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Conférence de Jean Epstein. Intro

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Une conférence de Jean Epstein, depuis le temps que je souhaitais l’écouter.

Merci la FNEJE 06 qui devient PACA d’avoir permis cela ! Quelques mots sur la FNEJE qui mérite bien cet aparté. La fédération du 06 étant très active avec un nombre d’adhérents remarquable au niveau national et ayant la particularité d’accueillir aussi des puéricultrices, des auxiliaires de puériculture et des assistants maternels, s’est donc élargie au plan régional afin de récupérer le Var qui sommeillait quelque peu. C’est suffisamment rare pour être souligné. Jean Epstein a, par ailleurs, insisté sur le fait que les relations interprofessionnelles représentent l’AVENIR. Selon lui, il est indispensable de se mobiliser pour cet idéal car nos professions sont complémentaires. C’est terminé la lutte et les guéguerres corporatistes.

Une journée entière, ça promettait d’être intense, ce fut le cas. Bon, j’ai eu une frayeur quand dans l’explication du déroulé de la journée, la présidente de la FNEJE nous a informé d’un travail de groupe l’après-midi…je déteste ce genre de détail inattendu. Ni une ni deux, j’ai informé ma famille que je rentrerai plus tôt que prévu car j’étais bien décidée à ne surtout pas rester. Sauf que mon conjoint m’a répondue : « tttt, tu y restes et tu sors de ta zone de confort, non-mé-ho !! ». Arf, il avait raison, comme très souvent.

Le sujet était la transgression des interdits chez les enfants. Or, il y a eu pléthore de digressions. Mes notes ressemblent à un cafoutche. J’ai eu parfois du mal à suivre. Rester assise, dans une salle à l’insonorisation improbable et à la climatisation inexistante, ce fut complexe. Ecouter si longtemps sans bouger, pour moi c’est un calvaire. Jean Epstein nous a laissé prendre des pauses « anti-escarre » régulièrement. Il est humain cet homme. J’ai tout de même été souvent bousculée par ses propos. Il a évoqué au cours de la journée qu’il oubliait parfois de préciser si c’était de l’humour ou non. Il s’est rendu compte qu’il pouvait heurter. Vue mon incapacité à décoder tous les degrés d’humour- je suis très souvent terre à terre- j’ai du m’accrocher à ma chaise.

Je précise, et j’insiste là-dessus, qu’il s’agit de MA compréhension, toute personnelle, de ce que j’ai entendu, écouté quand j’étais attentive. Je restitue donc, ce que j’ai retenu de cette journée. Je tente de rester objective mais inévitablement, il s’agit de mon point de vue, dans le sens, de là où j’étais installée, avec ma personnalité et mon état, psychique, physique etc, du moment. Bref, inutile d’en faire une affaire personnelle. Merci.

C’est le discours du maire de la ville accueillante et de son adjointe à la petite enfance qui a fait suite à celui de la FNEJE. Même si je le pense régulièrement, je n’aurais jamais osé énoncer une telle généralité…car ils ont unanimement déclaré que selon eux l’école a, ni plus ni moins, démissionné. C’est un constat qui leur appartient, et dans leur commune c’est peut-être le cas, mais ça me semble rude pour les enseignants qui se démènent encore pour que l’école ait du sens. (Oui, ils existent.)

Jean Epstein a réagi à ces paroles et n’a pu que regretter de constater le même phénomène. Lui qui était fier de l’école maternelle française il y a 20 ans, en a plutôt honte aujourd’hui. Aucun pays, dans lesquels il voyage régulièrement, n’envie le système éducatif français, au contraire. Selon ses observations, notre école maternelle devient trop pré-élémentaire. L’enfant y est devenu un objet de dépassement, en plus de la pression des familles qui souhaitent que leur enfant soit le meilleur. C’est un vrai sabotage dû à une peur du retard. L’enfant DOIT être performant. Et dans un contexte de maladie contagieuse que Jean Epstein appelle « la peur de perdre l’amour de son enfant », le parent n’ose plus dire non et cela mène à un autre constat assez effrayant, le nombre grandissant d’enfants, dits « rois », sans limites, sans interdits…et nous voilà au cœur du sujet. Jean Epstein insiste avant de continuer :

L’enfant DOIT être performant parce qu’il DOIT :

  • être propre pour aller à l’école maternelle. (physiologiquement, après avoir porté des couches depuis la naissance, l’enfant est intéressé par cette question entre 2 et 6 ans, or il lui est parfois demandé de « performer » dès 18 mois).
  • éviter de faire la sieste, c’est une perte de temps surtout en grande section. Eviter de déranger ceux qui dorment, alors qu’un espace pour les moins dormeurs devrait être envisagé.
  • produire : « qu’a t-il fait aujourd’hui ? comprenez « qu’a t-il produit ? montrez moi le résultat ». piège = faire pour faire.
  • entrer dans la case « normalité », sinon il ira à côté dans la poubelle  » en retard » ou même « en avance ».

@jout : notes retrouvées en désordre : Jean Epstein nous informe que seuls deux pays au monde (à vérifier) utilisent des carnets d’évaluation dès la petite enfance. Il s’agit de la France et du Japon.

L’enfant s’évalue envers lui-même. C’est contre-productif que ce soit fait les uns envers les autres. Le système d’évaluation en Acquis- Non Acquis- En cours d’Acquisition est un non-sens. Car l’acquis n’est même pas forcément acquis durablement dans le temps. Ce qui a été acquis, peut ne plus l’être, en fonction des intérêts de chacun. De plus, les êtres humains sont par définition inégaux car différents. Dans l’absolu, nous sommes incomparables. Il y a des calmes, des moins calmes, des énergiques etc.

tous-differents

Jean Epstein précise qu’il ne s’agit pas de critiques mais le constat d’un manque de moyens énorme pour accompagner l’enfant à se construire et à développer sa vie personnelle en dehors de sa famille. A la maternelle, l’enfant a surtout besoin de temps sociaux, par exemple prendre le temps de manger ensemble, de discuter, de se poser, d’attendre. De passer d’une attitude tonique à une attitude clonique avec des transitions cohérentes. Cela s’apprend de descendre le tonus musculaire et cela facilite la concentration.

Le constat actuel est inverse : les enfants sont en mode « zapping » et ne tiennent pas en place. Les parents sont désemparés, ne savent plus quand dire « oui » et quand dire « non ». Au Québec, dès 1995, un phénomène d’enfants hyperactifs est né, enfants pour la plupart drogués à la ritaline. Des études ont montré un rapport direct avec le mode alimentaire. Pas seulement avec le contenu de l’assiette mais avec la façon de manger : ensemble, assis, posé, calme et en conscience.

Pour éviter une indigestion de lecture, je m’efforce de faire court. C’était l’introduction. A bientôt pour la suite.