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« Monte dans ta chambre ! »

C’est ce que demande/ordonne le père de Robert à son fils quand il se met à table avec sa colère.

Grosse colère de Mireille d’Allancé

Un classique

Des EAJE et écoles maternelles. J’avoue que je n’ai jamais été choquée par le fait que Robert soit sommé de s’isoler dans sa chambre « pour se calmer ». C’est un conditionnement qui me parait encore « ordinaire » dans l’éducation.
Je ne saurai donner d’âge à Robert. Il rentre seul le soir de son cours de tennis. C’est l’heure de dîner. J’imagine qu’il a au minimum 7 ans.

@jout : il est en capacité de raisonner un minimum. Quand « j’isoles » un enfant à la crèche (moins de 3 ans). Je reste près de/avec lui. Je pose des mots sur la situation. Je reste disponible s’il a besoin de contenance. Souvent l’enfant pleure fort et un court moment. Puis il s’apaise et passe à autre chose. Par contre, il est souvent contre-productif de l’enfermer dans une pièce complètement fermée. Il est obligatoire d’avoir un œil et même une présence avec lui/elle.

Quand c’est possible, ça donne ce résultat.

Quel est le problème ?

Loin de moi l’idée de juger ce père fictif qui est peut-être seul à s’occuper de son fils (ou alors seulement ce soir-là). Il a peut-être passé sa soirée à préparer le dîner : il est dessiné dans la cuisine, avec un fouet à la main et ensuite il tient un plat avec des maniques.
Qu’aurait-il pu faire ? Arrêter de préparer le dîner et faire un gros câlin à son fils ? Est-ce que ça aurait arrêté-là l’histoire ? Est-ce que c’est plus salutaire à Robert que cette colère sorte un bon coup (avec les dégâts occasionnés) ? Je suis bien mal placée pour le savoir. Qui a la réponse ? C’est du cas par cas. Je ne connais pas Robert comme son père le connaît.

Je n’ai aucun souvenir d’avoir ordonné à mes fils d’aller dans leur chambre «  pour se calmer ». Pour jouer oui, et ce n’était pas un ordre. C’était pour faire le ménage dans le salon par exemple ou pour parler entre adultes. Aucun souvenir non plus d’avoir été obligée d’aller dans la mienne. J’ai eu une chambre à 13 ans et j’y passais le clair de mon temps, tellement ravie d’avoir enfin mon espace privé.

La Tribune



C’est cette fumeuse tribune hallucinante qui m’a fait penser à cette histoire (Souvent réclamée, ces derniers jours à la crèche) . Une tribune pour défendre le droit à isoler un enfant dans sa chambre. Je vous laisse la chercher. Pas envie de lui donner du crédit.

Ça me parait sidérant, parce que la loi passée en 2019 n’est que préventive. Aucune sanction n’est encore prévue contre les Violences Éducatives Ordinaires. C’est une information ajoutée au discours lors d’une union entre deux individus qui éventuellement souhaiteraient accueillir un enfant.
Pour moi une injonction c’est une loi et/ou un ordre et/ou une phrase qui commence par « tu dois » et « il faut que ». Le reste c’est notre interprétation.

Légifrance

Ça va comme loi. C’est une information affirmative, certes mais je n’entrevois aucune menace là-dedans. Tout au plus, une prise de conscience. Évidemment si les adultes n’en tiennent pas compte, la loi deviendra peut-être répressive. Ça devient français.

Le côté obscur de la Force

Se sentirait-il menacé par la Bienveillance et la « Positive attitude» ? Il parait que c’est « à la mode » et même un peu trop et même ce serait devenu une injonction de rester positif et bienveillant.

Je me pose souvent la question : qui nous force ? A part nous-mêmes ? Y a t-il quelqu’un.e qui nous met un révolver sur la tempe pour être positif et bienveillant H24 ? Est-ce même possible ? Me concernant pas du tout. Je ne cache nulle part que je me transforme (de moins en moins) en dragon quand je sature de tout et que mes proches prennent mon épuisement et ses conséquences en pleine face ! Je fais tout de même en sorte de n’accuser personne, de n’humilier personne et de ne blesser personne. Et je m’excuse.

Alors pourquoi défendre un droit que tout le monde a encore ? C’est étrange. Qui va savoir que tu isoles ton enfant dans sa chambre ? Ton voisin ou ta conscience ? La délation a déjà tant progressé en France ? Ah oups pardon, ça devient un sport national. J’avais oublié l’espace d’un instant la collabo et les deux années que nous venons de vivre. Mea culpa.

