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Et si j’étais laxiste ?

Un jour, j’ai écris dans un blabla que le laxisme est la cible à atteindre/abattre dans l’éducation. Je me suis trompée. Parce que j’ai vérifié la définition trop tard. J’ai cru en la pensée dominante.

Ça fait un moment que je suis Laurence Dudek sur face de bouc. J’ai souvent grincé des dents et résisté à la lecture de ses publications. Sûrement une couche récalcitrante du patriarcat qui s’est sentie en danger.

Je comprends d’autant plus cette guéguerre actuelle entre les pour et les contre. J’y étais encore embourbée.

Sa dernière publication a fini de m’ouvrir les yeux sur ma pseudo-liberté de penser.

S’il y a une seule et unique cible à atteindre/abattre dans l’éducation c’est la violence.

Qu’est-ce qui me fait retourner ma veste ?

Déjà le changement de saison.
Et aussi, je permets souvent, sans conditions. C’est d’ailleurs le propre de l’amour inconditionnel. Je suis donc permissive.
J’ai permis à mes fils de pleurer, de vivre à poil aussi longtemps que possible, de porter des chaussures le plus tard possible : au moment de la marche pour protéger leurs pieds. J’ai permis qu’ils mangent avec les mains, qu’ils fassent pipi et caca dehors quand aucune autre solution n’était possible. Je suis donc laxiste aux yeux de la bien-pensance.

@jout : Il m’est dit dans l’oreillette que c’est insuffisant pour être taxée de laxiste. Autant pour moi, j’ai laissé mes fils (surtout le second, j’étais plus détendue) :

  • et le laisse encore dormir avec moi . Le 8 ans, parce que le 22 ans est enfermé dans sa chambre la plupart du temps, il a sûrement eu son quota.
  • marcher et sauter et rouler à draisienne dans les flaques.
  • Monter une pente de toboggan avec sa trottinette !! (Précision : il n’y avait personne d’autre/ on n’est pas si dérangé que ça !!)
  • Manger un truc juste avant le dîner (bouh c’est mal !!!)

On me dit dans l’oreillette que ce n’est pas non plus un concours. Faudrait savoir !!!

Bref. Je suis laxiste et je ne le savais pas.

Ou plutôt j’en avais peut-être honte. C’est d’ailleurs paradoxal car en tant que professionnelle de la petite enfance, je suis fière de permettre aux enfants de crier (de préférence dehors), de monter sur les tables, de laisser monter le tobbogan par la pente…

Je laisse faire « n’importe quoi » Bougribouillons

Comme quoi, tout est possible. Si c’est si péjoratif c’est parce que c’est confondu avec l’indifférence. Pourtant la différence est de taille.

J’aime les gens qui me font grandir. J’ai, encore une fois, dépassé ce sentiment si envahissant de la culpabilité. Ça m’évite ainsi d’attaquer quelqu’un.e seulement parce que ses idées me chiffonnent. C’est un long chemin que de se défaire du conditionnement de la culpabilité. Mais quel soulagement quand j’y parviens !!! J’ai l’impression d’être plus légère, moins acrimonieuse.

Pour conclure :

J’ai besoin de temps pour me faire à cette idée. Ce n’est pas si simple de perdre une couche de connerie.

Laurence Dudek

« Monte dans ta chambre ! »

C’est ce que demande/ordonne le père de Robert à son fils quand il se met à table avec sa colère.

Grosse colère de Mireille d’Allancé

Un classique

Des EAJE et écoles maternelles. J’avoue que je n’ai jamais été choquée par le fait que Robert soit sommé de s’isoler dans sa chambre « pour se calmer ». C’est un conditionnement qui me parait encore « ordinaire » dans l’éducation.
Je ne saurai donner d’âge à Robert. Il rentre seul le soir de son cours de tennis. C’est l’heure de dîner. J’imagine qu’il a au minimum 7 ans.

@jout : il est en capacité de raisonner un minimum. Quand « j’isoles » un enfant à la crèche (moins de 3 ans). Je reste près de/avec lui. Je pose des mots sur la situation. Je reste disponible s’il a besoin de contenance. Souvent l’enfant pleure fort et un court moment. Puis il s’apaise et passe à autre chose. Par contre, il est souvent contre-productif de l’enfermer dans une pièce complètement fermée. Il est obligatoire d’avoir un œil et même une présence avec lui/elle.

Quand c’est possible, ça donne ce résultat.

Quel est le problème ?

