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J’ai deux ans

Récemment je commentais une publication de @martinsdaniela.

En fait c’est pareil de découvrir la frustration et de grandir…

L’algorithme d’Instagram a décidé que ça m’intéresserait. Une fois n’est pas coutume, une partie des commentaires m’a un peu hérissé le poil. Mais bon, chacun.e nourrit ses croyances. Nous avançons chacun à notre rythme dans la compréhension de la vie. Cela dit, en 2020, nous en savons assez sur le développement de l’enfant pour arrêter de victimiser les parents et de rendre coupable le Petit d’homme de traverser une étape de sa vie. Comme toujours, c’est l’enfant qui trinque. Ça me désole. L’intention de Daniela Martins est de partager, notamment pour permettre à d’autres mères de se rassurer. Et puis elle fait bien ce qu’elle veut sur son compte insta. Ce qui me consterne, c’est le florilège de stéréotypes qui s’en suit. Comme-ci c’était incontournable et surtout c’est devenu l’Excuse pour tout : « On est partis en vacances. Il est odieux. oh c’est le terrible two, ça va passer ». Ok, pourquoi pas, mais à côté de ça, c’est important de chercher à comprendre ce qui engendre ces réactions afin de poser des mots dessus. A deux ans, changer d’environnement, ça peut être compliqué et dur à vivre. Ça demande une belle dose de capacité à s’adapter. A deux ans, c’est loin d’être inné.
Je trouve que c’est dangereux de mettre tout ce que l’enfant traverse sur le compte d’une pseudo-crise inévitable.

Ce qui me paraît primordial à saisir, c’est que l’enfant a aussi des états d’âme, comme nous adulte. C’est un individu à part entière. Il est juste moins câblé neurologiquement pour éviter ou minimiser ou raccourcir une crise. Il la traverse totalement. Les adultes pourraient en prendre de la graine parfois, au lieu de faire semblant.
Je ne perds plus mon temps à proposer des pistes en commentaires. C’est rarement pris au sérieux.

Je me permets de le faire ici sous forme d’hypothèses, en légende des captures d’écran. Tant mieux, si ça peut servir à des parents qui souhaitent mieux comprendre leur enfant.

Elle est peut-être hypersensible. Expérimenter la vie, c’est différent de « faire des bêtises ».
Selon le contexte, elle réagit peut-être à un autre événement de la journée. Moi aussi quand je me rappelle un truc, ça peut me rendre grognonne. Un genre de goutte qui fait déborder le vase.
Peut-être que l’arrivée d’une petite sœur l’inquiète. Aucun enfant ne « mène la vie dure » à ses parents. C’est plutôt l’inverse. (Cf les visuels en fin d’article).


A 6 mois, il s’agit encore souvent de besoins primaires ou de recherche d’affection, de sécurisation. Quand un enfant « braille à tout va », il est nécessaire de vraiment chercher ce qui provoque ces pleurs. Ce n’est jamais pour rien. Des crises volontaires ? Le cerveau des enfants en est incapable. Si en plus, « elle ne dort pas », alors raison de plus pour comprendre afin de répondre ses besoins.
Écouter en pleine crise, c’est impossible. Selon le tempérament de l’enfant, attendre que la crise se calme et ensuite échanger s’il parle ou poser des mots peut aider à s’apaiser. « Je comprends ton « idée » (par exemple mettre les doigts dans la prise). « C’est attirant mais c’est dangereux. Je suis là pour t’avertir et te protéger » et ça se répète à l’infini jusqu’à ce que l’enfant change d’idée.


C’est souvent au cours de sa deuxième année, donc après que l’enfant ait « soufflé » sa première bougie, que peuvent affluer les émotions des découvertes qui le bouleversent : S’attacher + se déplacer + parler + découvrir/mâcher des aliments variés + se détacher, mais pas trop… Garder à l’esprit que l’enfant ne sait rien du monde dans lequel il débarque, peut grandement aider à être en empathie avec lui. Pour lui, rien n’est évident.

Quand j’arrive dans un pays nouveau, je me sens comme un jeune enfant, complètement excitée par la nouveauté mais aussi désorientée devant les mœurs différentes, une autre langue, les odeurs, les bruits, les us et coutumes, la gastronomie, le décalage horaire etc. Je mets plus ou moins de temps à m’adapter.

