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Au pays des bisounours

Il fallait que j’écrive ce que j’ai sur le cœur depuis un bon moment. C’est donc un blabla subjectif. Un ressenti personnel, en vrac.

Au pays des bisounours…

Cette « expression » je l’ai entendue à toutes les sauces. Souvent, à chaque fois que j’ai donné un point de vue différent d’une majorité ou qualifié de « farfelu » ; à chaque fois que j’ai réagi d’une manière jugée inappropriée, par des gens.

Tout d’abord, les bisounours me déplaisent,  du générique, aux couleurs, en passant par leurs noms…ils s’appellent tous GrosTruc, GrosMachin… Encore une traduction française à des lieues du sens original !! Et surtout je n’ai jamais pu regarder un épisode en entier, parce que des oursons colorés parlent et règlent tout « à coup de bisous » (entre autres). J’ai longtemps longtemps longtemps, détesté les bisous. Comme je n’en sais pas plus, je ne peux rien en dire d’autre.

Je préférais Candy, donc à la limite, que j’entende que je vis « au pays de Candy », pourquoi pas ? Surtout que « Comme dans tous les pays, on s’amuse, on pleure on rit. Il y a des méchants et des gentils ».

Bref. Pourquoi entends-je, si souvent, cette parole et la lis sur les réseaux sociaux quand je partage des informations réalistes, vérifiables, quantifiables, scientifiques, cliniques…? Quel est le rapport ?

J’ai trouvé cette explication sur le net :

« Le terme est passé dans le langage courant pour désigner un individu aux idées exagérément naïves ou candides. De même, l’expression « pays des bisounours », utilisée de manière négative, désigne toute situation caractérisée par une exagération de bons sentiments (exemple d’emploi : « on n’est pas au pays des bisounours ! »).

En politique, bisounours s’emploie surtout dans la forme négative. « Ce n’est pas les bisounours » signifie « c’est tout de même sérieux » ou « cela ne relève pas du monde merveilleux de l’enfance où tout est gratuit ».

L’enfance serait comme le pays des bisounours ??!! Humpf, certes, enfin ça se discute. Le monde de la petite enfance le serait aussi…oh bah punaise, ceux qui disent ça, le côtoient seulement 5 mn par jour…

Pour preuve, le quotidien- version humoristique -d’une EJE dont je partage la plupart des gif hilarants. Allez voir, ça vaut  vraiment le détour Je Gif ma vie d’EJE

« … Parce que travailler avec des enfants c’est pas le monde des bisounours mais quand même on rigole bien. »

Souvent elle a réussi à me réconcilier avec mon métier ! Merci Coralie.

Au pays des bisounours…

Il s’agit d’une parole prononcée par des collègues ! C’est ça le pire ! Pourtant, nous travaillons dans le même milieu, nous voguons sur la même galère. Quelle serait la différence ? Je verrai le verre à moitié plein alors qu’ils le voient à moitié vide ou inversement ? Mon état d’esprit serait désespérément positif, naïf, ouvert à tous les impossibles ?!

On me sert aussi des « c’est comme ça, on n’y peut rien »…Je devrai faire une liste des phrases de résignation que j’entends depuis que je travaille. C’est sûr, sans détermination et sans volonté de changement, tout reste tel quel.

En ce moment, j’ai du mal à entendre tout ça. Je souffre d’un sentiment d’impuissance aiguë. ça me rend malade. Tout mon corps s’exprime. C’est moche à voir et c’est ma famille qui trinque. J’arrive encore parfois à faire bonne figure en société . Pour ceux qui me méconnaissent, je suis tout au plus timide, hautaine, distante, désengagée, à l’ouest et même glaciale comme la reine des neiges… Alors que je bous de l’intérieur, sur le point d’entrer en éruption comme Teka (oui je regarde beaucoup de films d’animation des studios Disney.

J’ai toujours senti que Walt and co véhiculait des messages à nos consciences). Pour éviter de me consumer encore plus de l’intérieur (burn-out), j’ai décidé d’aller voir ailleurs si j’y suis. J’ai dans l’idée de m’intéresser à autre chose, à me diriger vers plus d’utopie, à  élargir mon horizon.

Source-murmurefunambule.fr_

Même si je pense avoir fait ma part, dans le secteur de la petite enfance, j’y vois peu de résultats, ou alors je suis trop impatiente ou bien trop idéaliste. Une chose est sûre, mon profil ne convient pas ou plus. Voilà pour quelle raison « le pays des bisounours » résonne dans mes oreilles. Ma motivation tient mal le choc. La souffrance des enfants me fait trop souffrir. Quand j’évoque la souffrance, il s’agit du système d’accueil français que je trouve désastreux, par rapport aux besoins de l’enfant et son développement. Du côté obscur des EAJE, il y a le budget, les taux d’occupation, le remplissage, des chiffres, des quotas, une rentabilité… C’est une triste réalité.

Je dis, non merci. Je tourne la page. Parce que je constate que c’est aux antipodes du sacro-saint Bien-Etre de l’enfant dont on nous rabat les oreilles sans moyens d’y parvenir…et que dire du bien-être du professionnel ?! L’absentéisme est un vrai fléau… Mon incapacité à agir dans ce milieu touche à sa fin. Je laisse la place à quelqu’un qui a ces compétences et cette niaque, celle de motiver les troupes, de faire tourner la boutique sur ce modèle économique.

Je rêve d’un monde meilleur. Rêver est insuffisant, j’en suis consciente. Je constate cependant de nombreuses alternatives réalisables et pérennes. Je me renseigne, je réfléchis. Je continue à écrire car j’ai encore des choses à partager. Ce site reste ouvert, il évoluera en fonction de mon cheminement. Mon petit doigt me dit que la Petite Enfance a encore une place dans ma tête.

Je pressens ceux qui pensent que je quitte le navire, qu’abandonner c’est facile, lâche…Je vous invite dans mon corps  et au pays de Candy… ensuite discutons-en de vive voix autour d’un rooïbos.

Au pays des bisounours ? Parce que je veux faire autrement, pacifiquement, avec douceur, avec empathie, avec la Nature…? Alors oui, je vis au pays des bisounours si ça vous chante.

Qui veut la peau des bisounours?