Loin de moi l’idée de juger ce père fictif qui est peut-être seul à s’occuper de son fils (ou alors seulement ce soir-là). Il a peut-être passé sa soirée à préparer le dîner : il est dessiné dans la cuisine, avec un fouet à la main et ensuite il tient un plat avec des maniques.
Qu’aurait-il pu faire ? Arrêter de préparer le dîner et faire un gros câlin à son fils ? Est-ce que ça aurait arrêté-là l’histoire ? Est-ce que c’est plus salutaire à Robert que cette colère sorte un bon coup (avec les dégâts occasionnés) ? Je suis bien mal placée pour le savoir. Qui a la réponse ? C’est du cas par cas. Je ne connais pas Robert comme son père le connaît.

Je n’ai aucun souvenir d’avoir ordonné à mes fils d’aller dans leur chambre «  pour se calmer ». Pour jouer oui, et ce n’était pas un ordre. C’était pour faire le ménage dans le salon par exemple ou pour parler entre adultes. Aucun souvenir non plus d’avoir été obligée d’aller dans la mienne. J’ai eu une chambre à 13 ans et j’y passais le clair de mon temps, tellement ravie d’avoir enfin mon espace privé.

La Tribune



C’est cette fumeuse tribune hallucinante qui m’a fait penser à cette histoire (Souvent réclamée, ces derniers jours à la crèche) . Une tribune pour défendre le droit à isoler un enfant dans sa chambre. Je vous laisse la chercher. Pas envie de lui donner du crédit.

Ça me parait sidérant, parce que la loi passée en 2019 n’est que préventive. Aucune sanction n’est encore prévue contre les Violences Éducatives Ordinaires. C’est une information ajoutée au discours lors d’une union entre deux individus qui éventuellement souhaiteraient accueillir un enfant.
Pour moi une injonction c’est une loi et/ou un ordre et/ou une phrase qui commence par « tu dois » et « il faut que ». Le reste c’est notre interprétation.

Légifrance

Ça va comme loi. C’est une information affirmative, certes mais je n’entrevois aucune menace là-dedans. Tout au plus, une prise de conscience. Évidemment si les adultes n’en tiennent pas compte, la loi deviendra peut-être répressive. Ça devient français.

Le côté obscur de la Force

Se sentirait-il menacé par la Bienveillance et la « Positive attitude» ? Il parait que c’est « à la mode » et même un peu trop et même ce serait devenu une injonction de rester positif et bienveillant.

Je me pose souvent la question : qui nous force ? A part nous-mêmes ? Y a t-il quelqu’un.e qui nous met un révolver sur la tempe pour être positif et bienveillant H24 ? Est-ce même possible ? Me concernant pas du tout. Je ne cache nulle part que je me transforme (de moins en moins) en dragon quand je sature de tout et que mes proches prennent mon épuisement et ses conséquences en pleine face ! Je fais tout de même en sorte de n’accuser personne, de n’humilier personne et de ne blesser personne. Et je m’excuse.

Alors pourquoi défendre un droit que tout le monde a encore ? C’est étrange. Qui va savoir que tu isoles ton enfant dans sa chambre ? Ton voisin ou ta conscience ? La délation a déjà tant progressé en France ? Ah oups pardon, ça devient un sport national. J’avais oublié l’espace d’un instant la collabo et les deux années que nous venons de vivre. Mea culpa.

C’est sur face de bouc que j’ai appris le schmilblick :

Les enfants libres

Quel remue-ménage/méninges. Ça ressemble à la bataille ultime entre le « c’est mieux comme ça » et le « c’était mieux avant ». Quand les recherches montrent les écueils de l’autoritarisme, c’est un genre de déni collectif de ne pas voir l’iceberg.

Je suis une fervente amie de la cause des enfants. C’est mon enfant intérieur qui me guide sur ce chemin. J’écris sur ce blog/site depuis 2013. J’avais commencé en 2012 suite à une convalescence. C’était loin d’être la mode de la bienveillance. J’avais même fermé ma page facebook pro tellement les commentaires étaient haineux.

Dans le milieu de la petite enfance, Christine Schuhl évoquait les « douces violences » depuis les années 2010. Je reconnaissais ce que j’avais vu quand j’étais petite sur le lieu de travail de ma mère et ce que je voyais dans les magasins, les parcs… Tous les endroits où j’observais toute ces violences envers l’enfant que les adultes appelaient « éducation ».

L’avis d’Héloïse Junier (La psy contre-attaque sur IG et FB)

Time Out

La réponse à la tribune = une lettre ouvert au président M.Macron. Ici.

Extrait : « 

Pourquoi est-il urgent de nous préoccuper de la qualité des pratiques parentales de notre pays ?

La frontière entre la maltraitance et la violence éducative ordinaire (VEO) est floue : justifier la violence par l’éducation ouvre la porte à des maltraitances encore plus graves. » Etc.

