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Lecture 3. Comment embobiner votre enfant

"Ce sont malheureusement les 
choses les plus simples:
se laver, s’habiller,
manger, se coucher ou 
aller chez le médecin, 
qui provoquent les crises 
les plus courantes. 
Aux accès d’autorité 
ou aux crises de nerfs,
les deux auteurs proposent
l’alternative de transformer
le conflit en jeu, en ruse,
en secret ou en complicité,
afin d’obtenir plus ou moins
le résultat escompté dans 
un délai décent et sans aller 
jusqu’à la fessée… avec, 
pour l’enfant, la satisfaction 
d’obéir sans avoir l’air de céder !
Il n’est pas impossible même
que tous les protagonistes 
passent un bon moment à 
transformer le bain, le 
dîner ou le brossage des 
dents en moment de franche
rigolade !"

Après le continuum, j’avais besoin d’une lecture plus légère. Avec les 15 jours de vacances, j’ai moins lu.

J’ai retrouvé un livre acheté il y a des années, jamais lu. Je me souviens en avoir discuté avec Jérémy, EJE, sur Facebook. Il trouvait le titre peu engageant. C’est exactement le genre de titre qui attire mon attention comme « Sein ou biberon, choisis ton camp ! » Ça m’interpelle. Ça me donne envie d’y jeter un œil.

J’admets que la définition d’embobiner est peu flatteuse « (Figuré) (Populaire) Entortiller quelqu’un par des cajoleries ou des raisonnements captieux ; tromper. » C’est la traduction de « how to con your kid » to con=duper.

Les enfants méritent mieux que d’être trompés ou dupés.

J’ai été EJE aux 6/7 ans de mon fils aîné. Je n’ai jamais ressenti le besoin de l’embobiner. D’un tempérament proche du mien : calme en surface, introverti mais pouvant être sociable, compréhensif et patient en apparence, nous cohabitons avec aisance.

Pour le Cadet, c’est une autre paire de manches. De caractère opposé. J’ai l’impression d’avoir engendré un extra-terrestre…Déterminé, moteur,  jovial, bruyant, bon vivant. Il a choisi la colère comme moyen de communication extrême et s’en sert trop souvent à mon goût. Du coup, j’ai appris à ruser malgré moi. J’avoue , j’avais un peu pratiqué sur le terrain… en dernier recours avec des tempéraments… explosifs. Le but c’est d’éviter l’explosion, on est d’accord ? De l’enfant et accessoirement du parent. Pour cela, il s’agit d’apprendre à déminer, donc à identifier les déclencheurs, à les anticiper et enfin à les étouffer dans l’œuf. Je parle des explosions inutiles, celles pour un oui ou un non. Je pense qu’il y a des colères utiles, celles pour exprimer une émotion. Quand un enfant explose à chaque contrariété, c’est extrêmement fatigant pour l’enfant autant que pour l’adulte.

De prime abord, je me suis dit que les deux auteurs étaient un peu tarés, fadas à côté de la plaque. En fait, ils sont américains, culturellement largement plus détendus que les français. Ils adorent les félicitations « good boy/girl ; good job ! » alors que l’excès de félicitations a aussi son coté obscur. Je constate, aujourd’hui, que de nombreux adultes exigeraient presque une médaille à chaque passage du balai, linge étendu et autres exploits accomplis surtout pour les tâches ménagères !!! [Aparté : vivre en famille, c’est être partenaires les uns des autres et non des assistants qui mériteraient une prime pour leurs bons et loyaux services.]

Reste qu’obéir me semble  complètement inapproprié concernant le quotidien avec des enfants. Je galère moi-même avec l’éducation que j’ai reçue et qui m’a façonnée. Bien sûr, obtempérer et obéir illico presto en font partie. J’ai bien du mal à m’en dépêtrer. Pourtant je suis convaincue qu’un enfant n’a pas à obéir. Il participe. Il est sur Terre pour vivre et c’est l’adulte qui lui explique les règles du jeu pour rester en vie dans le respect des autres et de son environnement… Ah pardon, je confonds avec la vie au pays des Bisounours !

