Archives par mot-clé : pédophilie

L’enfant que j’ai été

…est l’adulte que je suis.

J’ai été abusée et je n’en suis pas morte. La vie à côté de mon propre corps est une forme de vie. Corps sali, inexistant ou encombrant. Toujours en vie.

L’abuseur, lui, il est mort. Trop tôt, mais suffisamment longtemps après ses actes pour que je m’en souvienne de son vivant. J’ai toujours cru qu’il payait jour après jour pour ce qu’il m’avait fait. De mon point de vue, sa vie était pourrie, sans joie ni dignité. C’est aussi pour ça que je n’ai rien dit et parce que je voyais mon avenir tout tracé : gamine menteuse qui l’a sûrement cherché. A 9 ans… Je connaissais suffisamment ma famille pour savoir que ça l’aurait détruite. Elle s’est disloquée sans cette part obscure, alors je n’imagine même pas avec !

J’ai oublié donc je me suis tue et hélas tant d’année plus tard, je pense toujours que c’est mieux comme ça. Égoïstement. J’ai évité soigneusement de penser qu’il pouvait y avoir d’autres victimes. A 9 ans, qui pense à ça ?

Personne n’a rien dit. Soit les autres ont fait comme moi, soit j’ai été la seule. Personne ne le saura jamais. Il est mort avec son secret de pervers. Et nous sommes tous bâillonnés par la loi du silence. Si quelqu’un.e d’autre avait parlé, j’aurai parlé. Seule, c’était sa parole contre la mienne. La parole d’une femme vaut à peine, alors celle d’une enfant !

Quasiment personne ne le sait encore aujourd’hui. A quoi ça sert de salir ce qui est déjà dégueulasse ?

Pourquoi j’écris aujourd’hui ? Parce que le silence est assourdissant. C’est douloureux. Écrire est une thérapie. Et personne n’en souffrira. Il y a prescription.

Je me suis construite avec cette plaie. Ça ne m’a pas du tout rendue plus forte, ni courageuse, ni féministe. Cette plaie est devenue une cicatrice invisible. Le « si j’avais parlé » est une vie parallèle.

Quand j’écoute Charlotte Lewis, je n’ai aucun regret.

Est-ce l’emprise d’un pédophile décédé ? De la pitié pour sa famille ? Non. C’est la réalité d’un pays qui protège les pédocriminels. C’est la société dans laquelle nous vivons. Je me suis inconsciemment protégée d’encore pire que ce qu’il m’a fait subir. J’ai nommé : les Foudres de l’Injustice. Ça m’aurait brisée une seconde fois, plus bas que terre.

C’est belle et bien « la Honte ».

Je ne balance pas. J’ai trouvé ce mouvement anxiogène, à des années lumière de la haine que j’ai inévitablement ressentie après que le déni se soit fait la malle en ricanant. Je vomis juste la violence sous toutes ses formes.

La liste des praticiens et praticiennes qui m’ont accompagnée pour réintégrer mon corps est longue comme la muraille de Chine…et c’est loin d’être fini. Ce n’est jamais fini, même quand c’est enterré et pardonné. Jamais oublié. L’âme est en morceaux. La vie est une quête pour les retrouver et les rassembler.

Si un jour quelqu’un.e invente le moyen de distinguer À VIE la femme que je suis, de la victime que j’ai été, je lui décernerai le César de la meilleure thérapie de résilience du règne humain. A vos marques…

Je pense aussi…17 mars 2020

@jout : un blabla précédent sur le sujet concernant les enfants.

Aparté : je tire mon chapeau à Florence Foresti pour son animation fracassante d’une cérémonie de vieux croûtons endurcis avec une majeure partie de public qu’il faudrait pincer pour qu’il réagisse (rire était difficile). Oui, c’était courageux, oui c’était le lieu et oui c’était le moment. Heureusement qu’elle a été rémunérée pour ça. Enfin quoi, qui travaille gratuitement ? C’est une humoriste, hein. A la 46ème, que l’académie choisisse une intelligence artificielle pour faire le job. Source : j’ai vu des extraits sur YouTube : discours d’ouverture.

trouvée sur Instagram

Comment informer et protéger l’enfant du harcèlement, de la « pédophilie… » ?

Réédition du 16/03/13/Blogspot/retravaillé le 18/10/17

Ce sujet me questionne depuis longtemps mais mettre en mot ce que j’en pense est une autre affaire. Je prends le risque.

Une dépêche d’actualité toute récente (aujourd’hui) vient de me piquer au vif ! « La pédophilie doit être traitée comme une « maladie » non comme un crime, selon un cardinal ».

Pour des sujets plus qu’épineux comme celui-ci, j’ai tendance à avoir un avis nuancé. Je fonctionne un peu plus en mode thèse, antithèse et synthèse. C’est loin d’être évident, avec du recul, de saisir un plan dans mon « blabla », vous m’en voyez désolée.  Mes idées restent désorganisées, finalement.

L’avis de ce cardinal est de prime abord vraiment choquant. C’est que la « pédophilie » c’est un sujet corrosif (dans tous les sens du terme).