Pétition

Pour conclure

C’est lassant tout ça. Des pour et des contre et toute cette binarité. Entretuez-vous verbalement si ça vous chante. J’ai fini essayé de cesser de participer à cette gueguerre stérile. C’est souvent dur dur de lire des avis clairement maltraitant et même violent.
Ça va finir en pugilat et pour se protéger je m’installerai à l’abri pour vous regarder vous écharper, avec du pop corn.


Nous


Petit rappel de définitions

J’ai souvent remarqué que les mots ont le sens que leur donne leur utilisateur. C’est gênant dans une conversation ou un échange sur les réseaux sociaux.

Quand j’étais à l’école, j’ai appris à utiliser un dictionnaire. Dans un dictionnaire, il y a tous les mots de la langue française et chaque mot a une définition, avec parfois plusieurs sens, selon un contexte.

Il me semble que trop de mots perdent leur sens initial et sont utilisés à toutes les sauces, sauf la-leur.

Je commence par celui que je considère comme un gros mot. Son utilisation est le plus souvent péjorative et cible uniquement le comportement de l’enfant quand l’adulte est responsable à 100% de ce qui arrive.

Rappel de définition : CAPRICE

Je l’attribue à des célébrités qui surjouent, en mode diva. Par exemple Unetelle qui a exigé de se laver les cheveux avec de l’eau minérale en bouteille. Autres caprices ici.

Puisque ce mot existe encore et toujours dans le champ de la petite enfance, voici la définition que je préfère, trouvée sur face de bouc. Grand merci à son autrice Mélody Sweetlove.

Les enfants n’ayant pas la capacité neurologique d’obtenir ce qu’ils désirent (pas ce dont ils ont besoin) en contraignant et/ou menaçant leur entourage, j’estime que ça ne les concerne pas.

Rappel de définition : BIENVEILLANCE

Je ne saisis pas en quoi éduquer avec bienveillance pourrait engendrer une catastrophe éducative future.

Rappel de définition : ENFANT ROI

Il me paraît important de préciser que ce terme date des années 68 dans sa signification péjorative, elle aussi.

L’enfant roi définition

Rappel de définition : POSITIF

L’éducation dite positive :

Son histoire : « Également appelée « parentalité » ou « parentalité positive ». C’est une éducation qui vise à accompagner l’enfant afin qu’il se développe affectivement et socialement. Tout au long de son enfance, il sera soutenu par ses parents qui lui accorderont bienveillance et confiance. Le but de ce concept est de réveiller chez l’enfant sa confiance en lui, son sens de la responsabilité pour le rendre beaucoup plus épanoui. 

L’éducation positive est un concept récent, mais avant qu’il ne soit mis au point, de nombreux psychologues, pédagogues et éducateurs se sont penchés sur le sujet pour assurer le développement de l’enfant. Une des précurseurs les plus célèbres de ce concept fut Maria Montessori (1870-1952) qui a donné naissance à un système d’éducation bien particulier que de nombreux établissements scolaires appliquent jusqu’à nos jours. 

Ce n’est que dans les années 70 que le psychologue Marshall B. Rosenberg véhiculera pour la première fois le terme d’éducation positive. Comme son nom l’indique, ce concept repose sur la non-agressivité des paroles adressées à l’enfant et sur l’empathie. En d’autres termes, il s’agit de ne pas lui crier dessus, de ne pas porter de jugement et de favoriser le dialogue et la compréhension. »

Les bases de l’éducation positive

  • Des parents qui prennent soin d’eux
  • Les enfants ont des émotions
  • Avoir de la bienveillance
  • Être ferme

Peut-être que j’interprète mal ce que je lis, mais je ne vois pas le rapport entre l’éducation positive et le phénomène d’enfant-roi.
Comment vouloir du bien en reconnaissant les émotions de nos enfants ; en leur expliquant fermement ce qui est possible ou pas, ; en sanctionnant quand la règle n’est pas respectée ; comment un enfant pourrait devenir toxique avec du positif ?

Si quelqu’un.e a une réponse argumentée et sourcée, ça m’intéresse. Attention, je ne parle pas de surinvestissement éducatif qui fait de l’enfant le centre de l’attention, ni de laxisme qui est une attitude permissive et décourageante.

Je remets ça là pour visualiser la différence :

il manque le surinvestissement parental.


Souvent dans les « débats », discussions, échanges sur les réseaux sociaux, les « haters » (pardon mais je ne vois pas comment les qualifier tellement ils sont certains que l’éducation « normale » comporte obligatoirement du négatif, de l’obéissance et souvent la fessée « parce qu’on en n’est pas mort » pardi !) me qualifient de « perroquet » et m’accusent de brandir des concepts dangereux pour les enfants et donc de compromettre l’avenir de la France. C’est pas rien quand même.