C’est sur face de bouc que j’ai appris le schmilblick :

Les enfants libres

Quel remue-ménage/méninges. Ça ressemble à la bataille ultime entre le « c’est mieux comme ça » et le « c’était mieux avant ». Quand les recherches montrent les écueils de l’autoritarisme, c’est un genre de déni collectif de ne pas voir l’iceberg.

Je suis une fervente amie de la cause des enfants. C’est mon enfant intérieur qui me guide sur ce chemin. J’écris sur ce blog/site depuis 2013. J’avais commencé en 2012 suite à une convalescence. C’était loin d’être la mode de la bienveillance. J’avais même fermé ma page facebook pro tellement les commentaires étaient haineux.

Dans le milieu de la petite enfance, Christine Schuhl évoquait les « douces violences » depuis les années 2010. Je reconnaissais ce que j’avais vu quand j’étais petite sur le lieu de travail de ma mère et ce que je voyais dans les magasins, les parcs… Tous les endroits où j’observais toute ces violences envers l’enfant que les adultes appelaient « éducation ».

L’avis d’Héloïse Junier (La psy contre-attaque sur IG et FB)

Time Out

La réponse à la tribune = une lettre ouvert au président M.Macron. Ici.

Extrait : « 

Pourquoi est-il urgent de nous préoccuper de la qualité des pratiques parentales de notre pays ?

La frontière entre la maltraitance et la violence éducative ordinaire (VEO) est floue : justifier la violence par l’éducation ouvre la porte à des maltraitances encore plus graves. » Etc.

Pétition

Pour conclure

C’est lassant tout ça. Des pour et des contre et toute cette binarité. Entretuez-vous verbalement si ça vous chante. J’ai fini essayé de cesser de participer à cette gueguerre stérile. C’est souvent dur dur de lire des avis clairement maltraitant et même violent.
Ça va finir en pugilat et pour se protéger je m’installerai à l’abri pour vous regarder vous écharper, avec du pop corn.


Nous


La bienveillance en dessins

Quand j’ai découvert Bougribouillons et Fanny Vella, j’étais aux anges ! Enfin des dessins sur des situations concrètes ! Souvent les images parlent d’elles-mêmes. On dit bien « le poids des mots, le choc des photos ». Pour moi c’est pareil. Je visualisais enfin ce qu’il y avait dans ma tête, mes souvenirs, mon inconscient et aussi mes dénis. Grand MERCI à ces autrices de talent !

le talent de Fanny Vella

J’ai naïvement pensé que la cause des enfants ainsi représentée, serait mieux comprise. Oui ça touche des gens mais une majorité nous déballe la même marchandise d’un autre siècle, les mêmes arguments complètement dépassés et à côté de la plaque : « ça fait des enfants rois », « on a été éduqué comme ça et on n’en est pas mort« , « c’est ça l’éducation » et autres sempiternelles idées conçues par un patriarcat qui a la dent dure (et le tartre presque indélogeable).

Pour ces réfractaires au changement, c’est toujours la même rengaine, en boucle. Comme si de l’avoir vécu eux-mêmes et bien il n’y a aucune raison pour que les nouvelles générations ne le vivent pas. « Non mého ! j’ai été élevé à la dure et je remercie mes parents, sinon je serai un délinquant et on voit bien la recrudescence depuis Dolto« … Ah Mme Dolto, de l’autre côté, j’espère que ça vous fait rire… A ce propos, un fbkien m’a dit qu’elle était controversée. En fait, elle s’est surtout adressée à d’autres générations, dans un contexte précis. Voilà les raccourcis qui sont rabâchés à longueur de commentaires sur fb.

Si j’ai bien compris, des illustrations précises font réagir.

Par exemple :

  • Finir son assiette c’est essentiel = merci le forçage qui engendre tellement de malbouffe et de troubles alimentaires éventuels.
  • Prêter tous ses jouets, c’est vital pour ne pas devenir égoïste =c‘est vrai que notre société est un bel exemple de solidarité = chacun pour soi et dieu pour les bons et vrais religieux/selon fb. Ouf dans la IRL, c’est différent !!!
  • Surtout OBÉIR c’est indispensable sinon où va-t-on ? = On se le demande. L’obéissance c’est à l’armée et dans les forces de l’ordre. Les gardiens de la paix sont en voie d’extinction. Maintenant, on obéit sans rechigner à des ordres plus que contestables. Comme si la bienveillance et l’écoute respectueuse pouvaient amener l’anarchie.

