Archives par mot-clé : Continuum

Lecture 2. Le concept du continuum

la maison du porte bébé

Pour être honnête, je souhaite lire ce livre depuis des années. Comme je suis sensible aux signes, aux circonstances et très à l’écoute de mon intuition, j’ai compris que les difficultés que j’ai eu à l’obtenir étaient un indice sur le fait que je n’étais pas prête à l’avoir entre mes mains ni à disposition de mon intellect. A la lecture, ça se confirme. Je le lis, à petites doses, depuis le début du mois. C’est ma lecture mensuelle sur le thème de la petite enfance. En fait, je le savoure et le crains à la fois. C’est une souffrance et une confirmation, une réelle douleur qui vient de très loin…

Cet écrit commence de manière peu objective. Je ne me gêne plus, sous couvert de pseudo-pudeur, pour exprimer mes ressentis. Après tout, si ça dérange, il suffit de cliquer sur une petite croix en haut à droite de l’écran. Mon avis, à chaud, serait personnel surtout que je suis bousculée depuis que je l’ai commencé. C’est bien la première fois, qu’un essai me fait cet effet. J’écris sans l’avoir terminé, afin d’apaiser mon rythme cardiaque.  Si vous êtes curieux de nature, je vous encourage à le lire, ça vaut vraiment le détour et la peine (si cela évoque quelque chose pour vous, vérifiez qu’il y a des mouchoirs à proximité). Par contre, c’est de l’ordre de l’observation et si vous cherchez un appui scientifique, vous serez déçus. Un compte-rendu/avis de ma part serait inutile, surtout qu’il y en a quelques-uns, très complets, sur le net :

Vers une parentalité naturelle

Un livre bouleversant (et c’est rien de l’écrire)

Filliozat contre Liedloff : personnellement, je m’en fous des « preuves » que ces deux autrices avancent ou non. C’est mon cœur qui a lu ce livre. Ma tête a laissé toute la place…et mes expériences d’enfant et de mère sont mes preuves concrètes.

Pour les anglophones : The Door Of Perception

DOP

Je continue ma lecture. Peut-être qu’un jour, je saurai en parler avec plus de recul. En attendant, je laisse au temps son travail d’intégration du concept que je ressens plutôt comme une façon de vivre qui m’est familière mais que je constate un peu ratée ou presque perdue…le fameux bonheur perdu que nombre d’entre nous recherche.

Pour le mois prochain, je tâcherai de sélectionner un livre plus « académique », conventionnel, au risque de m’ennuyer. Surtout qu’il y en a un autre qui attend depuis plus d’un an, celui de Céline Alvarez. Je l’ai commencé, je l’ai reposé, recommencé, rereposé. Re-vivre la scolarité « mouvementée » de mon fils aîné et celle du cadet qui commence tout juste, rend cette lecture vraiment difficile.

« Allaiter au sein, c’est naturel »

Court blabla comme un genre de coup de calgon, pour recadrer les opinions douteuses.

A la canadienne

A chaque fois, quand l’argument du naturel de l’allaitement au sein est évoqué, c’est systématique, le florilège qui suit est le suivant :

« oui mais, faire caca, c’est naturel »
« faire l’amour c’est naturel »
et autres joyeusetés.

Juste pour informer :
allaiter au sein c’est pour nourrir, calmer, rassurer, câliner un bébé.
Comment peut-on comparer nourrir et le reste avec déféquer ou copuler ?? Quel est le rapport ?

En ce qui concerne l’allaitement au sein en public, la différence c’est que c’est autorisé et encore heureux, parce qu’un bébé a beaucoup de difficultés à attendre quand il a faim. Il y a des âges pendant lesquels c’est impossible de différer la tétée. Par contre, un adulte peut attendre pour faire caca et surtout c’est interdit de le faire et en public et sur la voie publique. Il peut aussi refréner ses ardeurs pour faire l’amour, enfin j’espère car là aussi, c’est considéré comme une exhibition sexuelle. Ça coûte un an de prison et 15 000 euros d’amende.