Je les invite ici, en commentaire, à discuter de l’intérêt du mot « caprice » dans l’éducation et de partager ce qu’ils reprochent à la bienveillance et à la parentalité positive.

Merci d’avance pour vos lumières.



<3 Norbert l’Épouvantail<3

💛 Coup de cœur de la soirée : 3 livres. 3 aventures de Norbert, un épouvantail extraordinaire et ses touchants amis.💛

Choisi sur le site internet de la médiathèque (plus le droit d’entrée sans passe. OUI, je l’écrirai jusqu’à ce que cette hérésie s’arrête). Limitée à une nouveauté en ligne. Sur place (click&collect devant l’entrée), la médiathécaire a accepté volontiers de nous prêter les 3 en une seule fois. A notre grande joie !!!

J’étais tellement enthousiaste à leur lecture. Tellement émue ! Les pépites à mon cœur sont rares.

En ces temps étranges, quand je regarde le monde, il m’arrive, trop souvent à mon goût, de me demander ce qu’il reste d’espoir. Quand je lis des livres différents, comme ces trois-là, et j’espère beaucoup d’autres, je me dis que tout n’est peut-être pas perdu.

Norbert l’épouvantail

Les enfants, pour la plupart, parviennent à garder leur joie innocente. J’ignore comment ils font au milieu de ce raffut « mondial » et avec tout ce qu’ils subissent.

Romain a apprécié ces trois lectures et a beaucoup ri en répondant aux questions à la fin des histoires. Nous avons passé un doux moment, serein et joyeux à remplir nos seaux respectifs.

@jout : le lendemain pour s’entraîner à la lecture, il a voulu lire « la belle histoire ». Lui et moi avons découvert qu’il lisait avec plus d’aisance cette police d’écriture et qu’il faisait les liaisons sans même y penser. Alors que c’est encore haché et hésitant avec les « Sami et Julie » du CE1 (pour comparer). Il s’est senti en confiance et tout content de pouvoir lire de façon fluide. Il m’a dit qu’il trouvait que c’était plus facile parce que c’était moins petit. Mais quand je regarde, la taille est la même…

Ces histoires ne servent pas de fuite devant un monde qui déraille. Elles permettent que le monde change. Les contes emplis d’altruisme véhiculent un message que l’humanité semble oublier : la bonté sauvera le cœur des humains afin qu’ils re-deviennent des êtres humains.

Est-ce naïf d’y croire ou de s’y accrocher ? Celles et ceux qui pensent que oui ont peut-être trop de certitudes. Et d’après un grand philosophe :


https://youtu.be/5DBYiPla-iM

Merci Isabelle BRAMME-ABELLO et Emma DARCY et à tous ceux qui les ont inspirés ! J’ai raté la campagne Ulule et en même temps je les ai découverts et c’est bien l’essentiel !!

« C’était mieux avant ». Vraiment ?

La fumeuse fameuse théorie du « bon vieux temps ».

J’aurai bientôt 42 ans. Ça fait des années que j’entends gémir : « les enfants sont pires qu’avant ». Même quand j’étais petite. Wikipedia dit « la durée d’une génération humaine correspond généralement au cycle de renouvellement d’une population adulte apte à se reproduire, à savoir environ 25 ans ». Les enfants « sont pires » depuis un peu plus d’ 1 génération (2 dans 8 ans). Mais c’était déjà « pire » quand mes parents étaient petits, eux aussi ! Donc ça fait 3 générations que ça dure.

« Avant, c’était plus simple, ils obéissaient ». Ah oui, la peur, en général ça fait obéir. La crainte des réactions de l’adulte mène loin… Dernièrement la justice a même parlé de consentement dans une affaire qui tourne vraiment au vinaigre. C’est hors sujet, mais ça me révulse.

« C’est dangereux d’enseigner à un enfant qu’il n’a pas d’autre choix que de faire ce qu’on lui dit ».

Qu’est-ce qui a bien pu changer ?

Peu de choses, à mon sens. En fait, il n’y a aucune comparaison possible entre l’enfance des uns et celle des autres. Le seul point commun (en France), c’est le même système éducatif, il date du siècle d’avant le siècle dernier, il est presque préhistorique, obsolète, ancien. Un nouveau regard, mal perçu (qui peut se vanter d’être prophète en son pays ?) : Céline Alvarez.

