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L’EJE suffisamment bonne

C’est un métier qui manque de reconnaissance notamment parce que les premières années de l’enfance sont souvent considérées comme banales. « De toute façon, les jeunes enfants oublient »… 

Certes, la mémoire s’efface année après année. Il s’agit d’une mémoire spécifique. https://lasujets.com/developpement-cognitif-du-nourrisson/

Pourtant, ce que les bébés et jeunes enfants construisent est primordial et forme une base pour la vie : l’attachement.

L’EJE n’est pas censée {pendant des décennies le masculin l’a emporté, alors qu’il est minoritaire dans le métier} favoriser l’attachement. Elle en accompagne la construction.

Chaque année, je me réjouis qu’un.e enfant se détache, pour explorer le monde et accorder sa confiance à tous les membres de l’équipe. Pas à une seule professionnelle.

C’est ça, pour moi, l’essence de l’EJE suffisamment bonne. À l’instar de Winnicott, l’EJE sans jamais être la principale figure d’attachement, n’en fait ni pas assez, ni trop. Elle est là. Elle voit, elle regarde, elle accueille, elle EST au maximum. Elle FAIT le minimum = un phare. Elle éclaire sans éblouir. Sa lumière n’éteint celle de personne d’autre, pas celle de ses collègues, encore moins celle des familles.

Si ça arrive {c’est du déjà observé et vécu } alors il est primordial de repenser et rectifier sa place pour que la famille garde la sienne. Un enfant plus attaché à une ou des professionnelle.s qu’à ses parents, c’est questionnant quand ça dure. Effectivement certains enfants passent plus de temps à la crèche (5/7j de 7h30 à 18h avec 5 semaines de vacances, voire moins) qu’avec leur famille. Le risque est possible. En général, quand un cadet arrive dans la famille, l’attachement aux parents reprend avec vigueur. La professionnelle retrouve alors sa place : temporaire et de passage. Et parfois sans souvenir.

C’est peu gratifiant sur le long terme et en même temps ça l’est tellement au quotidien, avec une intensité inégalée. C’est de l’amour (oui, quoi d’autre ?) pur et inconditionnel.

Sans amour, travailler avec des enfants est impossible. Ça devient une corvée.

Pas encore lu

Que peut faire une doula ?

Pas d’cape !

Dans les Indestructibles, le sort des super-héros est mis à mal. Porter assistance à personne en péril (mais qui n’a rien demandé) devient interdit.

Pas de SOS = Pas de détresse = range ta politesse, ta compresse, ta promesse, ta largesse et ta tigresse.

Après l’avoir visionné plusieurs fois (merci les enfants), j’ai compris que c’était pareil dans la vraie vie. Même quand il s’agit de tout autre chose que de sauver des vies.

Savoir lire entre les lignes des lois du domaine médical

Dans des contextes spécifiques, tel que l’accouchement – pour ce qui concerne la doula – les conseils, la présence, l’aide, le soutien ne sont possibles que s’ils sont encadrés par le médical. Une doula peut accompagner une famille, si et seulement si il y a un suivi médical. C’est la loi ou plutôt l’absence de loi. Cela signifie que ses domaines de compétences se situent en dehors de l’exercice de la médecine. Pour faire court : c’est illégal de conseiller et d’agir tout autour de la santé de la femme et de l’enfant. Ça tombe bien parce que la doula ne revendique pas du tout le côté médical, bien au contraire.

Pour rappel : une femme enceinte n’est pas en péril. Elle est vulnérable. « La personne vulnérable est définie comme « un mineur de 15 ans ou une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse » (Code pénal, art. 434-3)…La grossesse ne crée a priori aucune vulnérabilité psychologique. La vulnérabilité est donc ici physique. »

La doula se situe en périphérie et c’est déjà beaucoup, surtout quand les sages-femmes n’ont plus suffisamment de temps pour. Anne Leroy a levé le voile.

Mais que peut faire la doula alors ? Que propose-t-elle ?

Chaque doula accompagne en fonction de ses valeurs, couleurs, capacités, limites. Pour le moment, je me cherche. Doulamssétou proposera essentiellement une écoute et une présence actives, dans tous les domaines (SAUF le médical, et ça m’arrange parce que même l’EJE était mal à l’aise avec cet aspect.) C’est évident pour moi, que je ne proposerai pas un catalogue de produits en supplément de mon savoir-être. La société change. J’ose espérer que la multi-variété consumériste ne sera plus le seul critère de choix. Cela signifie que bien que je sois ouverte à tous les possibles, je suis loin d’être une experte en tout. Je saurai guider vers quelqu’un.e qui sait faire si je ne sais pas.

