La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 5/FIN

Enfin des congés ! Suite et fin de cette journée que j’ai eu plaisir à me rappeler en tapant ces notes aujourd’hui :

accueillir

L’AVIS DE MIRIAM RASSE AU SUJET DES STAGIAIRES ET DE LEUR IMPLICATION AUPRÈS DES ENFANTS ACCUEILLIS EN EAJE :

L’accueil des stagiaires se fait, par définition, sur un temps limité. La question est : y a-t-il une nécessité absolue que les stagiaires prennent en charge les enfants dans leur intimité (change, repas, sommeil…), est-ce obligatoire ?

Exemple : apprendre à mettre une couche, faire des soins, est-ce l’essence d’un métier quel qu’il soit dans le secteur de la petite enfance ? Est-ce indispensable d’apprendre sur un enfant ? Une poupée/un mannequin ne peut-elle/il pas remplir ce rôle, comme pour l’apprentissage des gestes de premiers secours ?

Les métiers des professionnels de la petite enfance se situent plutôt sur les questionnements suivants :

          Comment entrer en relation ?

          Comment communiquer avec l’enfant ?

Ça n’a donc rien à voir avec : « comment s’occuper d’un « paquet » ?

Il est nécessaire d’avoir en tête qu’un enfant s’attache comme si c’était une « nouvelle référente ». Il est « trompé ». Il ne sait pas qu’un stage se termine. C’est presque irrespectueux envers un bébé qui ne peut rien dire. Laisser un jeune enfant nouer des liens trop importants avec quelqu’un qui partira est un manque de respect envers ses sentiments. Pourquoi ne pas choisir un enfant plus grand, qui appréhende un peu plus les aller et venus qu’il a déjà pu observer ?

Le savoir-être est primordial et celui-ci ne vient que si une relation est installée. Il serait judicieux de faire remonter ces constats auprès des écoles de formation, afin que soit pris en compte les réactions des enfants et pas seulement « la formation » des stagiaires.

On ne peut pas prendre en compte les besoins de formation des stagiaires au détriment du bien-être d’un enfant. Les enfants ne sont pas des cobayes.

L’accueil d’un stagiaire est donc à penser sérieusement. Le stagiaire est une présence positive qui a sa place dans un projet. L’accueillir est un choix d’une structure. Les échanges sont souvent enrichissants. Les stagiaires apportent de nouveaux questionnement, et parfois même une remise en cause. Le stagiaire a d’autres moyens et intérêts d’apporter son « aide » que dans le savoir-faire auprès des enfants.

L’AVIS DE MIRIAM RASSE AU SUJET DE L’ACCUEIL TEMPORAIRE DES ENFANTS, NOTAMMENT PENDANT LES VACANCES (donc sans adaptation et sans référence) :

Exemple : la semaine au ski = en dessous de 3 ans, ça ne représente aucun intérêt pour un enfant. Quel sens y a-t-il à être accueilli par de parfaits inconnus et en collectivité ? (Elle admet qu’elle répond sans nuance mais personnellement, je la rejoins car j’ai travaillé plusieurs semaines en saison hiver à la montagne et j’ai constaté une majorité de souffrance chez les enfants et très peu d’apport positif dans leur vie, en tous cas durant leur séjour.)

Les parents ne savent pas. Les alerter sur les conditions d’accueil et les réactions de leur enfant serait plus honnête. Éviter les conseils mais se contenter de transmettre des connaissances objectives. Si un parent demande et pose des questions, on se doit de répondre selon ce que l’on sait du développement de l’enfant puis proposer au parent de dire ce qu’il en pense. Souvent il a la réponse mais a besoin d’être aiguillé vers elle.

  •  Conversation sur les différentes formations de base :

Les savoir sanitaire et éducatif sont parfois non partagés d’où des difficultés de cohérence en équipe. Le projet éducatif et les projets pédagogiques relient les pratiques et donnent une base de cohérence.

Exemple : le change-debout, il semblerait que la technique ne soit pas forcément apprise par les stagiaires.

La conversation dévie sur le change en général : Un enfant qui bouge sur la table de change est un enfant qui « parle » par ses mouvements et ses gestes. Il s’exprime. On peut lui demander de l’aide. Il est partenaire du change. On peut lui signifier qu’on n’y arrive pas mais il a le droit de s’exprimer : « j’entends que tu veux me dire quelque chose, mais je ne suis pas d’accord. J’ai besoin que tu m’aides à finir pour que tu puisses faire autre chose quand ce sera fini. » L’enfant décide dans un cadre donné par l’adulte.

Le change-debout est une continuité après une réflexion qui aura débuté dès la table à langer.

Autre exemple : pendant le repas, l’enfant décide ce qui entre dans sa bouche quand c’est devant lui (pas quand c’est dans le réfrigérateur !!).

L’enfant-partenaire ce n’est pas l’enfant-roi. On change une couche ENSEMBLE. On change la couche de quelqu’un. Il ne s’agit pas que de la couche mais de l’individu qui la porte.

Des négociations sont possibles durant les soins :

Par exemple pour un soin de nez, les explications sont utiles sans contention. Ce n’est pas en terme de compétences quand on entend le parent dire « avec vous, il ne dit rien, moi je ne sais pas faire ». Rassurer le parent sur le fait que la relation est de toute façon différente avec les professionnels car il y a moins d’affectif et plus d’empathie = une juste distance professionnelle = un espace en soi pour se mettre à la place de l’autre.

Miriam RASSE insiste sur le cadre professionnel : on ne garde pas nos neveux ou cousins, on accompagne des enfants qui ne sont pas de notre famille (en général) ; on se doit d’être professionnel. Nous avons suivi une formation pour cela.

Retour sur la différence entre la relation parentale et la relation professionnelle :

Selon la pédopsychiatre Myriam David, ce qui prime dans la relation parentale est de l’ordre de l’émotion, du désir, du sentiment. Le parent aime passionnément son enfant (en général).

Ce qui diffère largement de la relation professionnelle  dans laquelle la qualité de l’accompagnement, de la relation, du soin priment. Le professionnel accompagne et construit le soin.

Nécessité de protéger la place du parent même s’il est défaillant. (Didier HOUZEL, les différentes parentalités). Exemple : en pouponnière, même si le parent n’exerce pas la parentalité, il garde l’autorité parentale, il existe. Les parents sont toujours associés au maximum en reconnaissant leurs ressources et leurs limites.

Comment faire exister le parent en son absence ? SANS LE CRITIQUER, même si on n’est pas d’accord.

Aucune attaque à la relation parent-enfant n’est tolérable. Les interventions des professionnels ne se font que dans le cadre de l’accueil au quotidien (en dehors de la sphère privée).

 L’enfant fait avec le parent qu’il a.

Aucune rivalité ni compétition n’aura de sens. On a conscience de la valeur de notre travail.

Le rôle de la référente, en terme de recueil d’informations est primordial. Elle a tout intérêt à écrire le plus possible, afin de relier l’histoire de cet enfant pour maintenir une continuité.