J’ai donc été agréablement surprise par la bienveillance, très présente, malgré le ton parfois décalé et l’utilisation d’un vocabulaire négatif : obéir (participer), idiot (farfelu), ruser (détourner l’attention) . Je suppose que c’est de l’humour parce que ça m’a, parfois, fait rire mais je ne suis pas une référence en la matière. A la lecture de ce livre, j’ai trouvé des astuces vraiment bien pensées et que je mettrais en pratique, tels que les espaces de coopération, les espaces neutres, la musique pour les tâches ménagères etc. D’autres sont du pur bon sens et gagneraient à être plus répandues comme cesser de forcer au bisou pour les bonjour et au revoir, apprendre à respirer pour se détendre etc. Quelques astuces me paraissent un peu tirées par les cheveux, comme gronder et punir « le meuble qui a fait mal ». J’ai quand même des réticences à mentir à mon enfant. Son imaginaire est suffisamment riche, inutile d’en rajouter une couche. Donc, non la crème solaire ne lui donnera aucun pouvoir magique !

Autre astuce positive : compter se fait sur le ton de la compétition envers soi-même (battre son propre record). Rien de menaçant à effectuer une fois que le parent a fini de compter jusqu’à 3 ou 10, par exemple. Les auteurs mettent un point d’honneur à ce que cela montre une notion du temps qui passe, sans punition à la clé.

Les thèmes qui m’intéressaient le plus se trouvent à la fin du livre. Disciplinée en lecture, je l’ai lu dans l’ordre. Arrivée au chapitre  des fameux repas et coucher, j’ai souvent écarquillé les yeux !

En intro, je cite « quand il est question de nourriture, les enfants sont fourbes« . Hum hum ! Selon la définition, c’est une performance très adulte, il me semble. Je comprends mal comment l’appétit, qui est, tout de même, absolument subjectif, pourrait rendre un enfant « sournois, vicieux, qui fait les choses dans le dos, qui arrive à ses fins par la tromperie ».

Plus loin : « c’est une mauvaise idée de manger devant la télé mais écouter de la musique pendant le repas convient tout à fait. Laissez votre enfant choisir ce qu’il a envie d’écouter. » Sur le principe, c’est assez évident mais concernant Cadet, si je lui demande son avis, nous écouterions AC/DC en permanence, donc non merci.

Je me rends compte que je mets en pratique plusieurs de leurs suggestions, comme faire participer son enfant à la préparation du repas. Hélas, ça ne change quasiment rien à la sélection alimentaire de Cadet. Il y a d’autres propositions qui m’ont bien fait rire, tellement j’imagine mal mon fils « se faire avoir » ainsi ! Par exemple, que je nomme les brocolis « bébés arbres », non seulement ça pourrait l’étonner, car ni les arbres ni les bébés ne se mangent, mais en plus, le goût restera le même, hein ! Au milieu de tous ces conseils farfelus, celui d’utiliser une marionnette me semble judicieux ; une sorte de médiation. J’ai aussi remarqué que des enfants changent complètement leur comportement quand une marionnette s’adresse à eux. Pour quelles raisons ? Mystère non élucidé. Par contre, proposer une cuillère du plat et une cuillère de glace/dessert, l’une après l’autre ou lire/raconter une histoire, ce sera sans moi. La conclusion du chapitre repas m’a rassurée « Ne faites pas du repas un combat. les enfants ne dépériront pas. » Au sujet du coucher, j’ai moins grincé des dents, c’est déjà plus sensé.

J’arrête ici de dévoiler le contenu du livre. C’est mieux de le lire. Je peux le prêter (j’ai gribouillé dedans, je le garde) si vous êtes dans le 06.