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Je dis souvent oui au lieu de dire non

A l’instar de « la parfaite maman cinglante » et d’un de ses écrits, le dernier en date « je suis cette maman qui dit non », j’ai voulu réfléchir plus posément sur la découverte récente du mon Laxisme…Enfin assumé (merci Laurence Dudek). Évidemment, je précise que je suis parfaitement imparfaite : en tant que mère et éducatrice de jeunes enfants. Mes fils sont grands et plutôt heureux et épanouis donc je ferai référence aux jeunes enfants pour lesquels je travaille. C’est différent puisque le lien affectif est tout autre, bien qu’il existe inévitablement. Je reprendrai quelques uns des non de L.Rousseau, car ils ne sont pas tous transposables à la crèche. J’ai dit oui (à mon cadet) à presque tous les non évoqués.

Ludivine Rousseau est inspirante. J’aime lire ses articles (malgré les pubs). C’est peut-être un manque d’originalité de partir de son postulat, mais pourquoi pas ?

Le voici :

« Cette éducation qui lui permet d’apprendre qu’on ne fait pas ce qu’on veut tout le temps et qu’on n’a pas toujours ce qu’on souhaite ».

Je suis certaine que l’on peut faire tout ce que l’on veut tout le temps et que l’on peut toujours avoir ce que l’on souhaite ». Même les enfants.
La détermination de mon cadet me le prouve quotidiennement. La limite étant la Loi.

Merci les zamis de face de bouc

Étant adepte du Laxisme (je lui mets une majuscule parce qu’il a le vent en poupe dans la sempiternelle gueguerre des éducations «c.la.mienne.la.meilleure »), je dis forcément OUI à tout.

Démonstration :

Je suis cette EJE qui dit oui quasiment tout le temps, sauf quand j’en ai ras la casquette. Tout est une question de patience, pour ma part. Chaque jour est différent.

Quand un jeune enfant veut que je le « fasse manger » je dis oui… Bien qu’il sache déjà manger seul. Parce que je n’ai aucune raison de dire non quand j’ai le temps de lui accorder ce temps privilégié. Je considère que s’il demande c’est qu’il en a besoin.

Je dis oui quand un jeune enfant change d’avis : finalement il veut sa tétine et son doudou pour dormir. Finalement il veut la couverture et en fait il ne la veut plus. Il ne sait plus, il est fatigué. Il lutte pour dormir parce qu’il craint la séparation. Il finit par dormir, avec ou sans la couverture. Après avoir jeté sa tétine et/ou son doudou. Qu’est-ce que ça peut faire ?

J’observe quand un jeune enfant veut faire la même expérience (appelée « bêtise » par le commun des mortels) qu’un autre qui vient de tomber et de pleurer. Et l’imitateur n’est ni tombé ni n’a pleuré. L’expérience était la sienne. Elle l’aurait été aussi si elle avait été la même. L’enfant en tire ses propres conclusions. Il recommence ou pas, tant qu’il en a besoin. Je dis oui quand c’est sans danger vital.

Je dis oui pour garder ou enlever les chaussures, les manteaux, par tous les temps. L’enfant est le mieux placé pour savoir ce qu’il ressent : le chaud et le froid. Dans notre société, les enfants sont extrêmement privilégiés. Peu d’entre eux se mettent dans l’inconfort. Par conformisme et pour éviter les plaintes, je rassure tout le monde : je remets inlassablement les chaussures et les manteaux ou je propose à l’enfant de retourner en intérieur. Mais je ne dis pas non.

La nuance est subtile et elle mérite d’être énoncée : je dis oui mais je ne fais pas toujours ce que je dis. Le fameux « fais ce que je dis, pas ce que je fais » des adultes touts- puissants MAIS à l’envers = je suis d’accord avec toi, mais le plus souvent je fais ce que veulent tes parents. Sinon je suis virée (ça je ne le dis pas. Je le lâche là, ça soulage). Le monde des adultes est tout de même souvent extrêmement chiant.

J’évite de dire non, parce qu’après ils le disent tout le temps, pour tout même quand ils voudraient dire oui.
Je préfère dire « et si tu faisais autrement ? ».

Quand j’ai eu la patience, je le faisais pour mes fils.

Et si tu regardais ce jouet dont tu as très envie et que tu l’ajoutes sur ta liste de cadeaux pour les anniversaires ?

Et si nous regardions un film ensemble, plutôt que plusieurs dessins animés ?

Et si tu faisais comme nous et que tu ôtais tes chaussures dans l’entrée de la maison ?

En conclusion, je trouve que la vie est suffisamment frustrante pour en rajouter des couches. Évidemment je le fais aussi, je suis une adulte avec un paquet de blessures, je projette et je perds parfois pieds. Pour autant, je fais l’effort de faire autrement, le plus possible. Histoire d’équilibrer la balance. Ça pèse trop dans l’adultisme. J’aimerai que ça devienne obsolète d’exiger de l’enfant qu’il obéisse juste parce que « c’est comme ça ».


La sacro-sainte Obéissance

Qui, que, quoi, dont, où ?

A laquelle, il s’agirait de se soumettre. Une sorte d’obédience aux lois de l’Absurdie. Amen amen. Est-ce une valeur ? Si oui, est-elle positive ? Notamment en 2021, pour bien planter le contexte. Est-ce qu’au plus profond de moi, je dois obéir ? A qui ? Pour quoi ? Au hasard : au tout-puissant dirigeant de mon pays ? Pour lui plaire, pour éviter les ennuis, par peur des représailles… ? Dans l’intérêt de qui ? L’intérêt collectif ? Mais en quel honneur ? Pas compris. Est-ce que ce serait vraiment l’anarchie si nous nous en tenions à notre propre pouvoir, sans le donner, en permanence, aux autres ?