  • La place de la référente : réaliser l’investissement, l’engagement psychique = « être avec ».

Quel accompagnement ? Pour les professionnels qui semblent le moins disposées à adhérer à cette référence ?

Expliquer que le savoir-être est plus important que le savoir-faire.

Le savoir-être est au service du savoir-faire.

C’est aussi un travail d’équipe : celui de regarder l’enfant AUTREMENT, de modifier ses représentations et surtout d’abandonner cette idée de « pouvoir de l’adulte sur l’enfant » qui parasite la relation.

La culture est trop prégnante et prône bien souvent l’individualisme ; la compétition dès l’école. La RÉVOLUTION en marche est un déclic qui permet de comprendre qu’une ALLIANCE est indispensable entre l’enfant et l’adulte et non un rapport de force.

Quand on est référente, la vraie question est : comment être du côté de l’enfant, dans l’empathie ? Trop souvent l’adulte est dans la position inverse : la sanction et la punition. Le rôle des professionnels est de se demander en permanence : « pourquoi l’enfant fait-il cela ? » Au lieu de lui dire d’arrêter de faire ce qu’il fait systématiquement. C’est l’installer à force dans une déconstruction, une perte de repères. Le but est de mettre l’enfant au centre.

Depuis peu c’est l’adulte qui s’adapte à l’enfant, c’est un travail qui se centre sur l’affinement. Les certitudes se déconstruisent, se reconstruisent sans être rigides sur un socle stable grâce au travail de l’équipe d’encadrement avec des questionnements différents : « Que dit l’enfant ? A ton avis ? Hypothèses, réponses ? Qu’est-ce que tu penses que l’enfant exprime ? Qu’est-ce que tu proposes ?

C’est tout un travail d’accompagnement de l’équipe dans l’EMPATHIE.

  • Conversation sur la référence d’un enfant « qui met à mal un professionnel » :

Le relais est fondamental mais il est préparé, pensé, prévu et nommé. C’est la reconnaissance d’une complexité qui doit être organisée. La difficulté est à prendre en compte par l’institution : équipe encadrante : qu’exprime cet enfant ? L’observation est l’outil pour répondre à cette question.

Selon la situation contextuelle (et familiale), une organisation est mise en place et il est indispensable de redoubler d’attention pour l’enfant et le professionnel concernés. Il est normal d’accepter que des situations dépassent parfois nos compétences.

La relation élargie : quand l’enfant « choisit » un autre adulte.

Rien n’empêche l’enfant d’explorer le monde, sûrement pas la référence. Il est tout de même préférable de conserver la référence de départ, même en cas de difficulté prononcée = pour éviter de changer de personne. Il n’y a pas de rigidité mais la stabilité d’un groupe à privilégier (selon des situations intenables). Rien n’est figé. Inutile de s’enfermer. Tout est question de préparation, d’accompagnement d’aléas de la vie. Sans réelle rigueur mais en étudiant chaque solution possible et opter pour la plus favorable, de façon progressive, pensée. Une séparation s’accompagne. Éviter les ruptures brutales car cela est subi.

Même s’il est impossible d’éviter toutes les souffrances, ne pas s’arrêter à cet argument : il est tout aussi inutile de ne pas éviter celles qui peuvent l’être !!

  • Conversation sur la référence de 3 ans :

Avec changement de lieux, de sections. La nouveauté et la découverte sont toujours intéressantes sur la base d’une sécurité. Un changement à la fois, car l’enfant a besoin d’intégrer. Les mots d’ordre sont : progression et continuité.

Attention aux risques d’appropriation, d’attachement trop important. C’est une vigilance à avoir en maintenant du tiers dans la relation.

Un départ se prépare. Les professionnels « grandissent » aussi pendant leur carrière. C’est donc une satisfaction quand le travail est réussi, le but atteint = travailler avec bienveillance et amener vers l’autonomie.

  • points abordés à la fin de l’après-midi, en vrac :

L’ «acquisition de la propreté » est liée aussi à la sécurité affective même si majoritairement en lien avec la maturité physique. D’où l’importance de la référence pour accompagner cette phase du début à la fin.

La complexité d’un suivi sur trois années se situe essentiellement dans la configuration des locaux et aussi selon le taux d’encadrement qui change du passage d’une section de bébé à une section de plus grands. Tout est dans la préparation et l’organisation. L’idéal est de maintenir au moins un professionnel sur une section.

Un suivi peut-il sembler « lourd » sur 3 ans ?  Les professionnels témoignent plutôt positivement de cette expérience de suivi des enfants et des familles notamment dans la construction de la parentalité par exemple et l’évolution des enfants en référence. L’intérêt s’avère réciproque : de nombreux parents apprécient ce suivi personnalisé.

C’est vécu comme un engagement dans la relation. Il est nécessaire d’être prêt pour cela.

Rappel de l’importance de l’adaptation qui permet les prémices de la construction de la relation avec l’enfant et sa famille. La confiance se construit avec des hauts et des bas. Le parent a besoin de « preuves ». Il a une place, il introduit l’enfant progressivement. Les professionnels veillent à ce que cela se déroule en protégeant la paisibilité du groupe. Trop d’aller et venues insécurise le bébé, on ne le dira jamais assez. Les locaux traversants sont, par exemple, source d’insécurité.

Les besoins des uns ne peuvent pas systématiquement être pris en compte au détriment des autres.

Miriam RASSE, à l’issue de cette journée conclut en disant qu’il y a peu d’écrits sur les sujets abordés car il est important que rien ne soit figé. Il n’existe pas une bonne pratique mais des pratiques pensées selon un contexte précis.

 

 

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 4

A ce stade de la conférence, Miriam Rasse a donné la parole au public. Voici ses réponses à diverses questions :

·         Les espaces multi-âges = âges mélangés :

Selon Miriam Rasse, c’est peut-être moins uniformisant car les âges différents obligent les adultes à faire une différence. Dans un même endroit, les enfants ne sont pas « enfermés » dans les capacités de leur âge. Un peu comme une classe à plusieurs niveaux, l’accompagnement est forcément plus individualisé. Les rythmes étant différents d’un enfant à l’autre, ils sont plus faciles à identifier. Dans les deux sens, les enfants sont moins catégorisés : les plus jeunes se trouvent « tirés vers le haut », ils peuvent tenter des jeux et expériences de plus grands et les plus grands peuvent se permettre de « régresser » en revenant à des jeux de plus jeunes.

C’est un espace qui peut comporter des difficultés d’organisation et d’aménagement car des propositions pour toutes les tranches d’âges sont à penser et à réactualiser régulièrement. Chacun a besoin d’y trouver son compte. Les intérêts de chacun des enfants sont différents alors qu’ils sont tous ensemble.

Les bébés peuvent se sentir insécurisés au milieu des plus grands qui se déplacent et parfois les explorent. La nécessité absolue c’est qu’ils soient protégés physiquement la plupart du temps.