Quant à la question du bisou, j’en ai aussi parlé un peu partout sur ce site notamment dans la sacro-sainte Politesse. Je vous partage un avis intéressant sur une fonction essentielle du bisou selon une fbkienne :

Je n’avais jamais vu le bisou sous cet angle. Ça m’aurait été difficile, n’aimant qu’à peine les contacts physiques. Je précise tout de même que le bisou, même si je ne l’aime pas, je ne l’ai jamais considéré comme mauvais. Quelque chose me dit que Fanny Vella non plus. On parle quand même d’être forcé à faire le bisou quand on n’en a pas envie et parfois à de parfaits inconnus. Y’a une nuance considérable. Dans mon expérience d’EJE et de mère, rares sont les enfants qui disent non aux bisous. Mes deux fils m’ont bisouillée dès leur plus jeune âge (surtout pour se soulager les gencives, pour être honnête) et aujourd’hui, les deux n’ont plus envie, avec personne. Rien à voir avec le fait que ce soit nouveau. Au contraire, ça ressemble plus à une forme de lassitude. Et puis depuis 2020, c’est « pas covid » et ça nous arrange.

Ma curiosité m’a fait chercher d’où vient ledit bisou, dit baiser à son origine : origines du baiser.

Chez les chrétiens, je cite : « Au premier siècle, Saint Paul de Tarse recommande : « Saluez-vous les uns les autres, par un saint baiser ». Paul n’est clairement pas mon préféré. Je trouve « ses écrits » misogynes et patriarcaux, et ça n’engage que moi.

Je ne vais pas reprendre tout ce que j’ai déjà patiemment répondu aux commentaires de la publication de Kombini qui donne la parole à Fanny Vella. J’ai déjà quasiment évoqué la plupart de ces sujets sur ce site et ce depuis des années.

Je me demande de quoi ont peur celles et ceux qui se cachent derrière cette violence à peine voilée. Définition du mot violence :

Selon l’OMS2, la violence est l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès.

Wikipedia

À votre avis, les VEO sont-elles de pures inventions exagérées ? N’y a t-il aucun changement possible dans les mentalités éducatives ? Est-ce une dérive de se questionner sur des pratiques éducatives du 20ème siècle ? Créons-nous une génération encore perdue ?

le talent de Bougribouillons

PROPOSITION DE LOI visant à lutter contre toutes les VEO

Si comme moi, le chemin de cette proposition de loi vous semble nébuleux, voici ma tentative de compréhension, suite à un petit tour sur le site du sénat.

N° 261 SÉNAT SESSION ORDINAIRE DE 2018-2019 Enregistré à la Présidence du Sénat le 22 janvier 2019

PROPOSITION DE LOI

visant à lutter contre toutes les violences éducatives ordinaires, PRÉSENTÉE Par Mme Laurence ROSSIGNOL, etc. Et les membres du groupe socialiste et républicain, Sénateurs et Sénatrices (Envoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d’une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Alors que les enfants sont des êtres fragiles, vulnérables et dépendants, sous couvert d’éducation ou de droit de correction, la loi ne les protège ni des coups ni des humiliations commises par leurs parents.

Or les recherches universitaires sont alarmantes : les atteintes à l’intégrité physique et psychologique des enfants ont des conséquences sur leur bien-être, leur santé et leurs apprentissages. Ce supposé droit de correction est par ailleurs un obstacle à toutes les politiques de prévention des maltraitances infligées aux enfants.

Comment indiquer un seuil en deçà duquel les punitions corporelles seraient acceptables et au-delà duquel elles deviendraient violence et maltraitance ? Il est donc indispensable de délivrer aux familles un message clair : on peut élever des enfants sans les frapper ni les humilier. Cette proposition de loi vise à compléter la loi n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant. Elle s’inscrit dans la mise en œuvre du 1er plan interministériel de lutte contre toutes les violences faites aux enfants (2017-2019) et renforce l’arsenal législatif de la France en matière de protection de l’enfance. Elle rehausse la conformité du pays à ses engagements conventionnels internationaux contractés par la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). En tant qu’État partie, la France est liée par le premier paragraphe de l’article 19 de la Convention :

« Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.».

