance effective, quelque soit l’âge de l’enfant qu’on y accompagne. C’est le mauvais moment pour lire un bon bouquin, par exemple. Mon propos est loin de vouloir juger, je constate seulement des extrêmes. Je rencontre aussi des adultes bienveillants, disponibles.

La motricité libre, pour faire court, c’est de permettre à l’enfant d’évoluer sans contraintes extérieures, sans interventions intempestives. C’est le laisser libre de ses mouvements afin qu’il soit autonome. Un enfant n’a besoin de presque RIEN pour se tourner du dos au ventre, pour s’asseoir, pour se lever, pour marcher, pour courir, pour grimper, etc. Il a juste besoin de notre approbation et de notre regard bienveillant.

Voici, en image, un moment de grande confiance vis à vis de mon fils de 34 mois :

  • Avant de le laisser faire ça, j’ai accompagné son geste d’innombrables fois, par la voix et par une sécurité en retrait, c’est à dire sans le toucher, sinon comment aurait-il pu sentir ses mouvements ?
fierté de faire seul
  • Mode d’emploi pour monter et descendre d’une structure. Avant qu’il puisse le faire seul, je ne l’ai jamais installé dessus. Quand j’expliquais ça à des stagiaires, elles me trouvaient dure. Je leur répondais qu’un enfant peut aller sur une structure seulement s’il en est capable. Sinon il dépend de l’adulte et ce n’est plus un jeu, ça devient une corvée de le porter, l’installer, le désinstaller ici et là et partout où il veut. Le dos des professionnels est déjà mis à rude épreuve, inutile d’en rajouter (pareil pour les parents). Il y a suffisamment de jeux pour qu’un enfant s’amuse. Selon l’âge, l’enfant peut avoir besoin d’une légère impulsion, c’est à l’adulte de juger si son intervention est judicieuse ou non. Le principe c’est que l’enfant puisse redescendre seul, tout comme il est monté. Contrairement au chat, l’enfant a les moyens de redescendre comme il est monté, à reculons le plus souvent, pour éviter naturellement une sensation de vertige, cela dépend des enfants.

  

L’enfant apprend en jouant. Il appréhende les mouvements de tout son corps. S’il est contraint, aidé, ou pire si un adulte fait à sa place, il n’apprendra rien.

Mettre un enfant assis, le caler, c’est le coincer dans une position qu’il parviendra laborieusement (ça prendra beaucoup de temps) à changer. Un adulte peut expérimenter de se mettre assis les jambes légèrement écartées : est-ce que c’est simple de bouger assis ainsi ? Et de changer de position quand on n’a jamais expérimenté ?

  • Exemple d’une intervention de son père, il lui a dit « non, tout seul ! » car il était en sécurité et savait déjà monter dessus.

« non, tout seul ! »

Ce qui est le plus frappant pour moi dans tous ces lieux c’est quand l’enfant chute. Aussitôt l’adulte se précipite. Certes, c’est une réaction qui a du sens, mais qu’il relève immédiatement l’enfant avant même que celui-ci ait émis le moindre son avec un « c’est pas grave ! », là c’est moins sensé. Les stagiaires m’ont encore trouvée dure sur ce point-là : « mais s’il s’est fait mal ?! ». Justement, dans tous les cas, pour éviter de blesser encore plus un individu qui a chuté, c’est mieux de le laisser en place. C’est ce qui est préconisé par les secouristes.  J’agis de la même manière en tant que mère et professionnelle, je demande à l’enfant qui est à terre, comment il se sent. S’il répond, il est conscient, s’il se relève c’est que ça va et je vérifie avec lui que tout est en état de marche. S’il pleure, je lui demande s’il a mal, si oui, où il a mal. Je l’aide à se relever seulement s’il a des difficultés à le faire seul et évidemment, si besoin il aura un soin. S’il a eu peur, il a besoin d’être rassuré. S’il reste à terre, je lui demande s’il peut bouger et selon la réponse, j’avise. Vraiment, intervenir systématiquement c’est laisser croire qu’à chaque chute, miraculeusement il se relèvera. Or c’est mieux pour lui qu’il sache se relever seul, qu’il apprenne ainsi à évaluer sa chute et appeler à l’aide s’il en ressent le besoin. Un enfant a besoin de ressentir les choses pour les intégrer.

La liberté c’est aussi de faire des expériences, en tous genres et l’enfant est expert pour cela :

Monter par la pente, c’est du sport !

Pour conclure en images car c’est plus percutant :