Les enfants qui ne se déplacent pas ont besoin d’un espace totalement sécurisant. Sinon, ils risquent d’être en permanence sur le qui-vive, de préférer rester dans leur  lit et dormir pour éviter trop d’agitation et de craintes.

Les 18-20 mois (Miriam Rasse les surnomme « les déménageurs »)  jouent différemment des « 2 ans et demi » par exemple, qui sont dans des jeux plus posés, d’imitation. La cohabitation peut s’avérer difficile et peut engendrer de la frustration et de l’agressivité. Il est, pour cela, indispensable de protéger les activités de chacun.

Les espaces multi-âges, pensés et aménagés en conséquence et selon les besoins de différentes tranches d’âge peuvent être des lieux sereins et épanouissants si différents espaces permettent de jouer tranquillement, de finir une activité sans être interrompu par des plus jeunes ou des plus grands.

La référence dans ce cadre particulier a toute son importance car il s’agit d’un travail d’ajustement permanent qui nécessite de connaître chaque enfant, mais qui peut compliquer la disponibilité du professionnel.

·         Les remplacements ponctuels, par exemple pour des réunions d’équipe ou des absences :

Il est nécessaire qu’une régularité soit instaurée et anticipée pour que ce soit une même personne qui remplace, notamment pour les temps de soins, de repas, d’accompagnement à l’endormissement…Le relais a besoin de suffisamment connaître  les enfants et vice versa.

Il est capital de parler aux enfants, de les prévenir et d’éviter de multiplier les adultes qui interviennent auprès d’eux. Une harmonisation des pratiques est aussi indispensable.

On fait vivre des choses à des enfants que nous-mêmes ne supporterions pas : toucher son visage par exemple, c’est une zone très sensible. Le respect des enfants passe par le respect de leur corps, de leur intimité afin qu’ils sachent faire respecter leur corps à leur tour. La prévention veut que la référence permette à l’enfant d’intégrer que n’importe qui ne peut s’occuper de lui. Si plusieurs personnes différentes sont amenées à s’occuper d’un enfant c’est lui transmettre le message que n’importe qui peut s’occuper de lui, c’est incohérent.

Il faut savoir que faire un change c’est prendre du temps et donner une attention complète à l’enfant dont on s’occupe, dont on se préoccupe. Il ne s’agit pas seulement d’une couche.

Le travail des professionnels est d’offrir de bonnes conditions d’accueil aux enfants malgré les circonstances. C’est une responsabilité, avec les moyens du bord.

 

Digression en fonction de la conversation avec le public :

Un enfant qui pleure est un enfant qui parle. L’objectif ce n’est pas qu’il arrête de pleurer. Il a besoin de dire quelque chose, de l’exprimer. L’important  c’est qu’il ne soit pas seul avec ses pleurs. Prendre soin de lui c’est aussi une présence.

Évidemment, il est impossible et non-souhaitable de tout épargner à l’enfant. L’aider à pouvoir construire ses ressources afin qu’il surmonte ce qui lui arrive est un défi des professionnels de la petite enfance. Bien sûr, la vie continue quand la personne ne référence est absente. Le bébé s’entraîne à faire confiance dans les ressources (voire résilience) qui lui ont été données, qu’il a développées grâce à son sentiment de sécurité interne et de continuité. 

Une des  responsabilités des professionnels réside dans le fait que l’enfant qui leur a été confié soit bien là où il est accueilli. C’est un travail de recherche pas toujours évident. L’observation est l’outil numéro 1 et l’écriture aussi (idéalement). Il est intéressant de partager ces observations car les regards et les sensibilités sont différentes et peuvent se compléter.

Suite et fin…bientôt.

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 3

La personne de référence est garante de la continuité de l’enfant qu’elle accueille.

Cela ne signifie pas qu’il y a exclusivité mais il s’agit de s’assurer que les différents moments de la journée sont reliés entre eux et non morcelés car l’enfant l’expérimente déjà au niveau de son corps. L’enfant rassemble sont corps, construit son unité corporelle pendant au moins 3 ans.

Par exemple, faire un puzzle (rassembler des morceaux) s’avère impossible tant que l’enfant n’a pas atteint une maturité psychique qui permet que le travail au niveau corporel soit terminé. C’est un processus interne, comme pour le dessin du rond fermé. Tant que l’enfant n’a pas terminé son « travail » d’unité corporelle, le rond sera ouvert. La construction du schéma corporel s’élabore petite à petit en parallèle à de nombreuses autres étapes de son développement. L’enfant a donc besoin que quelqu’un fasse le lien entre ses différentes expériences.

Cela a du sens dans la mise en place d’une personne de référence, seule capable de faire ce travail au quotidien. Il y a des avantages et des intérêts. C’est un système d’organisation d’un groupe social. Proposer la référence est aussi une organisation du travail des professionnels.

Une fois l’organisation établie : qui fait quoi ? Avec qui ? Pourquoi ?  Les professionnels sont bien plus disponibles psychiquement. L’organisation étant régulière, prévue, prévisible, des repères s’installent. Les rôles et missions sont clairs. Cela apporte confort, sécurité, accueil de qualité car pensé en amont et cela développe un savoir-être. Personne n’est irremplaçable mais il est à éviter d’inter-changer les professionnels trop souvent car peut s’ensuivre un manque de reconnaissance du travail accompli.

C’est une organisation qui a du sens aussi pour les parents qui ont à faire avec un interlocuteur privilégié. Ainsi les transmissions revêtent toute leur importance quand la personne de référence est absente autant que lorsqu’elle est présente.

Les conditions de mise en place de la personne de référence :

  •  La personne de référence n’est pas une personne unique, sinon ses absences seraient mal vécues. Un relais (voire plusieurs) est indispensable, à prévoir et à anticiper. La personne de référence est surtout une personne qui fait du lien.
  • Elle n’est pas seule, elle a besoin de soutien. C’est un travail d’équipe d’organiser la référence. La responsabilité est collective, partagée avec les collègues et l’équipe encadrante qui accompagne au quotidien.
  •  Elle est nommée, missionnée par une équipe. On ne choisit pas les enfants que l’on encadre. La personne de référence est responsable de la qualité du « prendre  soin » d’un enfant de façon continue.
  •   Elle se réfère à un projet qui fait tiers et qui protège d’un « trop-attachement » ou d’un « trop-détachement », d’une relation exclusive, d’une trop grande proximité ou d’un rejet. Elle en réfère à une équipe et a des comptes à rendre puisque les décisions sont prises en équipe. Cela instaure une juste distance et un recul utile ; une garantie de la relation. La relation duelle est une relation à risque, trop de fusion et de confusion sont possibles. Une relation triangulaire est fondamentale, à suffisamment bonne distance avec du tiers : enfant-parent-professionnel puis professionnel-équipe-enfant.