Quand une mère décide d’allaiter, jamais je n’en ai vu en faire une annonce publique pour être le centre de l’attention. Certaines déballent la « marchandise » ? Il n’y a aucune obligation de le faire discrètement. Dans la rue, c’est autorisé de fumer, celui qui est dérangé change de trottoir ou de place en terrasse. C’est pareil pour l’allaitement. Allez vous-en si la vue d’une poitrine vous offusque.

Alors franchement, ceux qui pensent qu’allaiter en public c’est dégoûtant, malsain parce que c’est sexuel, intime ou que sais-je encore…je rappelle que les seins fabriquent du lait pour le nourrisson qui vient de naître. A ce moment là, leur rôle est de nourrir. Si la mère choisit de donner son lait à son bébé, alors elle a le droit de le faire absolument partout et à n’importe quel moment selon sa pudeur à elle et surtout selon les besoins de son enfant. Si quelqu’un est dérangé par l’aspect sexuel du moment, c’est qu’il a l’esprit vraiment tordu. Un enfant n’a aucune notion sexuelle adulte. Quand il a faim, il a besoin de manger comme n’importe qui. Personne ne cache sa bouche pour manger et pourtant sexuellement il peut s’en passer des choses avec la bouche et que dire des doigts…

Donc mon message est clair : qu’on fiche la paix aux mères allaitantes  et qu’on leur épargne la vulgarité des opinions douteuses de certains pervers tordus ou d’autres vierges effarouchées.

Si « allaiter c’est naturel » vous semble un argument insuffisant alors je valide : allaiter, c’est glamour ! ça vous dérange ? Regarder ailleurs, c’est simple pourtant.

Olivia Wilde et son fils

Bel article de Marion McGuiness sur un de ces blogs : je suis une seinte.

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 3

La personne de référence est garante de la continuité de l’enfant qu’elle accueille.

Cela ne signifie pas qu’il y a exclusivité mais il s’agit de s’assurer que les différents moments de la journée sont reliés entre eux et non morcelés car l’enfant l’expérimente déjà au niveau de son corps. L’enfant rassemble sont corps, construit son unité corporelle pendant au moins 3 ans.

Par exemple, faire un puzzle (rassembler des morceaux) s’avère impossible tant que l’enfant n’a pas atteint une maturité psychique qui permet que le travail au niveau corporel soit terminé. C’est un processus interne, comme pour le dessin du rond fermé. Tant que l’enfant n’a pas terminé son « travail » d’unité corporelle, le rond sera ouvert. La construction du schéma corporel s’élabore petite à petit en parallèle à de nombreuses autres étapes de son développement. L’enfant a donc besoin que quelqu’un fasse le lien entre ses différentes expériences.

Cela a du sens dans la mise en place d’une personne de référence, seule capable de faire ce travail au quotidien. Il y a des avantages et des intérêts. C’est un système d’organisation d’un groupe social. Proposer la référence est aussi une organisation du travail des professionnels.

Une fois l’organisation établie : qui fait quoi ? Avec qui ? Pourquoi ?  Les professionnels sont bien plus disponibles psychiquement. L’organisation étant régulière, prévue, prévisible, des repères s’installent. Les rôles et missions sont clairs. Cela apporte confort, sécurité, accueil de qualité car pensé en amont et cela développe un savoir-être. Personne n’est irremplaçable mais il est à éviter d’inter-changer les professionnels trop souvent car peut s’ensuivre un manque de reconnaissance du travail accompli.

C’est une organisation qui a du sens aussi pour les parents qui ont à faire avec un interlocuteur privilégié. Ainsi les transmissions revêtent toute leur importance quand la personne de référence est absente autant que lorsqu’elle est présente.

Les conditions de mise en place de la personne de référence :