Le rapport « Droits de l’enfant en 2017

Au miroir de la Convention internationale des droits de l’enfant » du Défenseur des droits1, sorti en novembre 2017, souligne avec force que l’interdiction des châtiments corporels se fait attendre : « le Défenseur des droits recommande que la prohibition des châtiments corporels dans tous les contextes soit inscrite dans la loi. Cette mesure devra nécessairement être accompagnée d’actions pédagogiques visant à sensibiliser le public à une éducation bienveillante et positive, ainsi qu’aux conséquences des violences de tous ordres sur les enfants, qu’elles soient physiques ou psychologiques. ». L’article unique de la proposition de loi vise à inclure dans la définition de l’autorité parentale l’interdiction des violences corporelles, et à inscrire ce principe dans le code civil. La portée symbolique et pédagogique de cette rédaction permet de lutter contre la méconnaissance du contenu des droits de l’enfant (également pointée par le Défenseur des droits et par les acteur.rice.s de la protection de l’enfance), en participant à lever les doutes d’éventuel.le.s témoins de situations de maltraitance. L’efficacité de cette proposition de loi repose avant tout sur la sensibilisation des parents et futurs parents, à travers des campagnes dédiées comme le prévoit la mesure 6 du plan interministériel de lutte contre toutes les violences faites aux enfants, « Promouvoir une éducation sans violence et soutenir les familles dans l’exercice de leur parentalité ». À cet égard, le Livret des parents2, outil mis à la disposition des parents et des futurs parents depuis 2016, explique que « Frapper un enfant (fessées, gifles, tapes, gestes brutaux) n’a aucune vertu éducative. Les punitions corporelles et les phrases qui humilient n’apprennent pas à l’enfant à ne plus recommencer, mais génèrent un stress et peuvent avoir des conséquences sur son développement.

Sans culpabiliser les parents qui, à un moment, n’ont pas imaginé d’autres solutions, il est possible de trouver des appuis dans les lieux de soutien à la parentalité pour une éducation sans violence. ».

Les conseils aux parents et les messages de prévention qui figurent dans les carnets de santé représentent également un levier propice de lutte contre les violences éducatives ordinaires.

Il ne s’agit pas de créer une sanction de nature pénale à l’encontre des parents : la rédaction proposée relève exclusivement du code civil, et affirme de manière claire que l’éducation des enfants ne passe pas par la violence.

 1 Ce rapport est consultable à l’adresse : https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/rae-2017.pdf2

Ce livret est consultable à l’adresse : https://www.caf.fr/sites/default/files/Le-livret-des-parents_0.pdf

Par cette proposition de loi, nous affirmons l’interdiction des violences éducatives ordinaires, l’illégalité des châtiments corporels et la nécessité d’une éducation bienveillante, seule à même d’assurer l’intérêt supérieur de l’enfant.

Proposition de loi visant à lutter contre toutes les violences éducatives ordinaires

Article unique Le deuxième alinéa de l’article 371-1 du code civil est complété par les mots : « et à l’exclusion de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux punitions et châtiments corporels »

Où en est donc cette proposition de loi ???

Les étapes de la discussion :

  • 1ère lecture Sénat 22/01/19

Nomination de rapporteur (29 janvier 2019)

Mardi 29 janvier 2019, la commission des lois a nommé Marie-Pierre de la GONTRIE rapporteur sur la proposition de loi de Laurence ROSSIGNOL visant à lutter contre toutes les violences éducatives ordinaires.

  • 15/02/19 travaux de commission
    Mercredi 20 février 2019, sur le rapport de Marie-Pierre de la GONTRIE, la commission des lois a proposé une nouvelle rédaction pour l’article unique de la proposition de loi de Laurence ROSSIGNOL visant à lutter contre toutes les violences éducatives ordinaires : elle affirme que « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».
  • 06/03/19 séance publique Mercredi 6 mars 2019, le Sénat a adopté la proposition de loi de Laurence ROSSIGNOL visant à lutter contre toutes les violences éducatives ordinaires, dans le cadre d’un ordre du jour réservé au groupe SOCR.
  • 1ère lecture Assemblée 06/03/19

Avez-vous compris ? Hum, en ce qui me concerne, j’en doute. ça reste très complexe. Quand je fais une recherche pour un semblant d’historique, le résultat est difficile à saisir même en fonction des dates. Entre ce qui a été adopté, soutenu, rejeté, en cours de lecture…est-ce promulgué ? Je vais devoir demander à des juristes ce qu’il en est du fameux « droit de correction » français !!

@jout : sur le site de l’OVEO c’est clairement expliqué.

