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Snoezelen et la petite enfance 1

La FNEJE PACA est une vraie ressource en matière d’information et de formation. Je la remercie pour toutes ces conférences qui nous sont régulièrement proposées.

La première fois que j’ai entendu parler de Snoezelen c’était lors de mon stage dit « long » en Institut d’Education Motrice (en 2006). Aucune salle n’y était dédiée car le projet était en cours de réflexion.

Je suis passée pour une extra-terrestre à chaque fois que j’ai émis l’idée de l’adapter en EAJE. Personne n’y voyait d’intérêt et je manquais sûrement d’arguments. C’est resté dans un coin de ma petite tête. Depuis quelques années, le concept tend à se « démocratiser » et des expériences ont été tenté et très bien reçues, un peu partout. Et maintenant, c’est une « mode ». Ce mot me déplaît. Il enferme les idées nouvelles et pertinentes dans un schéma de succès éphémère et d’inévitable oubli. Or comme la motricité libre, le portage, le parentage proximal…tout ce qui reconnecte les humains à leur corps et leur nature est pérenne, même si délaissé massivement par des sociétés dites « modernes ».

La conférence était animée par Sidonie Fillion, une dynamique et pétillante psychomotricienne. C’était un régal intellectuel de l’écouter et d’interagir avec elle.

L’information qu’elle a partagée pourrait se résumer (grossièrement) à ces 3 photos que je prends le risque de vous partager. A aucun moment, Sidonie Fillion n’a évoqué son refus de diffuser ces images (peut-être parce que personne n’a demandé) :

Elle nous avait promis de transmettre le contenu du PowerPoint à la FNEJE qui à son tour nous le transmettrait. Je pensais pouvoir en partager un peu plus. Après quelques jours d’attente (j’ajoute que je remercie tous les bénévoles qui sont très réactifs. C’est tout à leur honneur de consacrer du temps libre à la FNEJE. Je ne suis pas assez sociable pour ça !!), j’ai bien reçu les documents MAIS entre temps , j’ai effectué des recherches internet et trouvé très peu d’informations sur l’approche Snoezelen de Sidonie Fillion. J’ai donc demandé l’autorisation à la FNEJE de partager les documents sur Planète EJE. La réponse est non, ce que je comprends très bien même si je trouve aussi cela dommage.

Contrairement aux conférences de Jean Epstein et de Miriam Rasse dont le contenu est en accès libre sur le net, pour Sidonie Fillion c’est réservé aux personnes qui se sont rendues à sa conférence. J’ai aussi demandé si je pouvais partager mes notes personnelles et mon ressenti de cette conférence, j’attends la réponse.

L’approche Snoezelen est comme toutes les idées, philosophies, déjà interprétée à toutes les sauces, incomprise et pratiquée de manière déformée. Je vous encourage vivement à assister à une conférence de Sidonie Fillion pour comprendre l’essence de Snoezelen et permettre une transmission au plus proche de son origine et de son sens.

Si vous souhaitez en savoir plus, voici des liens :

Les pros de la petite enfance (intervention de Sidonie Fillion)

Snozelen France

 

C’est le pied ! mais comment ça marche ?

Les pieds des bébés selon le métier d’éducateur de Jeunes Enfants :

Pieds nus !!!

Je partage l’avis de kinésithérapeutes sur la question des pieds des enfants : nus ou pas ?

Oui, pour l’aspect sensitif : le pied nu apporte des informations tactiles, de la connaissance. Le pied va ainsi rencontrer le chaud, le froid, le rugueux, le doux, un obstacle ou pas. C’est l’adaptation du corps à l’environnement grâce à cette expérience du toucher par le pied. Il permet une action sensitivo-motrice et contribue à l’acquisition progressive du schéma corporel.

Pour l’aspect mobilité : dans la chaussure, le pied forme un tout, l’articulation de la cheville et toutes les articulations du pied sont immobilisées. Lorsque le pied est nu, les articulations sont mobiles et permettent un travail musculaire totalement complet et donc fondamental dans la motricité et les différents apprentissages (par exemple la marche).

Le port des chaussures trop tôt avant que la marche assurée soit acquise peut avoir une influence néfaste sur l’adaptation à la position debout dans la vie d’adulte (ex : de nombreuses rééducations). La chaussure empêche ou limite la flexion dorsale (orteils vers le haut) qui est nécessaire dans la marche. Des réactions en chaîne de mauvaises postures peuvent ainsi s’installer et provoquer des douleurs.