  •  La personne de référence n’est pas une personne unique, sinon ses absences seraient mal vécues. Un relais (voire plusieurs) est indispensable, à prévoir et à anticiper. La personne de référence est surtout une personne qui fait du lien.
  • Elle n’est pas seule, elle a besoin de soutien. C’est un travail d’équipe d’organiser la référence. La responsabilité est collective, partagée avec les collègues et l’équipe encadrante qui accompagne au quotidien.
  •  Elle est nommée, missionnée par une équipe. On ne choisit pas les enfants que l’on encadre. La personne de référence est responsable de la qualité du « prendre  soin » d’un enfant de façon continue.
  •   Elle se réfère à un projet qui fait tiers et qui protège d’un « trop-attachement » ou d’un « trop-détachement », d’une relation exclusive, d’une trop grande proximité ou d’un rejet. Elle en réfère à une équipe et a des comptes à rendre puisque les décisions sont prises en équipe. Cela instaure une juste distance et un recul utile ; une garantie de la relation. La relation duelle est une relation à risque, trop de fusion et de confusion sont possibles. Une relation triangulaire est fondamentale, à suffisamment bonne distance avec du tiers : enfant-parent-professionnel puis professionnel-équipe-enfant.

Différents outils sont à disposition : cahier de vie, de liaison, cahier d’observations…

Le soin au bébé :

Toucher le corps d’un jeune enfant lui renvoie une image de lui-même. Être avec lui c’est important, sans être pressé, c’est-à-dire prendre le temps de prendre le temps. La collectivité devrait être un îlot protégé de la frénésie de vitesse de l’extérieur.

Il est important, dans le soin corporel, de décoder les signaux de communication qui sont autant d’occasions privilégiées pour construire une vraie relation. Il s’agit d’une rencontre individualisée que d’être attentif à cet enfant-là dont on s’occupe.

On ne tire plus les bébés par les pieds pour soulever les fesses et enlever leur couche (ce n’est pas bon pour les hanches !). Prenez sa cuisse dans une main et tournez-la vers la gauche, le corps du bébé suit de lui-même. Glissez alors la couche sous ses fesses.

En termes d’organisation et de repère, quand la personne de référence est présente, le mieux c’est que ce soit toujours elle qui donne les soins, les repas et accompagne l’enfant durant les temps forts de la journée. Quand elle est là, l’enfant sait qu’il peut compter sur elle car elle a instauré une régularité et une prévisibilité.

Trop de changements engendre des angoisses et empêche l’enfant de s’investir dans autre chose. L’enfant qui ne sait pas qui s’occupera de lui reste en attente, en mode « inquiet ». Plus l’enfant est jeune plus il a besoin d’immuabilité.

Les adultes aussi font des choses habituelles. Ils ont des rituels et apprécient la continuité.

Exemple : en tant qu’adulte, nous préférons n’avoir qu’un seul interlocuteur à la banque (ou autre organisme) ça nous évite de répéter, de recommencer une « relation » avec quelqu’un d’autre car l’interlocuteur unique saura créer des liens avec ce qu’il sait de nous, de notre dossier etc.

L’élargissement de la relation se fait avec l’âge selon la maturité de l’enfant. C’est pareil pour l’environnement. Jusqu’à 1 an, découvrir un seul espace de vie suffit largement. Cela permet une concentration (à l’inverse de la tendance « zapping » de notre siècle) pour faire et découvrir en profondeur, aller jusqu’au bout au lieu de passer en permanence d’une chose à l’autre. La concentration se travaille dès la petite enfance, il est donc nécessaire d’éviter les interférences trop nombreuses.

Les professionnels sont garants de l’activité qu’un enfant entreprend et construit, ils la protègent, veillent à ce qu’elle se fasse jusqu’au bout, la préservent autant que possible afin que l’expérience ait des chances d’être complète.

L’espace s’ouvre au fur et à mesure du développement de l’enfant. La circulation se propose à la  mesure des capacités de l’enfant d’où la nécessité de l’OBSERVER et de le CONNAITRE. Ouvrir trop rapidement les espaces peut empêcher la consolidation de l’identité. Les enfants peuvent devenir inquiets, hyperactifs. Les enfants, si on leur fait confiance, cherchent eux-mêmes la nouveauté. Ils « disent » quand ils ont fait le tour des jouets, des lieux, des propositions de jeux…

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 2

  • Les besoins supplémentaires de l’enfant accueilli en dehors de son milieu familial :

L’enfant de moins de 3 ans n’est pas prêt à se séparer de sa famille avant d’intégrer l’image de ses parents quand ils sont absents. C’est en parallèle avec la permanence de l’objet (selon Piaget) : l’enfant ne sait pas qu’un objet qu’il ne voit plus existe toujours. Cela est valable pour les objets et les personnes. Le bébé n’a aucune certitude que ses parents qui sont absents reviendront. Pour pallier leur absence, durant la petite enfance, l’enfant a besoin d’entendre évoqués ses parents très régulièrement. Sachant que le temps de l’enfant est plus long que celui d’un adulte, il est nécessaire que l’image des parents soient réactivées tout le long de leur absence. Les parents sont fondateurs de la construction de l’identité de l’enfant (quotidien et connaissance intime).