La proposition de loi actuelle est en première lecture à l’Assemblée Nationale ? Mais n’est-elle pas déjà passée par là ? Ah non, pardon, c’est la loi contre les châtiments corporels et les humiliations qui a été annulée par les membres du Conseil constitutionnel en 2017 ou plutôt l’amendement contre la fessée censuré par le Conseil constitutionnel…

Il y avait déjà eu une tentative en 2010 : PROPOSITION DE LOI visant à abolir les châtiments corporels infligés aux enfants

Pour finir un extrait d’un article du Libé en 2013 :

« «Nous sommes des Latins», argumentent d’ailleurs les opposants, oubliant que l’Espagne, le Portugal, ainsi que la Grèce, ont voté l’abolition. L’Italie aussi nous devance : pas encore de loi, mais une décision de la Cour suprême pour l’interdiction absolue. Dans ces pays, l’opinion publique y était au départ défavorable, explique Elda Moreno, responsable de ces questions à la direction générale des droits de l’homme du Conseil de l’Europe. En Suède, où la loi a été adoptée il y a trente ans, 70% des habitants étaient initialement contre. Aujourd’hui, 92% sont pour. «Il faut le temps pour comprendre ce que signifie l’interdiction, dit Elda Moreno. Aucun parent n’a été envoyé en prison pour des gifles ou des fessées. Mais en Espagne, si on voit quelqu’un taper son enfant, on peut lui dire : « C’est interdit. » En France, c’est permis. Du coup, entre corrections et maltraitances, difficile de savoir où est la limite. Si l’on entend des coups et des pleurs d’enfant chez son voisin, qu’est-ce qu’on fait ?» »

28 mars 2019. Pas de bébés à la consigne

Demain, je ne manifesterai pas. J’ai souvent dit que je descendrai dans la rue, s’il le fallait. Mais je crois n’avoir jamais manifesté (peut-être avec mon père quand j’étais petite). J’ai voulu le faire, je n’ai jamais réussi. C’est trop. La foule, le bruit, la promiscuité… Je porterai un brassard en soutien à mes collègues. Je ne travaille plus en EAJE. J’ai fait ce que j’ai pu sur le terrain. ça m’a desservie en tous points, je préfère donc m’abstenir.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Arnaud Deroo, voici sa lettre au président, publiée sur FB. Merci à @peazpetiteenfance d’avoir relayé ! Je la partage ici pour les allergiques, comme moi, à ce réseau social. Pardon Arnaud, j’ai corrigé quelques coquilles et surtout j’ai précisé des règles « assouplies » pour les EAJE, au même titre que les MAM et micro-crèches, sinon l’accueil de qualité en pâtira trop dans ces petites structures !! Et personne ne le souhaite, pitié !

« Monsieur le président,

Je rêve de « toucher » votre cœur (mais est-ce possible ?), votre sensibilité, votre humanité pour vous faire comprendre combien s’occuper réellement, vraiment de la petite enfance et de la famille sont des enjeux capitaux pour notre avenir. Je dis souvent que s’occuper de la petite enfance, c’est faire du développement durable.

Nous sommes, paraît-il, dans le pays des droits de l’Homme et de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant Pour autant, par moment, nous pouvons en douter.

Il nous reste sincèrement des choses importantes à faire. En outre, quand j’écris ces mots nous n’avons toujours pas signé la loi contre les châtiments corporels et humiliations faites aux enfants alors que plus de 35 pays l’ont fait. Donner une fessée à un enfant semble encore être un acte éducatif admis dans notre pays.

Aparté personnel : mercredi 6 mars 2019, le Sénat a voté une loi qui interdit les violences physiques ou psychologiques à l’égard des enfants. A lire sur l’OVEO. Planète EJE

S’occuper du jeune enfant, du bébé, n’est pas qu’une question privée.

S ‘occuper du jeune enfant, du bébé est un sujet d’état.

Construire un nouveau monde s’élabore dès la petite enfance, dans le lien parent-enfant.

Maria Montessori (que vous avez mis de côté pour l’éducation Nationale) disait :

«si nous nous occupions des jeunes enfants différemment, le monde changerait»

C’est tellement vrai.

Respecter réellement le jeune enfant, offrir des adultes bien-traitants devrait être une cause nationale, mais depuis plusieurs gouvernements cela n’est pas une préoccupation.

Défendre un tel projet n’est pas utopique.

Les spécialistes de l’enfance (dont je fais partie) n’ont de cesse d’attirer l’attention sur l’empreinte fondamentale des premières années et les grandes personnes s’en moquent.

