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La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 3

La personne de référence est garante de la continuité de l’enfant qu’elle accueille.

Cela ne signifie pas qu’il y a exclusivité mais il s’agit de s’assurer que les différents moments de la journée sont reliés entre eux et non morcelés car l’enfant l’expérimente déjà au niveau de son corps. L’enfant rassemble sont corps, construit son unité corporelle pendant au moins 3 ans.

Par exemple, faire un puzzle (rassembler des morceaux) s’avère impossible tant que l’enfant n’a pas atteint une maturité psychique qui permet que le travail au niveau corporel soit terminé. C’est un processus interne, comme pour le dessin du rond fermé. Tant que l’enfant n’a pas terminé son « travail » d’unité corporelle, le rond sera ouvert. La construction du schéma corporel s’élabore petite à petit en parallèle à de nombreuses autres étapes de son développement. L’enfant a donc besoin que quelqu’un fasse le lien entre ses différentes expériences.

Cela a du sens dans la mise en place d’une personne de référence, seule capable de faire ce travail au quotidien. Il y a des avantages et des intérêts. C’est un système d’organisation d’un groupe social. Proposer la référence est aussi une organisation du travail des professionnels.

Une fois l’organisation établie : qui fait quoi ? Avec qui ? Pourquoi ?  Les professionnels sont bien plus disponibles psychiquement. L’organisation étant régulière, prévue, prévisible, des repères s’installent. Les rôles et missions sont clairs. Cela apporte confort, sécurité, accueil de qualité car pensé en amont et cela développe un savoir-être. Personne n’est irremplaçable mais il est à éviter d’inter-changer les professionnels trop souvent car peut s’ensuivre un manque de reconnaissance du travail accompli.

C’est une organisation qui a du sens aussi pour les parents qui ont à faire avec un interlocuteur privilégié. Ainsi les transmissions revêtent toute leur importance quand la personne de référence est absente autant que lorsqu’elle est présente.

Les conditions de mise en place de la personne de référence :

  •  La personne de référence n’est pas une personne unique, sinon ses absences seraient mal vécues. Un relais (voire plusieurs) est indispensable, à prévoir et à anticiper. La personne de référence est surtout une personne qui fait du lien.
  • Elle n’est pas seule, elle a besoin de soutien. C’est un travail d’équipe d’organiser la référence. La responsabilité est collective, partagée avec les collègues et l’équipe encadrante qui accompagne au quotidien.
  •  Elle est nommée, missionnée par une équipe. On ne choisit pas les enfants que l’on encadre. La personne de référence est responsable de la qualité du « prendre  soin » d’un enfant de façon continue.
  •   Elle se réfère à un projet qui fait tiers et qui protège d’un « trop-attachement » ou d’un « trop-détachement », d’une relation exclusive, d’une trop grande proximité ou d’un rejet. Elle en réfère à une équipe et a des comptes à rendre puisque les décisions sont prises en équipe. Cela instaure une juste distance et un recul utile ; une garantie de la relation. La relation duelle est une relation à risque, trop de fusion et de confusion sont possibles. Une relation triangulaire est fondamentale, à suffisamment bonne distance avec du tiers : enfant-parent-professionnel puis professionnel-équipe-enfant.

Différents outils sont à disposition : cahier de vie, de liaison, cahier d’observations…

Le soin au bébé :

Toucher le corps d’un jeune enfant lui renvoie une image de lui-même. Être avec lui c’est important, sans être pressé, c’est-à-dire prendre le temps de prendre le temps. La collectivité devrait être un îlot protégé de la frénésie de vitesse de l’extérieur.

Il est important, dans le soin corporel, de décoder les signaux de communication qui sont autant d’occasions privilégiées pour construire une vraie relation. Il s’agit d’une rencontre individualisée que d’être attentif à cet enfant-là dont on s’occupe.

On ne tire plus les bébés par les pieds pour soulever les fesses et enlever leur couche (ce n’est pas bon pour les hanches !). Prenez sa cuisse dans une main et tournez-la vers la gauche, le corps du bébé suit de lui-même. Glissez alors la couche sous ses fesses.

En termes d’organisation et de repère, quand la personne de référence est présente, le mieux c’est que ce soit toujours elle qui donne les soins, les repas et accompagne l’enfant durant les temps forts de la journée. Quand elle est là, l’enfant sait qu’il peut compter sur elle car elle a instauré une régularité et une prévisibilité.

Trop de changements engendre des angoisses et empêche l’enfant de s’investir dans autre chose. L’enfant qui ne sait pas qui s’occupera de lui reste en attente, en mode « inquiet ». Plus l’enfant est jeune plus il a besoin d’immuabilité.

Les adultes aussi font des choses habituelles. Ils ont des rituels et apprécient la continuité.

Exemple : en tant qu’adulte, nous préférons n’avoir qu’un seul interlocuteur à la banque (ou autre organisme) ça nous évite de répéter, de recommencer une « relation » avec quelqu’un d’autre car l’interlocuteur unique saura créer des liens avec ce qu’il sait de nous, de notre dossier etc.

L’élargissement de la relation se fait avec l’âge selon la maturité de l’enfant. C’est pareil pour l’environnement. Jusqu’à 1 an, découvrir un seul espace de vie suffit largement. Cela permet une concentration (à l’inverse de la tendance « zapping » de notre siècle) pour faire et découvrir en profondeur, aller jusqu’au bout au lieu de passer en permanence d’une chose à l’autre. La concentration se travaille dès la petite enfance, il est donc nécessaire d’éviter les interférences trop nombreuses.

Les professionnels sont garants de l’activité qu’un enfant entreprend et construit, ils la protègent, veillent à ce qu’elle se fasse jusqu’au bout, la préservent autant que possible afin que l’expérience ait des chances d’être complète.

L’espace s’ouvre au fur et à mesure du développement de l’enfant. La circulation se propose à la  mesure des capacités de l’enfant d’où la nécessité de l’OBSERVER et de le CONNAITRE. Ouvrir trop rapidement les espaces peut empêcher la consolidation de l’identité. Les enfants peuvent devenir inquiets, hyperactifs. Les enfants, si on leur fait confiance, cherchent eux-mêmes la nouveauté. Ils « disent » quand ils ont fait le tour des jouets, des lieux, des propositions de jeux…