Arriver dans un lieu d’accueil c’est comme arriver dans un autre monde. C’est une perte de repères, de points d’appui. Une reconstruction de fondations est nécessaire, qu’il s’agisse de l’environnement et des personnes. Un enfant a besoin de retrouver dans un nouveau lieu ce qu’il connait de sa famille afin de se sentir reconnu.

Quelqu’un l’écoutera t-il ? Son élan vital sera-t-il entendu, pris en compte ? L’enfant trouvera t-il l’intérêt d’un autre adulte ? L’adulte qui prend le relais aura la responsabilité d’être témoin des progrès quotidiens de cet enfant-là afin qu’il se sente reconnu dans ce nouveau lieu. L’intérêt de l’adulte nourrit l’enfant. Pour cela une période de reconnaissance mutuelle est indispensable = période dite d’adaptation. Période de construction des premiers liens autres, entre professionnel et enfant = un appui face à la séparation. L’objectif principal de l’adaptation  est la mise en place du début d’une relation de confiance, c’est fondamental. L’idéal est de prendre le temps pour construire un lien. Tant que ce lien n’est pas « visible », le parent ne devrait pas « partir ».

Il s’agit de penser ce temps plus comme une connaissance mutuelle avec un début de lien et pouvoir compter sur ce relais dans un lieu nouveau. Combien de temps est nécessaire au professionnel pour « connaître » un enfant, le « décoder » ? Un bon mois. Surtout avec un bébé de 3 mois. Si un mois entier est trop long, tabler sur 15 jours à 3 semaines avec présence des parents, pas toute la journée, mais à chaque temps de présence de l’enfant. Le signal que cela se passe « bien » est le sourire de l’enfant quand il voit la personne qui sera sa « référente ». Sourire qui peut être considéré comme une re-connaissance. Si le bébé est au sol, on remarque qu’il reste accroché au regard de son parent les premiers temps, puis il regarde ailleurs. Peu à peu, il regarde l’autre. Il est important de ne pas prendre le bébé dans ses bras trop tôt. Le bébé a besoin de son parent pour faire connaissance avec une tierce personne.

L’idéal est que cette période se déroule en dehors de l’espace de vie afin de se concentrer sur ce nouveau lien en construction.

Exemple de l’idéal, à adapter en fonction des impératifs de chaque contexte :

1ère semaine : une demi-heure tous les jours dans un autre espace, avec les parents

2ème semaine : une demi-heure tous les jours dans l’espace de vie, avec les parents.

3ème semaine : courts temps de séparation physique

Une personne de référence est une personne privilégiée sur laquelle l’enfant et sa famille peuvent compter. Il est important que la personne de référence compte pour eux et que l’enfant compte pour cette personne.

  • Vivre en collectivité, (même chez un(e) assistant(e) maternel(le)) :

Comment être reconnu comme une personne singulière avec d’autres individus ? Sachant que la construction identitaire s’effectue pour l’essentiel durant les 3 premières années de la vie d’un enfant : jusqu’à l’émergence du « je ».

Le travail principal d’un lieu d’accueil est de soutenir, reconnaître la construction de l’identité de l’enfant, d’un sujet. Pas de rencontrer les autres. Avant 3 ans, ce n’est pas le temps de la « socialisation » qui prime.

Le professionnel contribue avec les familles à la construction d’un être. C’est un défi majeur : faire de l’individuel dans le collectif. Le piège de la collectivité est d’uniformiser. Par souci d’égalité alors que l’égalité ce n’est pas faire pour tout le monde pareil mais bel et bien de faire pour chacun en fonction de ses besoins. Les propositions devraient être à adapter à chacun. Les enfants sont trop vite mis ensemble.

