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Lettre aux doulamies

Est-ce un scoop si je pose ici, que le collectif m’écoeure ? Sûrement depuis ma naissance. Avec quasi aucun souvenir d’enfance, je pense que ce devait être la pire des émotions à vivre. Mon esprit a préféré l’envoyer aux oubliettes, en gardant les symptômes physiques.

Quand des souvenirs ont surgi lors de ma première grossesse, le dégout est arrivé à son paroxysme et m’a à peine quitté depuis. Des pièces du puzzle s’assemblent : je ne souris sur presqu’aucune photo. Je détestais l’école. Partir en colonie était un déchirement. Travailler en équipe est insatisfaisant. Prendre la parole est une douleur…Comment ne pas penser que j’ai un problème ?

L’espace crée par le collectif de la formation Envol et Matrescence est d’un inconfort aussi puissant que l’espoir et la joie que j’en retire. L’impression d’être enfin traitée pour cette nausée permanente qui ne m’avais jamais quittée. Parce qu’elle revient encore et encore. Elle se délogera avec le temps.

Quand j’ai visionné la dernière vidéo de Charlotte Hoefman, j’ai enfin entendu des mots sur le paradoxe que je ressens depuis le début de la formation : la magie du collectif ET EN MÊME TEMPS la douleur de la disparition (temporaire) du dégoût, qui prend tellement de place. Par quoi le remplacer, comment équilibrer ? Ce collectif est éprouvant. Pourtant la formation EJE m’avait déjà bien bouleversée, du côté éducatif. Je m’étais observée par le biais de mon ego, je pense.

Je croyais savoir, je voulais en sortir. La zone de confort est un concept qui m’interroge. Comment une souffrance H24 peut être confortable ? Elle ne l’est jamais. J’ai simplement décidé de vivre avec. Avec des périodes en mode automatique, pour ne plus rien ressentir.

Paradoxalement, notre espace doulesque est comme une grâce à chaque session. Nos expériences sont une sorte de reflet, de miroir de nos âmes. Je ne contrôle rien. J’en ressors de plus en plus vulnérable. Je parviens avec difficulté, à mettre des mots dessus. Quand je prends la parole, j’ai la sensation d’être à côté de moi, ou même cryptée comme si je passais sur canal+ sans le décodeur. Je ne me comprends pas et je ne sais plus ce que j’ai dit. Un trac perpétuel.

La différence est-elle dans ma façon d’embrasser cette expérience ? Le fais-je cette fois avec ma présence ? Ai-je enfin lâché un peu de mon ego ? J’ignore encore ce que je ne veux pas voir. Parfois je me dis que c’est un orgueil démesuré et que ce collègue EJE avait raison : c’est la « bonne excuse » à mon introversion et ma tendance au retrait.

Le processus se fait en pointillé. Trois jours par mois, c’est déjà trop fort. J’évite soigneusement de voir du monde en dehors de ces sessions de regroupement. Je ressens tout ça, comme un dernier bastion de protection trop bien gardé. Un genre d’ultime bataille pour être enfin qui je suis. Mais qu’est-ce que ça résiste !!! C’est éreintant.

Merci les doulamies pour cette opportunité dans l’expérience humaine. Etre ensemble permet de ressentir cette belle complémentarité et cette UNITÉ que j’ai rarement touché du doigt. Il y a toujours de la lumière au bout du tunnel 😉

Gratitude <3

C’est peu clair à la relecture mais c’est ce que j’ai sur le coeur. Rendre ça public fait partie du processus. Je me cache ici. C’est peut-être ça ma zone de confort.

La chanson qui va avec