Différents outils sont à disposition : cahier de vie, de liaison, cahier d’observations…

Le soin au bébé :

Toucher le corps d’un jeune enfant lui renvoie une image de lui-même. Être avec lui c’est important, sans être pressé, c’est-à-dire prendre le temps de prendre le temps. La collectivité devrait être un îlot protégé de la frénésie de vitesse de l’extérieur.

Il est important, dans le soin corporel, de décoder les signaux de communication qui sont autant d’occasions privilégiées pour construire une vraie relation. Il s’agit d’une rencontre individualisée que d’être attentif à cet enfant-là dont on s’occupe.

On ne tire plus les bébés par les pieds pour soulever les fesses et enlever leur couche (ce n’est pas bon pour les hanches !). Prenez sa cuisse dans une main et tournez-la vers la gauche, le corps du bébé suit de lui-même. Glissez alors la couche sous ses fesses.

En termes d’organisation et de repère, quand la personne de référence est présente, le mieux c’est que ce soit toujours elle qui donne les soins, les repas et accompagne l’enfant durant les temps forts de la journée. Quand elle est là, l’enfant sait qu’il peut compter sur elle car elle a instauré une régularité et une prévisibilité.

Trop de changements engendre des angoisses et empêche l’enfant de s’investir dans autre chose. L’enfant qui ne sait pas qui s’occupera de lui reste en attente, en mode « inquiet ». Plus l’enfant est jeune plus il a besoin d’immuabilité.

Les adultes aussi font des choses habituelles. Ils ont des rituels et apprécient la continuité.

Exemple : en tant qu’adulte, nous préférons n’avoir qu’un seul interlocuteur à la banque (ou autre organisme) ça nous évite de répéter, de recommencer une « relation » avec quelqu’un d’autre car l’interlocuteur unique saura créer des liens avec ce qu’il sait de nous, de notre dossier etc.

L’élargissement de la relation se fait avec l’âge selon la maturité de l’enfant. C’est pareil pour l’environnement. Jusqu’à 1 an, découvrir un seul espace de vie suffit largement. Cela permet une concentration (à l’inverse de la tendance « zapping » de notre siècle) pour faire et découvrir en profondeur, aller jusqu’au bout au lieu de passer en permanence d’une chose à l’autre. La concentration se travaille dès la petite enfance, il est donc nécessaire d’éviter les interférences trop nombreuses.

Les professionnels sont garants de l’activité qu’un enfant entreprend et construit, ils la protègent, veillent à ce qu’elle se fasse jusqu’au bout, la préservent autant que possible afin que l’expérience ait des chances d’être complète.

L’espace s’ouvre au fur et à mesure du développement de l’enfant. La circulation se propose à la  mesure des capacités de l’enfant d’où la nécessité de l’OBSERVER et de le CONNAITRE. Ouvrir trop rapidement les espaces peut empêcher la consolidation de l’identité. Les enfants peuvent devenir inquiets, hyperactifs. Les enfants, si on leur fait confiance, cherchent eux-mêmes la nouveauté. Ils « disent » quand ils ont fait le tour des jouets, des lieux, des propositions de jeux…

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 2

  • Les besoins supplémentaires de l’enfant accueilli en dehors de son milieu familial :

L’enfant de moins de 3 ans n’est pas prêt à se séparer de sa famille avant d’intégrer l’image de ses parents quand ils sont absents. C’est en parallèle avec la permanence de l’objet (selon Piaget) : l’enfant ne sait pas qu’un objet qu’il ne voit plus existe toujours. Cela est valable pour les objets et les personnes. Le bébé n’a aucune certitude que ses parents qui sont absents reviendront. Pour pallier leur absence, durant la petite enfance, l’enfant a besoin d’entendre évoqués ses parents très régulièrement. Sachant que le temps de l’enfant est plus long que celui d’un adulte, il est nécessaire que l’image des parents soient réactivées tout le long de leur absence. Les parents sont fondateurs de la construction de l’identité de l’enfant (quotidien et connaissance intime).

Arriver dans un lieu d’accueil c’est comme arriver dans un autre monde. C’est une perte de repères, de points d’appui. Une reconstruction de fondations est nécessaire, qu’il s’agisse de l’environnement et des personnes. Un enfant a besoin de retrouver dans un nouveau lieu ce qu’il connait de sa famille afin de se sentir reconnu.

Quelqu’un l’écoutera t-il ? Son élan vital sera-t-il entendu, pris en compte ? L’enfant trouvera t-il l’intérêt d’un autre adulte ? L’adulte qui prend le relais aura la responsabilité d’être témoin des progrès quotidiens de cet enfant-là afin qu’il se sente reconnu dans ce nouveau lieu. L’intérêt de l’adulte nourrit l’enfant. Pour cela une période de reconnaissance mutuelle est indispensable = période dite d’adaptation. Période de construction des premiers liens autres, entre professionnel et enfant = un appui face à la séparation. L’objectif principal de l’adaptation  est la mise en place du début d’une relation de confiance, c’est fondamental. L’idéal est de prendre le temps pour construire un lien. Tant que ce lien n’est pas « visible », le parent ne devrait pas « partir ».

Il s’agit de penser ce temps plus comme une connaissance mutuelle avec un début de lien et pouvoir compter sur ce relais dans un lieu nouveau. Combien de temps est nécessaire au professionnel pour « connaître » un enfant, le « décoder » ? Un bon mois. Surtout avec un bébé de 3 mois. Si un mois entier est trop long, tabler sur 15 jours à 3 semaines avec présence des parents, pas toute la journée, mais à chaque temps de présence de l’enfant. Le signal que cela se passe « bien » est le sourire de l’enfant quand il voit la personne qui sera sa « référente ». Sourire qui peut être considéré comme une re-connaissance. Si le bébé est au sol, on remarque qu’il reste accroché au regard de son parent les premiers temps, puis il regarde ailleurs. Peu à peu, il regarde l’autre. Il est important de ne pas prendre le bébé dans ses bras trop tôt. Le bébé a besoin de son parent pour faire connaissance avec une tierce personne.

L’idéal est que cette période se déroule en dehors de l’espace de vie afin de se concentrer sur ce nouveau lien en construction.

Exemple de l’idéal, à adapter en fonction des impératifs de chaque contexte :

1ère semaine : une demi-heure tous les jours dans un autre espace, avec les parents

2ème semaine : une demi-heure tous les jours dans l’espace de vie, avec les parents.

3ème semaine : courts temps de séparation physique

Une personne de référence est une personne privilégiée sur laquelle l’enfant et sa famille peuvent compter. Il est important que la personne de référence compte pour eux et que l’enfant compte pour cette personne.

  • Vivre en collectivité, (même chez un(e) assistant(e) maternel(le)) :

Comment être reconnu comme une personne singulière avec d’autres individus ? Sachant que la construction identitaire s’effectue pour l’essentiel durant les 3 premières années de la vie d’un enfant : jusqu’à l’émergence du « je ».