Une vraie socialisation est d’apprendre à se comporter avec chacun des enfants présents. Donc favoriser un groupe d’enfants stable avec un même adulte et des relais stables aussi. L’enfant a besoin de sentir qu’il a SA place dans un groupe d’appartenance : son lit, son casier, sa place à table, ses temps privilégiés (change, repas, jeux…) etc. Et cela englobe les espaces, les objets et les temps de la journée.

La préservation du sentiment de continuité demande que des liens soient effectués. La collectivité génère trop de discontinuité (contrairement à un accueil chez un assistant maternel). La difficulté est de prévoir, d’anticiper et de participer pour l’enfant qui a à faire à trop d’adultes différents.

Le défi est de relier des expériences différentes entre elles pour que l’enfant puisse se sentir relié à lui-même « je suis le même dans un lieu qui change ». L’enfant a besoin de construire le sentiment continu d’exister. La personne de référence devrait avoir pour objectif de relier différents moments vécus dans la journée pour un même enfant. Même si on fait différemment à la maison, les expériences du lieu d’accueil peuvent être reliées à celles racontées par les parents. A la maison c’est différent mais dans ce lieu-là cela sera toujours pareil (en tous cas, le plus souvent possible). « A la maison, tu as fait ça, ici tu as fait autre chose, autrement ».

Il est donc important qu’un enfant accueilli en Établissement d’Accueil rencontre un nombre limité d’adultes différents.

Le bébé ayant besoin de se sentir connu (compris, écouté, re-connu) d’un adulte, éprouvera des difficultés si les adultes autour de lui sont trop nombreux. A l’inverse, si un adulte a trop d’enfant en référence, il ne pourra que connaître superficiellement chaque enfant dont il a la responsabilité. L’attention de l’adulte (qui devrait être plus fine et plus précise que possible) peut se faire sur un nombre restreint d’enfants.

Être vu fait sentir à l’enfant qu’il se sent exister. Les enfants ont besoin d’attirer l’attention. La personne de référence assure à chacun des enfants le maximum d’attention.

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 1

Me revoilà en mode EJE (à prononcer Euh Ji Euh. J’entends encore des èje et ça me fait tout bizarre ;-)).

J’ai assisté récemment à une conférence de Miriam Rasse, invitée par la FNEJE pour représenter l’association Pikler-Loczy.

Voici telles quelles mes notes, à peine organisées et remaniées mais dans l’ordre de ce que j’ai entendu. Je suis beaucoup trop occupée pour prendre le temps de résumer, compiler et faire un écrit tout beau tout professionnel, désolée.

Voici donc une première partie, car j’en ai écrit des pages de notes et vu le contexte viral, je suis loin d’être en très grande capacité de faire fissa. ça tombe bien, je rappelle que j’hiverne encore.

L’attachement
est un moyen pour l’enfant de développer sa sécurité interne qui lui permettra d’évoluer
vers une autonomie propre et réelle.
http://www.petalesquebec.org

Partie 1 : Les jeunes enfants accueillis ont profondément besoin d’être reconnus individuellement et de pouvoir compter sur et pour quelqu’un : quelles conditions pour construire une relation « à juste distance », même en collectivité ?

Rappel des spécificités des besoins d’un tout-petit :

Le nouveau-né, le nourrisson et encore le bébé ressentent des tensions internes. Ils expriment des besoins primaires, binaires. Leur mode de communication est gestuel, corporel et vocal.

« Penser bébé » nécessite une sensibilité pour une réception optimale, c’est primordial. Il est vital pour l’enfant qu’un adulte donne du sens à ce qu’il ressent (sensorialité) par une communication directe, en mettant à disposition son appareil psychique.

Ex : « Peut-être que tu as faim, cela fait 2 heures que tu as eu une tétée », « ta couche est souillée, je m’en occupe pour que tu te sentes plus à l’aise… » Etc.