La main est un outil du développement de l’intelligence. Le pied nu est aussi l’outil qui permet à l’enfant d’être mobile, actif, prudent, curieux, libre, à l’aise… Pied nu, il lui est possible de pousser sur les orteils pour avancer, se positionner, le pied le stabilise dans ses postures (avec des chaussettes, ça glisse !). »

Puisque le sujet c’est le pied, je ne résiste pas à la tentation de partager l’avis d’une psychomotricienne sur le youpala/trotteur :

youpala

« Le youpala ne présente aucun intérêt dans l’acquisition de la marche de l’enfant. Car la marche est un long processus physiologique qui s’acquiert par étape. »

Pour marcher, il faut d’abord que votre enfant puisse tenir en équilibre sur ses deux pieds. Avant de s’élancer vers la bipédie, l’enfant passe naturellement par l’expérimentation de diverses postures au sol: le ramper, le quatre pattes…

Au cours de ces étapes, il expérimente ses points d’appuis corporels: Comment au gré de chaque déplacement, il met en déséquilibre son corps et surtout comment il le rééquilibre pour avancer. Notamment, au cours de ses déplacements à quatre pattes, l’enfant explore la coordination de ses jambes et de ses bras, alternance que l’on retrouve aussi dans la marche. C’est naturellement, sûr de ces appuis et du maturissement physiologique de ses muscles, de ses articulations, que votre enfant se mettra debout en s’appuyant sur les objets de la maison: pied de table, canapé… 

Il expérimente déjà, la position de son centre de gravité, nécessaire à la bipédie, avant de s’élancer de manière autonome. Avancer un pied devant l’autre est un acte déséquilibrant, nécessitant en permanence d’être rééquilibrer : d’où l’importance des assises posturales des pieds, des jambes et du bassin, explorées par l’enfant, lors de ses déplacements au sol.

 

La marche assistée par le youpala : quels impacts sur la posture et l’acquisition de la marche ?

Mettre l’enfant debout de manière assistée ne permet pas l’exploration des appuis plantaires (pieds) et posturaux (bassin et colonne vertébrale). La mise prématurée à la station debout, se fait souvent en inadéquation avec le développement musculaire de l’enfant.

L’enfant est souvent suspendu dans son trotteur, se déplaçant avec l’impulsion de ses orteils plutôt qu’avec celle de ses talons. Cela ne permet pas la synergie des articulations des chevilles, des genoux et du bassin. De même, les roues donnent un faux rythme au déroulement de la marche. Celui-ci ne pouvant pas gérer le mouvement « d’équilibre-déséquilibre » nécessaires pour avancer un pied devant l’autre. Les difficultés de coordination peuvent ainsi davantage se manifester. Dans un youpala, l’enfant n’expérimente pas les points d’appuis posturaux nécessaires à la station debout et à la marche: il s’appuie peu sur ses jambes.

Mon enfant ne marche toujours pas, quand dois-je m’inquiéter et que faire ?

La marche s’acquiert entre 12 et 18 mois. Elle dépend du développement neurologique, musculaire mais aussi psychologique : se détacher et prendre son envol pour se déplacement au risque de tomber et de se relever. L’acquisition de la marche dépend donc du rythme d’évolution personnel de votre enfant. Certains enfants se développent par « secteur », étant plus moteur ou plus dans le langage ou combinant les deux à la fois. L’authenticité développementale de votre enfant doit être prise en compte avant de vous inquiéter.

Les consultations régulières avec votre pédiatre (ou médecin généraliste) vous permettront de faire le point quant à l’acquisition de la marche de votre enfant : maturité physiologique des muscles, maturité psychique de votre enfant (s’élancer, gérer les diverses sensations provoquées par les mouvements de déséquilibre-équilibre…) N’hésitez pas à le solliciter pour échanger sur vos inquiétudes. Si votre pédiatre constate ou s’inquiète du retard que peut avoir votre enfant, il peut vous conduire à d’autres consultations complémentaires et plus spécialisées (Médecin de médecine Physique et de Réadaptation ou psychomotricien si un retard de développement psychomoteur général est associé).

De votre côté, pour maximiser l’acquisition des points d’appuis corporels de votre enfant, n’hésitez pas à jouer au sol avec lui, de le faire se déplacer pour aller chercher des objets, de le faire venir vers vous grâce à ses propres moyens : ramper, quatre pattes ou autres techniques qu’il aura développé tout seul. Ne le sollicitez pas trop car il est vite fatigable et surtout restez dans le plaisir du jeu. »

Mon avis personnel a peu d’intérêt. Mon avis professionnel est le suivant : le seul endroit où j’ai trouvé que c’était judicieux et même nécessaire d’aider un enfant à être en position debout est l’Institut d’Éducation Motrice. Grâce au déambulateur, des enfants qui ne marcheront jamais de façon autonome connaissent tout de même les sensations de la marche et de la verticalité.