Le travail principal d’un lieu d’accueil est de soutenir, reconnaître la construction de l’identité de l’enfant, d’un sujet. Pas de rencontrer les autres. Avant 3 ans, ce n’est pas le temps de la « socialisation » qui prime.

Le professionnel contribue avec les familles à la construction d’un être. C’est un défi majeur : faire de l’individuel dans le collectif. Le piège de la collectivité est d’uniformiser. Par souci d’égalité alors que l’égalité ce n’est pas faire pour tout le monde pareil mais bel et bien de faire pour chacun en fonction de ses besoins. Les propositions devraient être à adapter à chacun. Les enfants sont trop vite mis ensemble.

Une vraie socialisation est d’apprendre à se comporter avec chacun des enfants présents. Donc favoriser un groupe d’enfants stable avec un même adulte et des relais stables aussi. L’enfant a besoin de sentir qu’il a SA place dans un groupe d’appartenance : son lit, son casier, sa place à table, ses temps privilégiés (change, repas, jeux…) etc. Et cela englobe les espaces, les objets et les temps de la journée.

La préservation du sentiment de continuité demande que des liens soient effectués. La collectivité génère trop de discontinuité (contrairement à un accueil chez un assistant maternel). La difficulté est de prévoir, d’anticiper et de participer pour l’enfant qui a à faire à trop d’adultes différents.

Le défi est de relier des expériences différentes entre elles pour que l’enfant puisse se sentir relié à lui-même « je suis le même dans un lieu qui change ». L’enfant a besoin de construire le sentiment continu d’exister. La personne de référence devrait avoir pour objectif de relier différents moments vécus dans la journée pour un même enfant. Même si on fait différemment à la maison, les expériences du lieu d’accueil peuvent être reliées à celles racontées par les parents. A la maison c’est différent mais dans ce lieu-là cela sera toujours pareil (en tous cas, le plus souvent possible). « A la maison, tu as fait ça, ici tu as fait autre chose, autrement ».

Il est donc important qu’un enfant accueilli en Établissement d’Accueil rencontre un nombre limité d’adultes différents.

Le bébé ayant besoin de se sentir connu (compris, écouté, re-connu) d’un adulte, éprouvera des difficultés si les adultes autour de lui sont trop nombreux. A l’inverse, si un adulte a trop d’enfant en référence, il ne pourra que connaître superficiellement chaque enfant dont il a la responsabilité. L’attention de l’adulte (qui devrait être plus fine et plus précise que possible) peut se faire sur un nombre restreint d’enfants.

Être vu fait sentir à l’enfant qu’il se sent exister. Les enfants ont besoin d’attirer l’attention. La personne de référence assure à chacun des enfants le maximum d’attention.

La personne de référence ou comment répondre au besoin de continuité de l’enfant. Partie 1

Me revoilà en mode EJE (à prononcer Euh Ji Euh. J’entends encore des èje et ça me fait tout bizarre ;-)).

J’ai assisté récemment à une conférence de Miriam Rasse, invitée par la FNEJE pour représenter l’association Pikler-Loczy.

Voici telles quelles mes notes, à peine organisées et remaniées mais dans l’ordre de ce que j’ai entendu. Je suis beaucoup trop occupée pour prendre le temps de résumer, compiler et faire un écrit tout beau tout professionnel, désolée.

Voici donc une première partie, car j’en ai écrit des pages de notes et vu le contexte viral, je suis loin d’être en très grande capacité de faire fissa. ça tombe bien, je rappelle que j’hiverne encore.

L’attachement
est un moyen pour l’enfant de développer sa sécurité interne qui lui permettra d’évoluer
vers une autonomie propre et réelle.
http://www.petalesquebec.org

Partie 1 : Les jeunes enfants accueillis ont profondément besoin d’être reconnus individuellement et de pouvoir compter sur et pour quelqu’un : quelles conditions pour construire une relation « à juste distance », même en collectivité ?

Rappel des spécificités des besoins d’un tout-petit :

Le nouveau-né, le nourrisson et encore le bébé ressentent des tensions internes. Ils expriment des besoins primaires, binaires. Leur mode de communication est gestuel, corporel et vocal.

« Penser bébé » nécessite une sensibilité pour une réception optimale, c’est primordial. Il est vital pour l’enfant qu’un adulte donne du sens à ce qu’il ressent (sensorialité) par une communication directe, en mettant à disposition son appareil psychique.

Ex : « Peut-être que tu as faim, cela fait 2 heures que tu as eu une tétée », « ta couche est souillée, je m’en occupe pour que tu te sentes plus à l’aise… » Etc.

Martine LAMOUR parle de « penser le bébé », c’est une communication encore plus élaborée qui nécessite un travail psychique intense de la part des adultes, une fatigue, voire un surmenage, surtout pour les mères qui portent leur bébé dans leur tête en permanence les premiers temps. La préoccupation primaire maternelle est vitale au bébé, mais peut amener à une dépression (+hormones) post-partum si la mère n’est pas soutenue dans sa fonction ; à force de tâtonnements, d’expérimentation de recherches et parfois sans solutions satisfaisantes. Mais cet état, s’il est supporté et soutenu est indispensable afin que l’enfant construise sa sécurité interne. C’est l’expression de la dépendance du bébé pour se maintenir en vie. Le statut de parent est ainsi valorisé même s’il est vécu comme « lourd ». C’est un long accompagnement vers l’autonomie qui se fait ni trop vite, ni pas assez.

L’enfant suit son développement et les adultes répondent afin que l’enfant se construise. Être des parents suffisamment bons donne du sens, cela organise la vie extérieure de l’enfant qui ensuite organise son monde interne.

A l’intérieur d’un bébé tout est chaos.

source : http://blog2zhom.com/il-a-deja-mange-y-a-une-heure/

Il prendra donc appui sur la stabilité du monde externe qui lui sera proposé pour construire son monde interne avec des réponses immédiates à ses besoins dès la naissance. Il est capital d’y répondre, car le nouveau-né sort d’un état fœtal dans lequel il est nourrit, porté, au chaud en permanence, il ne ressent aucun état de besoin. A sa naissance, l’absence de contenance, de chaleur, de nourriture lui procure des sensations inconnues et donc des sensations de malaise qu’il n’identifie pas. Il n’a aucune expérience de la digestion et son système digestif se met en place peu à peu, ce qui cause souvent des désagréments pendant plusieurs semaines.

Le nouveau-né vit une période d’illusion, il pense qu’il crée lui-même les réponses à ses besoins et ses demandes, il croit s’auto-satisfaire. Comme les réponses vont s’espacer, le bébé découvre qu’il y a « quelqu’un » qui revient auprès de lui. Jusqu’alors il s’agit d’une odeur, une voix, une forme, un visage. Il découvre sa dépendance. Il découvre, éprouve et construit l’attachement. Le bébé est pragmatique, l’attachement n’est pas inné. Le bébé s’attache aux personnes qui prennent soin de lui, pas forcément à ses parents durant les premiers mois.