Ces spécialistes nous rappellent que, si les adultes représentent insécurité, incertitude ou encore manque d’amour et de tendresse, naîtront alors chez l’enfant non seulement des sentiments d’agressivité et de violences psychologiques contre lui-même, contre la société mais aussi des difficultés d’apprentissages qui entraînent ensuite de nombreuses dépenses.

De nos jours, les sciences humaines, neurologiques, voire quantiques, démontrent avec force combien ces postulats sont vrais. Mais la petite enfance n’est toujours pas une urgence.

Même les économistes, prix Nobel, déclarent que les problèmes économiques relèvent aussi de mécanismes affectifs.

Les comportements de violence, de furie que nous vivons depuis quelques temps trouvent aussi leurs origines dans l’éducation et cette cause est rarement évoquée.

Une éducation bienveillante, respectueuse de l’enfant ne fabrique pas des terroristes.

Se « faire sauter » est vraiment un signe de non-respect de soi et des autres.

S’aimer et respecter l’autre s’apprend dès les premières années. Non dans la soumission, obéissance, autoritarisme mais dans le respect et l’amour.

Nier ses connaissances, ne pas mener une politique petite enfance sérieuse et efficace conduisent non seulement à des résultats douloureux générant de grandes détresses sur de longue périodes pour les enfants comme les familles, mais aussi à l’élaboration de politiques coûteuses, erronées, pensées seulement en termes quantitatifs et curatifs.

Donc, il est du devoir des adultes de susciter l’épanouissement de l’enfant dans un contexte familial et sociétal propice à son développement et ce dès les premiers pas dans notre monde. C’est loin d’être le cas, et il semblerait que vous ayez des projets qui ne vont pas dans le bon sens. Si tel est le cas j’aurai perdu toute confiance en ces gouvernements qui se suivent.

Aimons et respectons réellement nos tout-petits.

Je vous demande, Monsieur le président, et je pense que de nombreux professionnels de l’enfance me suivent dans ces demandes :

  • De remettre le taux de qualification dans les structures à 50%. Le gouvernement, sous M. Sarkozy, a baissé la qualification dans l’accueil des enfants en crèche, je pense que cela ne voit dans aucun corps de métier…
  • De revoir le taux d’encadrement à 1/5 pour les marchants comme pour les non-marchants. Un.e auxiliaire doit actuellement s’occuper de 5 bébés. Imaginez-vous ce que cela représente ? Nous jouons avec la sécurité de base de nos enfants (bombe à retardement)
  • D’instaurer l’obligation de trois journées de formation en intra par an pour toutes les structures d’accueil.
  • D’organiser au rythme d’une fois tous les deux mois sur 2H des temps d’analyse de pratique si indispensable pour un accueil de qualité.
  • De revoir le financement des structures ; la fameuse PSU alourdit le travail et fait oublier les fondamentaux de l’accueil et fragilise la sécurité psychique des enfants.
  • De poser pour les MAM, micro-crèches, les mêmes règles de fonctionnement (assouplies) que pour l’accueil collectif.
  • De réfléchir à la retraite des professionnels de l’enfance : la difficulté de leurs fonctions n’a pas été prise en compte dans la réforme des retraites, ce qui me paraît aberrant devant la fatigue psychique et physique de ces professionnels (ces professionnels peuvent faire 35H en présence des enfants alors que d’autres professionnels, comme les enseignants n’ont pas le même temps en présence des enfants, la fatigue est autant importante)
  • De revoir la grille salariale de ces salariés. Il y a quelque-chose d’indécent, d’irrespectueux de proposer aux adultes qui s’occupent de nos enfants des salaires si peu valorisant. Un professionnel de la petite enfance a autant de valeur, si ce n’est plus qu’un trader ou commercial.
  • D’imaginer le passage des structures petite enfance sous le ministère éducation et de donner la gestion des classes maternelles aux éducateurs de jeunes enfants, beaucoup mieux formés que les enseignants a cette tranche d’âge
  • Et je ne vous parlerai pas des locaux, qui dans certains lieux relèvent d’une non considération pour les enfants.

J’ai rêvé à un ministère petite enfance, j’en ai rêvé…Mais rien.

Je serai honoré de vous parler de tout cela lors d’un entretien et je serai ce 28 mars face au ministère de la solidarité pour soutenir ces professionnels.

Recevez monsieur le président, mes respectueuses salutations, et s’il vous plaît soyez enfin un gouvernement qui écoute la voix des professionnels petite enfance.

Les jeunes enfants ne nous doivent rien, nous sommes leurs obligés. »

M. Deroo Arnaud