Ma p’tite histoire

Pour le cadre de l’Education Nationale, j’ai été une « mauvaise élève ». Médiocre, dès le collège. A priori, sans le faire exprès, j’ai rapidement déplu aux autres, scolairement. Pourtant qu’est-ce que j’étais OBEISSANTE ! Non conforme mais SOUMISE. Devenue adulte, je suis loin de plaire à tout le monde, et tant mieux ! Qui a réussi cette performance ? Mère Teresa, peut-être…mais l’obéissance n’a rien à voir avec sa popularité.

Eduquée avec ce biais-là, j’ai moi-même mis en pratique l’adultisme, avec une volonté farouche d’obtenir la sacro-sainte Obéissance. Mes enfants en ont donc fait les frais. Mea culpa. La faute aussi à ces relents tenaces de société patriarcale, dont il est difficile de se débarrasser. J’évoque l’adultisme car il incarne à la perfection l’Autorité parentale et la toute-puissance des adultes. Qui exige l’obéissance ? Les adultes exclusivement.

J’ai désobéi

Je me suis rendue à Paris quelques jours, sans trouver d’alternative au pa$$e-partout. J’ai demandé à mon médecin traitant de superviser un auto-test. Donc, je suis partie avec mon papier prouvant ma SAINteté. Il m’a surtout servi à rendre visite à ma grand-mère qui survit dans un mouroir. D’ailleurs, va falloir qu’on m’explique : comment un papier empêche le virus de circuler ? Qui plus est dans un lieu où, à priori, tout le monde est protégé par la vaccination. Des membres de ma famille sont vaccinés. Ils ne se font plus tester et donc ne savent même pas s’ils sont malades. (Si j’ai bien compris, deux injections ne protègent pas suffisamment des variants de l’alphabet grec). Ils continuent pourtant de se rendre dans des lieux dits « à risque ».

Pour mon retour, aucune pharmacie n’a accepté de superviser mon test. Je l’ai donc fait seule. J’ai pris le train sans le précieux sésame, sans le fumeux QR code. J’étais prête à défendre ma cause, parce que rien n’est fait pour faciliter l’obtention de ce truc. C’est ouvert uniquement aux horaires de travail (même le samedi. Le dimanche, le virus ne circule pas) et il y a de l’attente…Si vraiment la pandémie était aussi grave, je n’aurai pas galéré à faire valider mon état de SAINteté santé (que je sois vaccinée ou pas).

6h30. Tout est fermé…

À mon arrivée, un jeune en blouse bleue m’a demandée mon passe. Je lui ai dis NON. D’une part, parce qu’il n’a aucun droit de me le demander dans l’enceinte de la gare qui n’y est pas soumise. D’autre part quelle est sa fonction ? Est-il assermenté pour exiger de moi quelque chose de confidentiel ? Non. Donc non. C’est tout simple. Désolée pour lui qui a sûrement trouvé ce job à la con pour avoir un peu d’argent. Evidemment, il m’a laissée tranquille. Je le voyais mal appeler la police. Elle a quand même des affaires plus urgentes à traiter. C’est une toute petite illustration d’une de mes désobéissances au quotidien.

Adulte VS enfant

Je suis adulte, je me le permets. Un enfant est souvent à la merci du monde des adultes touts-puissants. Aucun adulte ne supporterait la pression permanente endurée par les enfants. Il suffit de se mettre quelques instants dans leurs chaussures.

Hier mon fils m’a montrée la manière dont était évalué son comportement durant la journée, avec un code couleur…et sur des critères spécifiques. Celui qui m’a le plus choquée c’est : « je me suis levé ». L’être humain est une espèce en mouvement. Il a BESOIN de bouger. Son corps est vivant par définition. Un enfant encore plus. Pour moi, c’est une torture d’exiger d’un enfant qu’il arrête de bouger et pourtant je le fais. Je demande souvent à mon fils de cesser de gigoter. Il est incapable d’obéir à cette injonction donc tout ceux qui l’exigent, moi la première, perdent leur temps et leur énergie. Malheureusement il est le seul à payer, soit il est grondé, soit il a un code couleur qui montre du doigt qu’il a désobéi.

C’est un sujet sur lequel je peux être intarissable. Je m’en tiendrai là. Honnêtement, je n’ai jamais retiré de satisfaction à l’obéissance de mes enfants. Je me sens plutôt mal après qu’ils aient obtempéré. Je préfère privilégier leur coopération, de leur plein gré. C’est un travail de longue haleine de ne pas vouloir avoir le dessus sur plus jeune que soi. D’ailleurs ça ne fonctionne pas du tout à tous les coups et curieusement, je suis soulagée qu’ils s’opposent à ma volonté.

Au final, le code couleur de l’école, je l’associe à l’humeur des adultes. Clairement chez moi, c’est souvent l’humeur qui dirige certaines périodes du quotidien. Quand je suis atrabilaire, comme Émile… Tous aux abris !!! Mes enfants le savent et je redis qu’ils ne sont jamais responsables de mes humeurs. Ce serait plutôt à moi, de faire un tableau avec un code couleur pour prévenir de mes acrimonies.