Etre suffisamment bon, cela signifie que l’adulte est suffisant (pas parfait), qu’il laisse un écart entre la satisfaction/réponse et la demande/besoin. L’enfant existe ainsi, il peut exprimer ce qui ne le satisfait pas.

Parallèlement, il découvre un environnement, un entourage, des personnes sur lesquelles il peut compter. Sinon, il est en grande insécurité. L’enfant peut ressentir des « angoisses inimaginables », « il peut se sentir « éclaté en morceaux ». Le nouveau-né insatisfait, qui attend trop longtemps éprouve la mort. Un rapport peut être fait avec les angoisses psychotiques des autistes, des angoisses qui semblent irraisonnées.

Les personnes sur lesquelles il peut compter sont la source de sa sécurité, c’est une sécurité acquise si ses besoins vitaux sont satisfaits dans l’immédiat.

Winnicott parle de relation fiable, stable, continue, prévisible. L’enfant a besoin d’une personne qui propose les mêmes choses dans les mêmes situations, une routine, une régularité, une stabilité. Cela explique que des enfants qui vivent des situations « limites » dans leur famille sont à la recherche de celles-ci en institutions car cela les rassure. Ils se sont construits sur ce mode de fonctionnement et ne connaissent que celui-ci. L’enfant peut amener tous les adultes à répéter ce qu’il vit même si c’est maltraitant.

Dans la régularité, l’enfant prend des points de repères. Il reconnait des signaux, il sait qu’ils se reproduisent. Il peut ainsi anticiper, se préparer et donc attendre. Il apprend à différer son besoin car il sait que son besoin sera satisfait comme d’habitude. Les expériences de satisfaction souvent vécues, il se les remémore. Il y participe de plus en plus et peut ainsi être actif, il contribue aussi à ses soins. Ce ne peut être le cas, si tout change à chaque fois car il ne sait pas ce qu’il va se passer, il reste dans l’incertitude. Il n’est pas impuissant car il est capable de reconnaître ses sensations. Son organisation interne qui se construit lui permet d’identifier ses besoins, de les communiquer car les adultes les différencient pour lui dès la naissance. L’enfant peut donc, avec le temps, donner des indications pour que ses besoins soient satisfaits. Il devient partenaire si l’adulte est attentif à ses expressions et ses indications. L’enfant va dire qui il est de manière singulière. Il réagit et montre quand il est apaisé, détendu ou au contraire crispé, mal à l’aise. Cela donne des indices sur les besoins de cet enfant-là. Y être attentif permet de s’ajuster à l’enfant, en cherchant la réponse adéquate. Quand les besoins sont satisfaits, l’ouverture au monde est possible. Si l’enfant est préoccupé par ses besoins, cela l’en empêche. Si un adulte cherche une réponse aux besoins exprimés de l’enfant, celui-ci sent que l’adulte est réceptif à ce qu’il exprime. Il se sent écouté, pris en compte. Ce que l’enfant exprime, influence le comportement de l’adulte. Cela rejoint le besoin de compétence (ne pas confondre avec capacité/système nerveux/développement/maturation) = l’enfant agit sur le monde, il a une influence, il est actif.

Un enfant peut vite renoncer à agir sur le monde. Il est appelé « docile », « facile », car il accepte tout, il a cessé d’exprimer qui il est car il a dit et n’a pas été entendu. Quand un individu n’est pas entendu soit il renonce car il n’existe plus et se replie sur lui-même soit il se révolte, se rebelle, il attaque, agresse avec toute sa force vitale. Il exprime souvent un sentiment d’impuissance.

L’adulte a la responsabilité d’être attentif à l’expression des besoins d’un enfant, de les prendre en compte. Quand l’enfant se sent entendu, il peut influencer le comportement de l’adulte puisqu’il se sent reconnu, considéré ce qui l’amène à construire son identité et son estime de lui. Il se sent important, bien dans sa peau. Cela participe à la construction des premières relations sociales. Le modèle d’écoute et de réponse des adultes qui l’entourent donne à l’enfant la façon de se comporter avec les autres. Le comportement de l’adulte induit celui de l’enfant avec ses pairs, entre autre.

Apprendre à l’enfant à exprimer son désir lui signifie qu’il en a le droit. L’accompagner à écouter ce que dit l’autre qui en a le droit aussi lui permet de prendre en compte son entourage et pas seulement son désir. L’enfant apprend car il l’expérimente, pas parce qu’on lui dit. (Les chemins de l’apprentissage, Spirale. Erès.)

Au fil du temps qui passe le bébé n’est plus dépendant ni  impuissant.

Hommage aux métiers de la petite enfance

@jout du 23 juillet 2017 :

C’est un écrit moins professionnel (daté de 2013). Et oui je suis aussi remplie de défauts. La bienveillance, je l’ai appréhendée « sur le tas ». Quand j’ai écrit ce texte, je pensais surtout à ma famille et je me suis rappelée de quelques piques par-ci par-là, dans le cadre professionnel, alors je l’ai publié.

Il y a des gens, sur cette planète, qui pensent que s’occuper d’enfants ne demande aucune formation, juste de l’amour et du bon sens. Soit. Sauf que c’est plus compliqué. L’amour c’est insuffisant, incomplet et parfois mal dosé. Pareil pour le bon sens…

Il y a des gens qui pensent même que les formations petite enfance ne servent à rien et qu’il est possible de faire sans… Dans la sphère familiale c’est certain ( et encore, j’en entends et vois des vertes et des pas mûres tous les jours dans la rue, les magasins, les lieux publics…), mais en mode collectif, j’en doute fortement !

Personne n’est parfait, mais quand on se consacre à la petite enfance (en faisant des études pour), en général, c’est par vocation et pour en savoir plus. Les théoriciens et les professionnels sur le terrain , depuis des années, étudient et constatent, de manière clinique et  scientifique, l’évolution de l’Enfant. On en sait de plus en plus sur ce qui est adapté pour Lui.

Alors, ceux qui rejettent en bloc et critiquent tout ce savoir et ces acquis -lesquels sont pourtant mobiles et sans cesse remis en question, évalués et questionnés -et bien tous ces gens je les plains, car au final je pense qu’ils sont juste jaloux de passer à côté de  l’éveil des générations futures.

Toute cette prise de conscience est récente. Les résultats sont peu flagrants… et surtout à l’échelle mondiale, seule une minorité d’enfants en bénéficie.

Quoiqu’il en soit, j’œuvre pour cette cause, celle de l’Enfant. C’est mon métier, c’était celui de ma mère et j’en suis fière.

 

montessori

EJE, le métier, version officielle

En théorie : « l’Éducateur de Jeunes enfants, spécialiste de la petite enfance,

l’éducateur de jeunes enfants assure 4 fonctions :

l’accueil ;

l’éducation ;

la prévention ;

la coordination.

Il intervient auprès d’enfants âgés de 0 à 7 ans, en relation avec leurs parents.