Ce qui m’exaspère c’est d’entendre que c’est la faute de la Bienveillance,

souvent confondue avec le Laxisme. Pourtant, quand mes parents me racontent leur enfance, c’est loin d’avoir été bienveillant et jamais laxiste, alors…?

Alors, je n’ai aucune réponse qui serait la vérité, ce serait ma vérité. Ce que je souhaite défendre ici, c’est la Bienveillance. Jamais, elle ne peut être la cause de quoique ce soit.

S’il y a des responsables, je pointerai la violence qu’elle soit ordinaire ou pas, le manque d’amour, le manque d’attention individuelle, l’absence d’estime de soi, la soumission, l’obéissance…

Le monde a toujours été celui qu’il est mais dans des contextes différents. Aujourd’hui, il est possible de savoir même ce que nous ne souhaitons pas connaître. Tout est médiatisé. Tout peut se savoir, sauf  l’essentiel, bien souvent.

Si le passé des criminels, des délinquants, des dictateurs… est un minimum creusé, passé à la loupe, il sera systématiquement trouvé une trace des responsables, quasiment toujours. Je suis sûre que c’est rare qu’un enfant qui reçoit suffisamment d’amour, d’attention, de protection, de respect de ses besoins…finira en prison ou hurlera sur ses propres enfants pour se faire entendre. La Résilience permet à certains de s’en sortir, heureusement.

Récemment, devant l’école de mon fils, j’ai assisté à une scène qui m’a profondément heurtée. Je n’ai rien dit, ni rien fait. Une maman s’est rendu compte que son fils de 3 ans avait renversé de l’eau sur son pantalon (il avait essayé de boire quand elle conduisait). Sans aucune gêne, elle lui a dit « Put**in, tu fais chi** ! » et s’en est suivi une flopée de paroles qui m’ont toutes atteintes au cœur après que la première m’ait complètement sidérée (la sidération qui empêche totalement d’agir).  » y’a pas un jour, où tu ne fais pas une connerie », « tant pis pour toi, les copains diront que tu as fait pipi, bien fait »…j’en passe et des pires. Et lui, il lui entourait les jambes de ses touts petits bras, il lui faisait plein de câlins. Cet enfant aime sa mère, c’est flagrant. Il n’a pas peur d’elle, tout ce qu’il semblait vouloir c’est son amour en retour…elle ignorait ses marques d’affection en continuant à lui dire sa colère. C’est sa façon de l’aimer, de lui parler, c’est comme ça chez eux.

C’est une des scènes, au hasard, auxquelles j’assiste régulièrement. Trop souvent à mon goût. Ça m’a amenée à fuir les lieux publics aux heures d’affluence, autant que possible. Je me sens tellement impuissante et touchée par autant de violence ordinaire…bah oui, mais elle ne fait rien de mal cette maman, rien de répréhensible. En France, c’est même normal; ça s’appelle « éduquer mon enfant, comme je veux », sans trop se soucier de ce que l’enfant reproduira en collectivité. C’est moi qui suis hypersensible, c’est vrai. Et quand mon cadet rentre de l’école en me disant « l’école c’était bien, mais il y a des autres qui me tapent »…je suis désemparée et on me rétorquera qu’il apprend la vie…

Pour revenir à cet enfant, comment se comportera t-il et parlera t-il en grandissant ? Personne ne peut deviner…mais quand j’entends des enfants dire les mêmes mots à d’autres enfants…d’où ça peut bien venir, hein ? Serait-ce le fruit du hasard ? Bien sûr que non. Un enfant pense que son quotidien est classique. La façon de parler de ses parents et de son entourage le façonne. Il n’y aura rien d’étonnant à ce qu’il se comporte de la même manière avec les autres. Et le plus sidérant, c’est qu’il se fera « reprendre » à cause de sa façon de faire…qui est tout simplement celle de ses parents. Je sais qu’il a des difficultés sociales (et c’est peu dire, puisqu’il mord et donne des coups de fourchette, entre autres). Le souci c’est qu’il se heurte à une autre façon de faire. En collectivité, il est interdit de faire mal à l’autre, que ce soit physiquement ou verbalement. Il finira par comprendre, ou pas. Cela demande énormément de disponibilité de la part des professionnels de la petite enfance et des enseignants qui ont tellement plus intéressant à apporter aux enfants.

Je pense, naïvement, que transmettre la Bienveillance pourrait changer la donne, mais c’est sans compter ses détracteurs qui crient au loup : « la bienveillance nous amène à la société d’aujourd’hui et on voit bien le résultat : l’absence de respect, l’ignorance des limites etc. ! » Mais enfin, NON ! La Bienveillance, en comparaison de la violence est toute jeune (je cherche son origine), en tous cas, avec autant d’ampleur. Pourtant, elle a déjà des ennemis. C’est sa faute si on en est là.

pareil pour l’humiliation et la moquerie

Ces personnes se trompent de cible. Nous savons tous que l’Amour, le frère de la Bienveillance, est la seule solution quand il est sincère.