Martine LAMOUR parle de « penser le bébé », c’est une communication encore plus élaborée qui nécessite un travail psychique intense de la part des adultes, une fatigue, voire un surmenage, surtout pour les mères qui portent leur bébé dans leur tête en permanence les premiers temps. La préoccupation primaire maternelle est vitale au bébé, mais peut amener à une dépression (+hormones) post-partum si la mère n’est pas soutenue dans sa fonction ; à force de tâtonnements, d’expérimentation de recherches et parfois sans solutions satisfaisantes. Mais cet état, s’il est supporté et soutenu est indispensable afin que l’enfant construise sa sécurité interne. C’est l’expression de la dépendance du bébé pour se maintenir en vie. Le statut de parent est ainsi valorisé même s’il est vécu comme « lourd ». C’est un long accompagnement vers l’autonomie qui se fait ni trop vite, ni pas assez.

L’enfant suit son développement et les adultes répondent afin que l’enfant se construise. Être des parents suffisamment bons donne du sens, cela organise la vie extérieure de l’enfant qui ensuite organise son monde interne.

A l’intérieur d’un bébé tout est chaos.

source : http://blog2zhom.com/il-a-deja-mange-y-a-une-heure/

Il prendra donc appui sur la stabilité du monde externe qui lui sera proposé pour construire son monde interne avec des réponses immédiates à ses besoins dès la naissance. Il est capital d’y répondre, car le nouveau-né sort d’un état fœtal dans lequel il est nourrit, porté, au chaud en permanence, il ne ressent aucun état de besoin. A sa naissance, l’absence de contenance, de chaleur, de nourriture lui procure des sensations inconnues et donc des sensations de malaise qu’il n’identifie pas. Il n’a aucune expérience de la digestion et son système digestif se met en place peu à peu, ce qui cause souvent des désagréments pendant plusieurs semaines.

Le nouveau-né vit une période d’illusion, il pense qu’il crée lui-même les réponses à ses besoins et ses demandes, il croit s’auto-satisfaire. Comme les réponses vont s’espacer, le bébé découvre qu’il y a « quelqu’un » qui revient auprès de lui. Jusqu’alors il s’agit d’une odeur, une voix, une forme, un visage. Il découvre sa dépendance. Il découvre, éprouve et construit l’attachement. Le bébé est pragmatique, l’attachement n’est pas inné. Le bébé s’attache aux personnes qui prennent soin de lui, pas forcément à ses parents durant les premiers mois.

Etre suffisamment bon, cela signifie que l’adulte est suffisant (pas parfait), qu’il laisse un écart entre la satisfaction/réponse et la demande/besoin. L’enfant existe ainsi, il peut exprimer ce qui ne le satisfait pas.

Parallèlement, il découvre un environnement, un entourage, des personnes sur lesquelles il peut compter. Sinon, il est en grande insécurité. L’enfant peut ressentir des « angoisses inimaginables », « il peut se sentir « éclaté en morceaux ». Le nouveau-né insatisfait, qui attend trop longtemps éprouve la mort. Un rapport peut être fait avec les angoisses psychotiques des autistes, des angoisses qui semblent irraisonnées.

Les personnes sur lesquelles il peut compter sont la source de sa sécurité, c’est une sécurité acquise si ses besoins vitaux sont satisfaits dans l’immédiat.

Winnicott parle de relation fiable, stable, continue, prévisible. L’enfant a besoin d’une personne qui propose les mêmes choses dans les mêmes situations, une routine, une régularité, une stabilité. Cela explique que des enfants qui vivent des situations « limites » dans leur famille sont à la recherche de celles-ci en institutions car cela les rassure. Ils se sont construits sur ce mode de fonctionnement et ne connaissent que celui-ci. L’enfant peut amener tous les adultes à répéter ce qu’il vit même si c’est maltraitant.