Il les accompagne dans leur apprentissage de l’autonomie, de la vie sociale… Son rôle consiste à stimuler leurs potentialités intellectuelles, affectives et artistiques à travers des activités ludiques et éducatives.

Accompagner l’épanouissement de l’enfant

L’EJE tient compte du milieu familial de l’enfant, dans ses dimensions sociales et culturelles. Il est attentif aux problèmes de santé ou de comportement rencontrés chez les petits et contribue à en prévenir l’apparition. À partir d’un projet pédagogique l’EJE amène les enfants à pratiquer diverses activités (peinture, danse, musique…). Il mobilise leurs sens pour favoriser leur expression verbale et non verbale.

Il leur apprend aussi à vivre en société, étape préalable à une scolarité réussie. »

Liens :

Fédération des EJE

Passerelle EJE (le site a disparu)

 

EJEsource de l’image mise en avant : EJE

 

La cause des enfants

la-cause-des-enfants

Chaque fois que je sors de chez moi, il n’y a pas un jour où je ne vois pas un enfant « mal-traité », très souvent verbalement. Le mot est fort mais d’après moi quand on dit ‘tu me fais ch***‘ à un enfant, oui on le maltraite et encore je n’entre pas dans le détail.

Ce n’est que la partie visible de l’iceberg cet exemple, à côté des gifles et autres vulgarités qui s’ensuivent…

Voici un texte qui prône la bienveillance envers les enfants, êtres humains en devenir.

"Vous dites :
— 'C’est épuisant de s'occuper
 des enfants'.
Vous avez raison.
Vous ajoutez :
— 'Parce que nous devons nous mettre à leur niveau.
 Nous baisser, nous pencher, nous courber, 
nous rapetisser'.
Là, vous vous trompez. 
Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, 
que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à 
la hauteur de leurs sentiments.
De nous élever, nous étirer, 
nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.
Pour ne pas les blesser. "

Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit

Traduction AFJK (révisée en 2007).

Cette citation a été publiée en 1990 
et longtemps diffusée par l’Association française 
Janusz Korczak en hommage à la Convention 
internationale des droits de l’enfant (CIDE) 
adoptée par l’ONU en 1989, sous la forme 
d'une carte postale illustrée par le peintre 
surréaliste W. Siudmak, qui a connu un très grand succès.

L’ouvrage de Janusz Korczak dont elle est tirée, 
Quand je redeviendrai petit, est l'un des plus
 beaux romans pour enfants de Korczak dédié 
aux droits de l’enfant. Il a été traduit et publié 
en français sous le titre : Le droit de l’enfant
 au respect, coédition Laffont/Œuvres 
représentatives de l’Unesco, 1979 (épuisé).

C’est humain de penser qu’on est à bout, de le dire, mais à quoi ça sert de le dire de cette façon ?

Les enfants traités ainsi seront les adultes de demain…

Il y a tellement de possibilités d’être aidés aujourd’hui. Quand on n’en peut plus, y-a-t-il besoin de courage pour demander un relais, un avis extérieur…?

Sans doute que oui et surtout encore faut-il se rendre compte qu’on est dans la « douce violence« .

enfant

La cause des enfants montre la voie de la bienveillance. Elle montre aussi la voie de la fermeté. Il n’est pas question de laxisme ni d’abandon de la fonction parentale sinon, l’excès inverse se produit mais au départ, je remarque que l’enfant est dans les deux cas « mal-traité ».

« Il est plus facile d’éduquer un enfant que de réparer un adulte ».

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »

Platon

Liens :

Comment la famille transmet l’ordre inégal des choses

Éducation non violente et développement du cerveau, un duo gagnant ?

Vidéos :

clip télé contre les violences éducatives ordinaires

Un clip contre la gifle :

Mon imaginaire détaille la vidéo :

-« Tu entends ce que je te dis ?

-« Oui, non, je sais pas, tu es au téléphone donc je suppose que tu parles à quelqu’un d’autre et puis je joue. »

-« claque »

-« Ah tiens, oui je n’ai pas entendu mais j’ai senti. Et pas tout à fait compris. »

– » c’est dingue ça ! »

Source de l’image mise en avant : grandis-moi !

La mère suffisamment bonne

images

Par extension, le parent suffisamment bon

En première année de formation, les formateurs ont demandé de mettre par écrit notre représentation de la « bonne mère » afin de questionner et revoir les exigences que l’on associe à ce rôle. J’ai retrouvé mon écrit. Il date de 2005 :

« Une mère doit être :

– Douce, affectueuse, détendue et reposée

– Disponible

– Équilibrée

– Organisée

– A l’écoute

– Créative

– Complice mais pas copine

– Un appui, une (res)source

– Consciente de ses propres besoins.

Elle doit être garante de :

– la politesse

– La loi

– L’instruction

Dans la foulée j’avais écrit ma représentation du bon père.

Un bon père doit être :

– Garant des limites et de la loi

– Un exemple, un modèle

– L’autorité

– Joueur,

– Compréhensif

– Patient

– Juste

– Tiers séparateur

– Une référence

Il doit assurer le bien-être de ses enfants en travaillant, surtout si la mère reste au foyer. »

J’avais une vision très idéalisée de la parentalité et elle a beaucoup évolué.

Théorie : Selon Winnicott (pédiatre de formation, devenu psychanalyste pour enfants), le développement du concept de mère suffisamment bonne (good enough mother) se définit par trois actes nécessaires : le holding, le handling et l’object presenting.

Le holding ou portage désigne la façon de porter l’enfant, de façon plus ou moins serrée contre soi. Il a une valeur affective. Le bon holding est celui de la mère : il est connu, rassurant. Il s’agit aussi d’une introduction du corps dans l’espace, il influe sur la gestion du risque et de la sécurité de l’enfant plus tard.

Le handling est la manipulation de l’enfant, la façon d’agir sur lui dans le cadre du soin (nourrir, toilette, soins du cordon). Ces soins sont investis de différentes manières par les parents et comprend de nombreuses sensations tactiles et auditives pour le bébé. On encourage d’ailleurs les parents à masser leurs enfants dans un but d’apaisement. Le soin est aussi accompagné de parole. C’est par le handling que l’enfant peut dissocier son corps de l’environnement.

L’object presenting est la présentation de l’objet. Elle aide à découvrir le monde par petit bouts, de façon prémachée d’informations sur l’environnement. Il existait un courant aux USA prônant l’hyperstimulation des bébés en leur présentant des opéras, tableaux de grands maitres etc. Il faut savoir cependant que l’enfant préfère des présentations simples d’objets ayant une connotation affective plutôt qu’une culture froide et impersonnelle.