C’est un écrit de ressenti, peu approfondi et sans solutions concrètes, je l’admets. Chacun a la solution. De nombreuses personnalités proposent des pistes. Parfois j’ai l’impression qu’ils prêchent dans le désert.

Si quelque chose a changé, c’est la défiance de presque tous envers tout ce qui est nouveau, tout ce qui change, tout ce qui est scientifique. Changer son angle de vue est simple, il suffit de se décaler un peu.

Ce qu’en dit Dr GUEGUEN

 

 

Et si nous laissions les enfants…jouer ?!

C’est un sujet qui tient souvent très à cœur chez les professionnels de la petite enfance : la motricité LIBRE. Selon moi, c’est tout sauf une méthode ou une mode. C’est la vie. Dans la vie, personne n’a besoin d’un objet ou de quelqu’un d’autre pour marcher par exemple, sauf s’il est à mobilité réduite.

Libérons les bébés, les jeunes enfants, les enfants ! Laissons-les vivre, expérimenter, essayer, échouer, tomber, se relever…car même sans nos interventions, ils finissent par réussir !!

Je l’ai régulièrement évoqué sur ce site : ici et là-bas. Celle qui l’illustre vraiment au plus proche de la réalité, c’est Bougribouillons.

Ce qui me fait aborder une nouvelle fois cette thématique, c’est d’avoir observé trop souvent des parents et aussi des professionnels débutants et/ou confirmés, intervenir systématiquement dans la motricité de l’enfant qu’ils accompagnent.

Comme j’ai déserté le terrain professionnel pour des raisons de santé, mon terrain d’observations est devenu la rue, le parc, les lieux publics… Mon fils cadet a l’âge des sorties aux aires de jeux. J’y vois, avec grand plaisir, les interactions et aussi, sans voyeurisme, un instant T de « la vie des autres ». C’est extrêmement varié et riche. Parfois drôle, parfois triste.

Récemment, j’ai pu observer de près un jeune enfant dont j’ai su l’âge. En terme d’échange, dans un parc, c’est inévitable, les adultes demandent l’âge des enfants qui interagissent. C’est comme-ci cette donnée était la clé de ce qu’il se passe…j’imagine aisément les comparaisons qui défilent dans la tête des gens. Je préfère demander le prénom mais bon, ça semble secondaire pour d’autres. Après l’âge, c’est parti, pour les « oh il fait ça ? la mienne pas encore… »

Il y a des parents, adultes accompagnants inquiets et même devins « attention, tu vas tomber ! »; « attention c’est dangereux ! ». Il y a les parents que je trouve un peu trop détendus, résultat c’est presque toi qui surveille le gamin qui s’approche dangereusement de la perche de feu (comme celle des pompiers) alors qu’il marche à peine…Bref, j’observe un florilège de situations, bien malgré moi. Pour rappel, une aire de jeux, bien qu’elle soit « sécurisée » en théorie, demande une vigilance effective, quelque soit l’âge de l’enfant qu’on y accompagne. C’est le mauvais moment pour lire un bon bouquin, par exemple. Mon propos est loin de vouloir juger, je constate seulement des extrêmes. Je rencontre aussi des adultes bienveillants, disponibles.

La motricité libre, pour faire court, c’est de permettre à l’enfant d’évoluer sans contraintes extérieures, sans interventions intempestives. C’est le laisser libre de ses mouvements afin qu’il soit autonome. Un enfant n’a besoin de presque RIEN pour se tourner du dos au ventre, pour s’asseoir, pour se lever, pour marcher, pour courir, pour grimper, etc. Il a juste besoin de notre approbation et de notre regard bienveillant.

Voici, en image, un moment de grande confiance vis à vis de mon fils de 34 mois :

  • Avant de le laisser faire ça, j’ai accompagné son geste d’innombrables fois, par la voix et par une sécurité en retrait, c’est à dire sans le toucher, sinon comment aurait-il pu sentir ses mouvements ?

fierté de faire seul

  • Mode d’emploi pour monter et descendre d’une structure. Avant qu’il puisse le faire seul, je ne l’ai jamais installé dessus. Quand j’expliquais ça à des stagiaires, elles me trouvaient dure. Je leur répondais qu’un enfant peut aller sur une structure seulement s’il en est capable. Sinon il dépend de l’adulte et ce n’est plus un jeu, ça devient une corvée de le porter, l’installer, le désinstaller ici et là et partout où il veut. Le dos des professionnels est déjà mis à rude épreuve, inutile d’en rajouter (pareil pour les parents). Il y a suffisamment de jeux pour qu’un enfant s’amuse. Selon l’âge, l’enfant peut avoir besoin d’une légère impulsion, c’est à l’adulte de juger si son intervention est judicieuse ou non. Le principe c’est que l’enfant puisse redescendre seul, tout comme il est monté. Contrairement au chat, l’enfant a les moyens de redescendre comme il est monté, à reculons le plus souvent, pour éviter naturellement une sensation de vertige, cela dépend des enfants.