Ma p’tite expérience

Quand j’étais enceinte, par deux fois j’ai vécu la solitude. Une simple oreille bienveillante m’a cruellement manquée à des moments cruciaux de ma première grossesse. Pourtant j’étais entourée, mais c’était dispersé, ponctuel. Souvent j’avais besoin simplement d’une présence, pas de conversations. Pour le premier post-partum (=après l’accouchement) ça a été pire et tellement douloureux. J’ai eu des rdv, j’ai reçu des visites de professionnels, d’amis, de copines, de connaissances et PERSONNE n’a repéré la spirale dans laquelle j’étais prisonnière pour mon premier enfant. Je me rappelle de moments clés ou dans ma tête ça hurlait « mais tu ne vois pas que je vais mal !!! » Mon conjoint, heureusement a été « doulo » pour le second post-partum. Sans le savoir, il a été présent. Il a su m’épauler. Il a dit ce qu’il fallait dire. Il m’a soutenue dans la moindre de mes faiblesses et de mes forces. Comme un pilier dans les prémices d’un cyclone qui a fini par changer de trajectoire. C’est ainsi, qu’une deuxième dépression post-partum a été évité. Reconnaissance éternelle.

Voilà ce que représente une doula pour la moi d’il y a 21 ans. Aujourd’hui ce serait sensiblement pareil. Je m’efforcerai donc d’entendre les familles qui feront appel à moi. Je serai attentive à l’explicite autant qu’à l’implicite.

Oui…mais non

Cœur de doula

Cœur de doula de Sandrine Lebrun

J’ai profité d’un long trajet pour le lire, presque d’une traite. Ce n’est pas le genre de livre que je peux lire en plusieurs fois, ; sinon, j’arrête de m’alimenter et de m’occuper du reste… mon monde cesse de tourner quand je lis un livre-pépite. Cœur de doula en est un, en toute subjectivité puisque je parle de mon ressenti.

C’est, en effet, le livre à lire pour découvrir et pourquoi pas s’ouvrir à cette activité qui émerge depuis la fin du 20ème siècle et qui pourtant existe depuis toujours, ne portant souvent pas de nom à proprement parler.

Ce qu’en dit Wikipedia : « La doula ou accompagnante est disponible pour le couple dès la grossesse, pendant l’accouchement et parfois jusqu’à plusieurs mois après la naissance. Elle apporte un soutien émotionnel et pragmatique, offre une écoute, répond aux questions, discute des problèmes rencontrés et aide à trouver, si possible, des solutions. »

J’évite soigneusement de dévoiler le contenu des livres qui nourrissent mon âme. Quand un livre m’attire, je regarde parfois les avis des autres. Souvent je me fie à mon intuition et elle ne se trompe que rarement.

Les futurs parents et les parents ne savent pas tous qu’il leur manque un lien, une transmission, une présence, tout simplement. Une figure disponible et à l’écoute. La doula remplit ce rôle depuis la nuit des temps. Elle était soit la mère, la grand-mère, la sœur, une femme du village…une femme de l’entourage proche ou moins proche de la future mère.

Si vous ressentez ce manque, ce vide, la doula peut vous guider vers ce qui le comblera et qui est déjà en vous.

Je ressens la doula comme le kintsugi japonais, dans le sens où elle crée du lien. Elle permet aux couples de combler ses « fissures » sur la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, la parentalité…« La philosophie du Kintsugi peut vous accompagner tout au long de votre processus de guérison, jusqu’à retrouver vous-même votre unité et tout votre éclat. »

Je pense, et cette pensée ne tient qu’à moi, que je suis née doula. Avec un passé d’ancêtres liés à l’esclavage (des deux côtés : esclave et esclavagiste), me rendre disponible pour servir le couple, la femme enceinte, les futurs parents et les tous nouveaux parents, prend tout son sens et équilibre les lignées.

N’étant pas formée spécifiquement à l’accompagnement autour de la grossesse, j’offre néanmoins mes compétences aux couples, dès le désir d’enfant pour répondre à leurs questionnements sur les différentes étapes qui amènent à la parentalité. Je me base sur ma formation d’éducatrice de jeunes enfants, spécialiste de la psychopédagogie, du développement de l’enfant, sur mes diverses expériences personnelles de mère et professionnelles auprès de femmes enceintes.

Pour approfondir :

Association doulas de France

A fleur de naissance

Connaissiez-vous la doula ? Qu’est-ce qu’elle vous inspire ? Je lirai avec plaisir vos commentaires.