Je partage la définition de Wikipedia et dans le fond le cardinal en question a raison, c’est bien une maladie psychiatrique mais ça devrait se nommer autrement car étymologiquement le terme n’a plus son sens initial. Si on veut faire une différence, la pédérastie s’apparente au crime car elle est envisagée de façon consciente et préméditée (parfois réciproque, ce qui complique la notion de délit) contrairement à la pédophilie. Je ne débattrai pas plus sur cette nouvelle qui m’a fait réagir, c’est trop prendre partie et ça ne m’intéresse pas. A la limite, je serai capable de dire le fond de ma pensée qui est : si le mariage existait chez les prêtres, peut-être y aurait-il moins de déviances…peut-être bien sûr, car il y a malheureusement des malades qui sont mariés, en couple…bref c’est un très délicat sujet.

La question reste la même quant à la protection des enfants et à la façon dont on peut leur en parler. C’est ce qui nous préoccupe en tant que parent et professionnel.

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Pour parler des violences, du harcèlement etc.

J’ai lu, un jour, un livre avec des moins de 3 ans en multiaccueil. Il m’a surprise et bousculée. D’habitude, je lis les livres seule avant d’en faire la lecture aux enfants. J’avais fait l’impasse, cette fois-là. J’ai gardé bonne figure parce que je savais que ma compréhension différait complètement de celle des enfants, mais intérieurement j’étais extrêmement mal à l’aise.

Je pense qu’il est important d’en parler en équipe, avec pour objectif une cohérence pédagogique. Les professionnels de la petite enfance envisagent ce sujet de manière différente et souvent subjective. Sans doute parce que c’est un sujet, souvent, oublié en formation. Les sujets de ce genre sont difficiles à appréhender car chacun a son opinion (l’avis personnel jugeant) et c’est presque toujours violent. Je peux comprendre cela. Pourtant, tous les malades, quels qu’ils soient m’inspirent, de l’empathie.

Le problème, à mon sens, c’est l’amalgame médiatique des situations complexes, un peu trop simplifiées et donc mal comprises car rendues confuses au grand public. La désinformation fait vraiment d’énormes dégâts et alimente la haine.

Depuis qu’il est petit, je répète inlassablement à mon fils que son corps lui appartient, que personne n’a le droit d’y toucher. Dès lors qu’il a su se laver seul, ce fut plus simple de lui expliquer que même moi je n’avais pas à insister sur les zones érogènes. Évidemment je lui ai expliqué avec des termes simples et à sa portée de compréhension. J’ai utilisé des mots plus accessibles : « ton zizi il est à toi. Personne ne peut t’obliger à le montrer, à le faire toucher. Ni papa ni maman. Ni qui que ce soit. Même si tu as confiance » etc.

J’ignore si cela suffit à l’alerter du danger et s’il se méfie à bon escient des adultes « déviants ». Il est grand mais est-il à l’abri ? Il est plus informé que lorsqu’il était petit car les précisions sont arrivées en fonction de son âge. @jout : l’aîné est proche de la majorité. C’est au tour de son petit frère d’être sensibilisé.

Voici en liens, ce que j’ai trouvé sur le net pour envisager des pistes qui conviendraient éventuellement à chacun, car je ne détiens aucune réponse :

 Pour élargir le thème sur le harcèlement, sous toutes ses formes, l’actualité est propice et même si cela semble choquant, je fais partie de celles et ceux qui sont soulagés que l’abcès CRÈVE. Il sera nécessaire que de vraies dispositions soient prises, face à cet océan de témoignages #moiaussi #balancetonagresseur et autres hashtags qui inondent les réseaux sociaux.
L’enfant est un individu influençable et fragile. L’adulte a pour rôle de le protéger, des malades et des pervers, sans distinction.

L’éducation fait partie des étapes incontournables pour sensibiliser les enfants à ce fléau qu’est le harcèlement. Au quotidien, il y a quantité d’événements qui permettent d’illustrer nos propos. ça peut commencer par répéter inlassablement que le chat ou autre animal est un être vivant, qu’il n’a en aucun cas à supporter que sa queue soit tirée, qu’il soit embêté surtout quand il montre des signes d’énervement et qu’il griffe ou mord en retour. Répéter et agir en conséquences en éloignant l’enfant de l’animal. Il n’y a rien de banal à laisser un enfant « jouer » avec un animal qui montre que ça suffit !
C’est primordial de signifier à un enfant qu’un autre enfant qui recule, qui s’éloigne, qui dit stop ou qui pleure, n’a plus envie. Une fois j’ai perdu mon sang froid en EAJE. Une petite fille pleurait fort et trois garçons étaient sur elle, littéralement allongés en rigolant. Même si une collègue était là, j’ai agis avec mes tripes. Ma voix est montée de deux crans. Je les ai enlevé un par un, (sans brutalité, je précise) et j’ai dit assez fort « elle vous a dit NON !!!!! ». J’ai expliqué à chacun, une fois mon calme revenu, le pourquoi de ma colère. J’ai rassuré cette enfant, en lui disant qu’elle avait eu raison de pleurer très fort et que si une prochaine fois ça arrivait, qu’elle vienne immédiatement prévenir un adulte. Ces comportements enfantins semblent anodins mais NON, ça n’a rien d’amusant, de léger, c’est à prendre en compte et c’est vital de mettre des mots dessus, d’expliquer pourquoi c’est INTERDIT d’insister quand l’autre refuse (même en ne disant rien).
C’est un vaste sujet et j’avoue que je suis trop touchée pour en parler sereinement. Ce flot de témoignages est bouleversant.