  

L’enfant apprend en jouant. Il appréhende les mouvements de tout son corps. S’il est contraint, aidé, ou pire si un adulte fait à sa place, il n’apprendra rien.

Mettre un enfant assis, le caler, c’est le coincer dans une position qu’il parviendra laborieusement (ça prendra beaucoup de temps) à changer. Un adulte peut expérimenter de se mettre assis les jambes légèrement écartées : est-ce que c’est simple de bouger assis ainsi ? Et de changer de position quand on n’a jamais expérimenté ?

  • Exemple d’une intervention de son père, il lui a dit « non, tout seul ! » car il était en sécurité et savait déjà monter dessus.

« non, tout seul ! »

Ce qui est le plus frappant pour moi dans tous ces lieux c’est quand l’enfant chute. Aussitôt l’adulte se précipite. Certes, c’est une réaction qui a du sens, mais qu’il relève immédiatement l’enfant avant même que celui-ci ait émis le moindre son avec un « c’est pas grave ! », là c’est moins sensé. Les stagiaires m’ont encore trouvée dure sur ce point-là : « mais s’il s’est fait mal ?! ». Justement, dans tous les cas, pour éviter de blesser encore plus un individu qui a chuté, c’est mieux de le laisser en place. C’est ce qui est préconisé par les secouristes.  J’agis de la même manière en tant que mère et professionnelle, je demande à l’enfant qui est à terre, comment il se sent. S’il répond, il est conscient, s’il se relève c’est que ça va et je vérifie avec lui que tout est en état de marche. S’il pleure, je lui demande s’il a mal, si oui, où il a mal. Je l’aide à se relever seulement s’il a des difficultés à le faire seul et évidemment, si besoin il aura un soin. S’il a eu peur, il a besoin d’être rassuré. S’il reste à terre, je lui demande s’il peut bouger et selon la réponse, j’avise. Vraiment, intervenir systématiquement c’est laisser croire qu’à chaque chute, miraculeusement il se relèvera. Or c’est mieux pour lui qu’il sache se relever seul, qu’il apprenne ainsi à évaluer sa chute et appeler à l’aide s’il en ressent le besoin. Un enfant a besoin de ressentir les choses pour les intégrer.

La liberté c’est aussi de faire des expériences, en tous genres et l’enfant est expert pour cela :

Monter par la pente, c’est du sport !

Pour conclure en images car c’est plus percutant :

       

La cause des enfants

la-cause-des-enfants

Chaque fois que je sors de chez moi, il n’y a pas un jour où je ne vois pas un enfant « mal-traité », très souvent verbalement. Le mot est fort mais d’après moi quand on dit ‘tu me fais ch***‘ à un enfant, oui on le maltraite et encore je n’entre pas dans le détail.

Ce n’est que la partie visible de l’iceberg cet exemple, à côté des gifles et autres vulgarités qui s’ensuivent…

Voici un texte qui prône la bienveillance envers les enfants, êtres humains en devenir.

"Vous dites :
— 'C’est épuisant de s'occuper
 des enfants'.
Vous avez raison.
Vous ajoutez :
— 'Parce que nous devons nous mettre à leur niveau.
 Nous baisser, nous pencher, nous courber, 
nous rapetisser'.
Là, vous vous trompez. 
Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, 
que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à 
la hauteur de leurs sentiments.
De nous élever, nous étirer, 
nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.
Pour ne pas les blesser. "

Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit

Traduction AFJK (révisée en 2007).

Cette citation a été publiée en 1990 
et longtemps diffusée par l’Association française 
Janusz Korczak en hommage à la Convention 
internationale des droits de l’enfant (CIDE) 
adoptée par l’ONU en 1989, sous la forme 
d'une carte postale illustrée par le peintre 
surréaliste W. Siudmak, qui a connu un très grand succès.

