Lecture 6. Écoutez-moi grandir, Sophie Marinopoulos

  

Livre encensé par les pros de la petite enfance :

« On devrait le distribuer aux
parents dans les maternités, 
l’offrir aux jeunes diplômés 
des métiers de la Petite Enfance 
et le remettre aux nouvelles 
assistantes maternelles en même
temps que leur agrément. 
Ce livre est de santé publique ! 
(…)
On sourit beaucoup, on rit 
parfois, on opine, 
et surtout on réfléchit ! 
Ce petit ouvrage devrait trouver
sa place dans la bibliothèque 
de tous les pros ! Car son 
auteur a raison : « Ce livre, 
c’est de la prévention. Il parle
de santé psychique et 
d’éducation ». Ce qui est tout 
aussi important et essentiel 
que la santé physique, nous le
savons tous désormais. »

Mon avis est mitigé. Ce livre ne m’a rien appris, ni rien permis de mieux comprendre. J’ai apprécié le lire car le style est fluide et agréable. Jusqu’à la page 32, c’est un joli voyage dans le monde intra-utérin et les premiers moments de vie d’un petit d’homme. Dès la page 33, j’ai eu des difficultés à le lire, par manque d’attention et d’intérêt (l’intérêt est mon moteur, comme nombre d’entre nous)

En tant que mère, je le trouve léger et simpliste. En tant que pro, même s’il pose des bases, il reste succinct. En prime, il contient quelques jugements, à peine dissimulés parce que très bien emballés. Certaines idées amenées par Elisabeth, de la part de Mme Marinopoulos, me sont légèrement écœurantes, tout de même, surtout dans la « pensée » d’un nourrisson. Ça se veut « ouvert » mais je l’ai ressenti « fermé ».

A sa lecture, j’ai souvent tiqué. Bébé Elisabeth omet de préciser que chaque enfant va à son rythme puisque chacun est différent. Si nous naissions tous identiques en matière de tempérament, de caractère, de vécu in-utéro et de contexte de naissance, alors oui ce qu’elle dit pourrait s’appliquer à d’autres bébés, qu’elle appelle ses « collègues »…or c’est loin d’être le cas. J’aurai préféré que ce soit précisé, car je l’ai compris comme une généralité.

Au sujet du sommeil, j’ai rencontré des bébés [en fait, un seul en vrai. Je ne compte pas les bébés déjà résignés par un dressage à la « Ferber » ; à mon tour d’être subjective !! et un fictif : « Thomas n’a peur de rien »] qui aimaient dormir seuls, dans leur espace. Cela dit, c’est une minorité. Le contraire est plus largement répandu. Après avoir passé 9 mois « collé-serré » comme le dit bébé Elisabeth, être seul c’est compliqué.

Qu’elle décrète que peu importe le lait qu’elle boit, l’important c’est d’être nourrie. Évidemment nous sommes tous d’accord…le choix (parce qu’il existe) reste celui de la mère (en accord ou non avec le père) d’allaiter au sein ou au biberon. Je doute que ce soit judicieux de l’avoir ainsi exprimé. C’est très subjectif. Elisabeth aime les deux, le sein et le biberon (aucune précision sur ce qu’il y a dans le biberon). Pour le risque de confusion sein-tétine, c’est dommage. Si un sevrage est prévu, c’est déjà plus logique .

C’est un écueil de ce livre, il est sujet à interprétation.

Concernant les pleurs, pour un nourrisson, attendre est difficile, c’est observable chez la majorité des bébés. Elisabeth dit que ça lui arrive de pleurer pour pleurer, pour rien…enfin si j’ai bien compris. C’est une championne dans plusieurs catégories car elle aime être seule « pour un laps de temps raisonnable » dès ses premiers jours de vie…elle aime attendre, elle aime tous les laits (?) et elle accepte le biberon sans sourciller.

Le plus gênant (pour moi) sont les comparaisons de son « autonomie » avec celle de ses « collègues » et notamment de sa cousine. A côté, elle le dit « je suis un génie ». La cause du « retard » des autres est identifiée de manière trop ciblée comme étant un refus des adultes de les laisser grandir. Je constate qu’on pourrait penser, une fois de plus, que c’est la faute à… la mère !

Finalement, Elisabeth vit dans une famille presque idéale, comme il en existe peu, voire pas du tout : sa croissance est parfaite (sauf au début, elle prend peu de poids (encore cette obsession du poids ; alors qu’un nourrisson nourri au sein a une croissance différente d’un nourrisson nourri au lait en poudre). Ses parents ont quelques désaccords mais comprennent vite et rectifient parfaitement le tir. Ou alors s’agit-il d’une belle vitrine qui cache les coulisses de l’arrière-boutique ?

Faire parler un bébé, c’est original et touchant. Cela comporte le risque de penser que tout ce qui est relaté par ce charmant bébé concerne tous les bébés, toutes les mères, tous les pères etc.

Comme tout ce qui se dit au sujet de pratiques dites de « maternage », des propos peuvent être mal interprétés. Mes yeux d’EJE se sont écarquillés plusieurs fois pour retrouver leur taille normale quelques lignes ou pages plus loin…trop loin pour éviter les confusions, si j’avais été une jeune mère.

Préciser et même répéter que les ressentis d’Elisabeth n’appartiennent qu’à elle, m’aurait un peu plus rassurée quant à l’impact que peut avoir ce livre sur de jeunes parents déboussolés.

Le message à retenir demeure important en direction des adultes :

les parents savent, ils peuvent se faire confiance et surtout,

la croissance psychologique des bébés est tout aussi importante, sinon plus, que la physiologique.

Je suis bien contente de l’avoir emprunté dans une bibliothèque. Son court format m’a permis de le lire deux fois avant de le rendre, pour être sûre de mon avis. Il est resté incertain et le malaise ressenti à la première lecture n’a pas été dissipé à la seconde. Je suis loin de partager l’encensement de mes collègues du site « les professionnels de la petite enfance ». D’ailleurs j’ai du mal à le comprendre. Je m’en passerai facilement dans ma « carrière » et ma bibliothèque. Je suis allée lire d’autres avis et d’autres ont été déçus, comme moi.

Si vous l’avez lu, je serai curieuse de savoir ce que vous en avez pensé.

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