L’idée de mère suffisamment bonne vient du fait qu’elle ne doit pas l’être trop. Si les parents comblent tous les besoins avant qu’ils se présentent, cela ne laissera pas à l’enfant l’occasion d’éprouver du désir. Cela entraverait la capacité de l’enfant à élaborer face au manque par exemple, à sentir le besoin, à avoir envie de quelque chose, à agir. Il se fait alors l’objet du désir de l’autre. Il ne faut donc pas être trop bon non plus. L’enfant a déjà à s’occuper de l’angoisse d’abandon et une mère trop bonne y ajouterait une angoisse d’intrusion ainsi qu’un renforcement de l’angoisse d’abandon. Il est important à ce niveau de comprendre qu’on ne peut pas rattraper sa propre enfance à travers celle de l’enfant. L’enfant doit apprendre à être soi, tout seul, en présence de l’autre.

En conclusion, ma représentation de la « bonne mère » était trop intransigeante. La mère ne doit pas tout être. Elle fait ce qu’elle peut et ne sera pas tout au même moment. Elle sait doser les réponses qu’elle donne à son tout petit.

Une mère « pas assez bonne » laisse l’enfant dans la souffrance et dans l’angoisse, ce qui ne donne pas suffisamment de possibilités pour que l’enfant se sente exister, en le plongeant dans le néant. Au contraire, une mère « trop bonne » répond à l’enfant par anticipation en ne lui laissant pas ressentir le manque, qui est pourtant essentiel pour le développement de l’enfant, pour qu’il se sente exister comme différent de sa mère. L’enfant ayant une mère « trop bonne » selon cette théorie reste dans l’illusion de la toute puissance, de l’omnipotence. Les deux extrêmes, néant ou toute puissance sont des illusions qui laisseront des conséquences sérieuses sur le développement futur de l’enfant et sur son âge adulte.

La position équilibrée de la mère « suffisamment bonne » est entre les deux, selon Winnicott : ni trop absente, ni trop présente (voire étouffante). Attention à ne pas lire les termes de Winnicott selon des critères moraux : il ne s’agit pas de juger la mère, mais de décrire la relation mère-enfant dans un juste équilibre.

Liens pour approfondir :

Winnicott et la mère suffisamment bonne

Donald Winnicott : « La famille suffisamment bonne »

 

mom enough
photo trouvée ici

le choix des photos est volontairement excessif en parallèle à l’article précédent.

Pour finir : Mamans: soyez vous-même!

Parents indignes? L’enfant s’aligne!

 

Est-ce une mode ce courant de mères qui se disent « indignes« , « mauvaises« …qui s’assument et le revendiquent haut et fort ? Peut-être ou peut-être pas. Depuis Desperate Housewives, Mother Fucker, elles fleurissent comme un printemps arabe les mères qui en ont marre de la mère parfaite lisse et effacée !

Deux livres m’ont été offerts récemment (MERCI encore pour ces cadeaux, j’adôôre les liiiivres) : celui-là et celui-ci.

Les Éducateurs de Jeunes Enfants ont la fâcheuse tendance à se ranger du côté des ZENFANDABORD, en tous cas, je le fais et sans l’ombre d’un remord ! Oui, le bien-être des enfants prime (c’est implicite que celui des adultes est vital). Donc je commence par LA solution pour les enfants :

"Tes parents sont lourds, fatigants, collants, velus, piquants, 
barbants, casse-pieds, glissants ? CHANGE ! 

Ils sont grognonants, 
dégoulibavants, 
bavardissants, 
crottedenazants,
mangeproprements ? 
CHANGE ! 

(à ce stade de mon billet, 
le correcteur d'orthographe 
a rendu l'âme après avoir 
tenté valeureusement 
de proposer la bonne orthographe 
aux mots précédents, 
RIP le correcteur...).

Ils t'ennuient, ils sont insupportables, 
ils ne t'écoutent pas, 
ils rangent ta chambre, 
ils marchent sur tes jouets, 
ils refusent de te laisser la maison, 
ils t'emmènent en Ouikenn'd ? 
CHANGE DE PARENTS !

Comment ? Le mode d’emploi est dans « Le catalogue des parents pour les enfants qui veulent en changer » ! J’ai un faible pour les composés, Plus on est, plus on rit. Il y a même un bon de commande à la fin du livre et des tas de garanties. Pour l’acquérir, c’est sur le net ou en librairie, c’est encore mieux. Comme dit Bernard Werber : « le secret de la liberté, c’est la librairie ». Ma préférée c’est elle (de rien, amis parisiens). A Nantes, c’est chez les enfants terribles que je trouve mon bonheur.

@ctualisation : dans mon nouveau chez moi, j’ai fait le vœu pieux de ne plus acheter de livres neufs et très peu de livres d’occasion. Je fréquente assidûment la médiathèque du coin…(on a troooop transpiré avec les cartons de livres pendant le déménagement et puis c’est vrai que ça fait souffrir les forêts tout ce papier… et une pensée pour mes anciens fournisseurs : c’est malheureux tous ces libraires qui disparaissent à cause du net.)

Bon, un peu d’empathie pour les parents, c’est mon métier aussi. En même temps, j’ai inclus touplein (maintenant que le correcteur ne dit plus rien, j’en profite) de liens pour ceux qui savent lire, j’ai donc bien pensé aux adultes. Un avant dernier pour la route : le SAV des bébés.

Mères indignes, grands tracas et petits plaisirs de mamans : à lire sans modération et  sans fin. Je le garde sur ma table de nuit. Avant de dormir, rire de ce que l’on traverse tous, plus ou moins, ça détend.

Quelques unes des anecdotes que je préfère (les plus courtes) :

« Réflexion fermentée : J’ai un petit garçon adorable de 11 mois et j’allaite encore. Ma mère, pas super fan de l’allaitement prolongé, me demande : – fais attention quand même, t’es sûre que ton lait est encore bon, qu’il n’a pas tourné ? – T’inquiète pas, maman, je passe toutes mes nuits dans le frigo pour pas  briser la chaîne du froid. »

« Lecture : A la maternité, j’avais plusieurs livres pour lire pendant l’accouchement (je riais déjà fort), pour me détendre, et pendant les quelques jours de mon séjour. Je les ai ouverts deux ans plus tard« .(là, je riais à gorge déployée !)

« Garde à vue : Mais non, le parc à barreaux n’est pas une prison. C’est juste de la détention provisoire, le temps de prendre une douche.« 

« Drogue dure : Aujourd’hui, mon fils  de 16 mois était surexcité. c’est en lavant le biberon en fin de journée que je me suis rendu compte qu’il sentait bizarre. Mal réveillée, j’avais confondu le cacao avec le café.« 

« Le zizi, c’est dans la tête : Je surprends ma fille sous la douche, en train d’essayer de faire pipi debout. Moi : – Pourquoi tu fais ça ? Elle : – Pour faire comme les garçons, pipi avec une quéquette. Moi : – T’as pas besoin de quéquette, t’as un cerveau. Le papa : – J’ai entendu !« .

Après avoir lu tout ça, je me dis que le dicton les chiens ne font pas des chats a sûrement un fond de vrai.

Source image mise en avant : Olivia Moore

Paques
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