Dans la régularité, l’enfant prend des points de repères. Il reconnait des signaux, il sait qu’ils se reproduisent. Il peut ainsi anticiper, se préparer et donc attendre. Il apprend à différer son besoin car il sait que son besoin sera satisfait comme d’habitude. Les expériences de satisfaction souvent vécues, il se les remémore. Il y participe de plus en plus et peut ainsi être actif, il contribue aussi à ses soins. Ce ne peut être le cas, si tout change à chaque fois car il ne sait pas ce qu’il va se passer, il reste dans l’incertitude. Il n’est pas impuissant car il est capable de reconnaître ses sensations. Son organisation interne qui se construit lui permet d’identifier ses besoins, de les communiquer car les adultes les différencient pour lui dès la naissance. L’enfant peut donc, avec le temps, donner des indications pour que ses besoins soient satisfaits. Il devient partenaire si l’adulte est attentif à ses expressions et ses indications. L’enfant va dire qui il est de manière singulière. Il réagit et montre quand il est apaisé, détendu ou au contraire crispé, mal à l’aise. Cela donne des indices sur les besoins de cet enfant-là. Y être attentif permet de s’ajuster à l’enfant, en cherchant la réponse adéquate. Quand les besoins sont satisfaits, l’ouverture au monde est possible. Si l’enfant est préoccupé par ses besoins, cela l’en empêche. Si un adulte cherche une réponse aux besoins exprimés de l’enfant, celui-ci sent que l’adulte est réceptif à ce qu’il exprime. Il se sent écouté, pris en compte. Ce que l’enfant exprime, influence le comportement de l’adulte. Cela rejoint le besoin de compétence (ne pas confondre avec capacité/système nerveux/développement/maturation) = l’enfant agit sur le monde, il a une influence, il est actif.

Un enfant peut vite renoncer à agir sur le monde. Il est appelé « docile », « facile », car il accepte tout, il a cessé d’exprimer qui il est car il a dit et n’a pas été entendu. Quand un individu n’est pas entendu soit il renonce car il n’existe plus et se replie sur lui-même soit il se révolte, se rebelle, il attaque, agresse avec toute sa force vitale. Il exprime souvent un sentiment d’impuissance.

L’adulte a la responsabilité d’être attentif à l’expression des besoins d’un enfant, de les prendre en compte. Quand l’enfant se sent entendu, il peut influencer le comportement de l’adulte puisqu’il se sent reconnu, considéré ce qui l’amène à construire son identité et son estime de lui. Il se sent important, bien dans sa peau. Cela participe à la construction des premières relations sociales. Le modèle d’écoute et de réponse des adultes qui l’entourent donne à l’enfant la façon de se comporter avec les autres. Le comportement de l’adulte induit celui de l’enfant avec ses pairs, entre autre.

Apprendre à l’enfant à exprimer son désir lui signifie qu’il en a le droit. L’accompagner à écouter ce que dit l’autre qui en a le droit aussi lui permet de prendre en compte son entourage et pas seulement son désir. L’enfant apprend car il l’expérimente, pas parce qu’on lui dit. (Les chemins de l’apprentissage, Spirale. Erès.)

Au fil du temps qui passe le bébé n’est plus dépendant ni  impuissant.

Porter l’enfant : Semaine Internationale du Portage

du 7 au 13 octobre 2013

« Le plus bel amour ne va pas loin si on le regarde courir. Mais plutôt il faut le porter à bras comme un enfant chéri. » Alain (Émile Chartier, dit)

portage 2013

« Le portage d’un enfant consiste à le tenir près de son corps sans nécessairement le tenir dans ses bras. Depuis l’origine de l’humanité, le porte-bébé est un instrument permettant la survie des enfants en bas âge. Récemment, les expériences de portage en kangourou ont montré qu’il n’avait rien perdu de sa valeur, bien au contraire. Il rend leur mobilité aux pères et aux mères d’aujourd’hui, les réintroduit au cœur de la vie sociale, les investit à nouveau du rôle indispensable qui est le leur.

  • C’est agréable, à la fois pour le porteur et le porté.
  • Le nouveau-né retrouve la chaleur, l’odeur, la voix de sa mère, tout ce qui l’a accompagné pendant la grossesse;
  • La mère y trouve le plaisir du peau à peau, le plaisir animal de sentir son tout-petit contre soi;
  • Le père peut aussi éprouver ces sensations, puissant moyen d’attachement, dans une société où l’on s’efforce souvent d’éviter les contacts physiques;
  • Remède souverain contre les coliques (testez-le si vous avez des doutes…);
  • Calme les peines et douleurs mystérieuses des premiers mois;
  • Aide l’enfant à s’endormir (mieux que de le laisser pleurer… avouez!!!);
  • Corrige et prévient les problèmes de hanches (grâce à la position jambes écartées-relevées);
  • Stimule le bébé qui est à hauteur d’homme;
  • Plus de problèmes dus à l’encombrement d’une poussette;
  • Faire ses courses, son ménage, toutes les tâches de la vie quotidienne sans perturber Bébé qui est bienheureux dans son écharpe au chaud contre sa maman (ou son papa);
  • Facile de faire téter Bébé en toute discrétion dans n’importe quelle circonstance. »

Voilà pour le côté « théorique ». Pour plus d’informations, voici un site dédié à cette pratique.