L’ouvrage de Janusz Korczak dont elle est tirée, 
Quand je redeviendrai petit, est l'un des plus
 beaux romans pour enfants de Korczak dédié 
aux droits de l’enfant. Il a été traduit et publié 
en français sous le titre : Le droit de l’enfant
 au respect, coédition Laffont/Œuvres 
représentatives de l’Unesco, 1979 (épuisé).

C’est humain de penser qu’on est à bout, de le dire, mais à quoi ça sert de le dire de cette façon ?

Les enfants traités ainsi seront les adultes de demain…

Il y a tellement de possibilités d’être aidés aujourd’hui. Quand on n’en peut plus, y-a-t-il besoin de courage pour demander un relais, un avis extérieur…?

Sans doute que oui et surtout encore faut-il se rendre compte qu’on est dans la « douce violence« .

enfant

La cause des enfants montre la voie de la bienveillance. Elle montre aussi la voie de la fermeté. Il n’est pas question de laxisme ni d’abandon de la fonction parentale sinon, l’excès inverse se produit mais au départ, je remarque que l’enfant est dans les deux cas « mal-traité ».

« Il est plus facile d’éduquer un enfant que de réparer un adulte ».

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »

Platon

Liens :

Comment la famille transmet l’ordre inégal des choses

Éducation non violente et développement du cerveau, un duo gagnant ?

Vidéos :

clip télé contre les violences éducatives ordinaires

Un clip contre la gifle :

Mon imaginaire détaille la vidéo :

-« Tu entends ce que je te dis ?

-« Oui, non, je sais pas, tu es au téléphone donc je suppose que tu parles à quelqu’un d’autre et puis je joue. »

-« claque »

-« Ah tiens, oui je n’ai pas entendu mais j’ai senti. Et pas tout à fait compris. »

– » c’est dingue ça ! »

Source de l’image mise en avant : grandis-moi !

Les douces violences

Définition trouvée sur le site Passerelles-eje : « Douces Violences ».

C’est une figure de style qui n’a pas la côte chez les professionnels de la petite enfance. Elle est encore parfois accueillie froidement. Peut-être parce qu’elle montre du doigt des pratiques d’un autre âge pourtant toujours d’actualité. Qu’on l’accepte ou non, elle a mis en lumière une réalité de terrain sur laquelle il est impossible de fermer les yeux.

Christine Schuhl (éducatrice de jeunes enfants de formation initiale) a été la première à écrire sur le sujet (à ma connaissance). Elle, aussi, n’est pas vraiment toujours la bienvenue dans les équipes. Je sens souvent une pointe de méfiance vis à vis d’elle et de ce qu’elle a pu observer pour en arriver à cette inconcevabilité linguistique : la douce violence.

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Petit aparté : j’aime la langue française et le mot oxymore à lui tout seul me transporte. Oui, je suis ce que l’on appelle communément une littéraire. Je suis fascinée par les mots et leur sens. On m’a offert un merveilleux malheur, un autre oxymore que j’ai lu avec beaucoup d’attention, mais c’est un autre sujet.

Si ces douces violences semblent mettre mal à l’aise et sont difficiles à accepter, j’ai l’impression que c’est parce qu’elles remettent en cause un mode de fonctionnement individuel puis collectif souvent lié à des états d’âme, des émotions primaires . J’explique : ces dérapages font partie de notre quotidien, en tant qu’individu et ne sont pas perçus comme des violences. C’est paradoxalement presque inacceptable que l’on y associe la douceur. Pourtant pour les identifier dans le monde de la petite enfance, je trouve que c’est une association très bien trouvée !

Que l’on intègre ou non ce terme dans nos pratiques, on ne peut pas faire l’impasse sur ce que ça implique : réfléchir et revoir nos réactions spontanées et j’irai jusqu’à dire ce que l’on qualifie d' »humour du second degré ». Pour quelles raisons ? Tout simplement parce que l’enfant n’est pas en capacité de comprendre. L’humour des enfants n’est pas vraiment le même que celui des adultes, sans parler des degrés différents qui souvent leur échappent totalement surtout si on ne leur signifie pas que « c’est pour rire » !

Je donne un exemple excessif, intentionnellement : l’histoire de François Berléand (00:32:10) qui a longtemps cru qu’il était le fils de l’homme invisible.

 Malheureusement, il n’y a pas que le registre de l’humour dans les douces violences (blog qui ne fait pas l’unanimité chez les travailleurs sociaux) puisqu’on les assimile à de la maltraitance.

Je pense qu’il y a suffisamment de liens dans ce billet pour faire le tour de la question.

Les douces violences au quotidien par Patricia Zucco

image trouvée ici
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Si vous souhaitez commenter, c’est toujours possible et ça m’intéresse.

Source de l’image mise en avant : métiers de la petite enfance