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le face au monde est inconfortable

En structure collective, je n’ai pas encore rencontré la possibilité de le faire pour répondre à des besoins spécifiques d’enfants, mais ça existe. Je pense que le sujet mérite réflexion, en équipe et avec l’accord des parents. Il ne s’agit surtout pas de l’imposer. Cependant les professionnels qui se sentent à l’aise avec le portage devraient pouvoir avoir à disposition un porte-bébé physiologique.

Les professionnels de la petite enfance ne sont pas unanimes sur le sujet. Le débat est souvent lancé sur la proximité affective « réservée aux parents ». A mon sens, cette proximité n’est pas que de l’ordre de l’intimité surtout dans le cadre professionnel. Dans l’histoire, la proximité a évolué : de la mère exclusivement, elle (la proximité) a consenti à être partagée avec le père. (Imaginons un homme du 18ème siècle faire du peau à peau avec son nouveau-né, c’est presque grotesque ?…et pourtant aujourd’hui, c’est banal). Dans notre société occidentale, l’enfant est confié à des personnes ne faisant pas forcément partie de son entourage proche et de fait une proximité affective s’installe. Le côté intime de plusieurs actes est présent qu’on le veuille ou non : le change, les soins, les émotions…et donc être pris dans les bras. Alors, si le portage, avec un support, peut permettre à des enfants de se sentir en sécurité et à des professionnels de limiter les douleurs dorsales et bien pourquoi pas ?

Vidéo : Une crèche adopte le portage en écharpe pour les bébés

Cette vidéo date un peu. L’idéal serait d’avoir un retour sur le bien-fondé de ce choix et sur les observations faites concernant les enfants qui en ont bénéficié.

Durant mon expérience au domicile des familles, j’ai eu l’opportunité de me servir d’un porte-bébé et j’ai eu plaisir à l’utiliser. Ma relation à l’enfant n’est pas devenue fusionnelle, il ne m’a pas confondu avec sa mère, il n’a pas réclamé les bras tout le reste du temps…bref il a apprécié autant que mon dos et moi. Tout dépend donc de l’enfant et de l’adulte.

Dans ma vie personnelle, mon fils aîné détestant la poussette, il a bien fallu trouver un autre moyen de le transporter. J’ai opté très vite pour un filet de portage et mon petit poisson s’y est senti rapidement plus à son aise. Je l’ai essayé avec d’autres enfants et c’était concluant.

@jout 2018 : bilan de 4 ans de portage de mon second fils. Dès sa naissance, il a été porté en écharpe par son père et moi. C’était magique, en toute occasions. Quand il a mieux tenu sa tête, il a bénéficié d’une écharpe sans noeud bien pratique qui a permis à son grand frère et sa tante de le porter. Plus grand, il a été porté dans le dos de son père  (mon dos ne supportait pas le poids) : dans un boba (pratique pour des courtes distances), dans un deuter avec structure métal  (peu concluant) et dans un manduca  ( la rolls royce des porte-bébé selon son père). 

Il est aussi allé dans la poussette.  Peut-être un peu trop tôt mais au quotidien je marchais beaucoup et mon dos ne supportait le portage que pour de courts moments. C’est un bilan totalement positif. Il a vite voulu découvrir son environnement. Être beaucoup porté n’a pas fait de lui un enfant dépendant mais bel et bien un enfant explorateur et confiant.

La poussette reste un accessoire pratique dans de nombreuses circonstances. Je n’irai pas jusqu’à faire une croix dessus. Un film me revient à l’esprit à ce sujet : Away we go, je me souviens d’une famille qui était contre l’utilisation de la poussette et d’une scène qui m’avait fait rire longtemps ! Je vous la partage :

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