Est-ce utile de rappeler que le petit d’homme accomplit presque un miracle en deux ans ? Il passe du statut de nourrisson totalement dépendant, à celui de petit enfant ; de la position couchée à assise puis debout. De 0 dents à 12-20 ! Il peut prendre 12 kilos en moyenne et 85 cm !! Et après toutes ces acquisitions, il n’est pas pour autant un mini-adulte. Son cerveau a encore besoin de temps. Un adulte qui vivrait ces étapes, en si peu de temps, serait exténué, irritable et peut-être même alité. Si c’est fatiguant pour les adultes, mettez-vous quelques instants à sa place.

Quelques autres visuels pour illustrer mes propos.
Si vous avez des questions, je peux proposer d’autres pistes de réflexion.

La vie de l’enfant
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c’est la Crise

Suite à un « échange » sur instagram, {le réseau social que je supporte encore un peu grâce à quelques belles personnes. (@mickaella974 pour les curieux)}, je me suis dit qu’un rappel du scoop suivant serait bien venu :

un enfant est un individu à part entière !!

Cela implique que comme n’importe lequel d’entre les humains, il ressent des émotions, des sentiments, des contradictions, des contrariétés etc. Cela sous forme de tempêtes tellement puissantes qu’il lui est tout bonnement impossible de s’en sortir seul ou alors avec de gros dommages sur l’estime de soi et la confiance en soi. Après c’est la galère pour reconstruire.

Sous une publication de @santedanslassiette sur l’étrangeté de l’espèce humaine qui donne de l’eau à ses plantes et des sodas à ses enfants, une personne avait commenté que les plantes ne crient pas. Une autre que l’enfant ne ferait pas de caprice s’il ne connaissait pas les sodas. Je précisais qu’un enfant ne fait pas de caprices mais qu’il traverse des émotions, sans mode d’emploi. Quelqu’un d’autre qui passait par là, a trouvé bon d’écrire qu’il n’y avait rien de méchant dans le commentaire précédent. Oui certes, avais-je écrit quelque chose signalant que c’était « méchant » ? Non. S’en est suivi un pseudo dialogue dans lequel, en résumé, une certaine Jade avait vraiment envie que je comprenne que j’avais tout faux quand j’écrivais qu’un enfant ne fait pas de caprice… Elle est mal tombée. Elle a soutenu mordicus que je me trompais et a tenu à ce que j’avoue que des enfants font des caprices. Comment avouer quelque chose de FAUX. Vous voyez le tableau ? J’ai rencontré suffisamment d’enfants pour être ABSOLUMENT certaine qu’AUCUN ENFANT NE FAIT DE CAPRICE. Dans mon métier, j’ai observé et géré des crises, aucun caprice. Là-dessus, elle a écrit que j’étais fermée et je ne sais plus quoi d’autre et que je me contredisais quand j’admettais que l’enfant peut être en crise… Mais Jade, si crise veut dire la même chose que caprice, alors la France traverse actuellement un CAPRICE SANITAIRE !!!!

Définition du mot crise : dans le champ qui nous intéresse et qui n’est pas celui de l’actualité (désolée, je ne nourris aucun intérêt à la crise sanitaire que nous avons amplement méritée) ==> « Brusque accès, forte manifestation d’un sentiment, d’un état d’esprit : Une crise de larmes, de jalousie ».

Rappel (j’avais déjà écris sur le sujet ici) de la définition du mot caprice « nom masculin Envie subite et passagère, fondée sur la fantaisie et l’humeur. Avoir des caprices. »

Déjà, l’enfant ne ferait pas de caprice, car ça ne se fabrique pas. Selon ses détracteurs, l’enfant aurait des caprices, des envies subites etc de manière intentionnelle. Il me ferait exprès pour faire suer son monde. Sachant que le cerveau de l’enfant arrive à maturité vers 6-7 ans (à cause de l’immaturité du cortex préfontal et des circuits relayant l’information entre le cortex et le système limbique), ça nous laisse déjà toutes ses premières années, pendant lesquelles il en est incapable… sauf s’il a besoin d’un exorcisme…? Un enfant de moins de 3 ans capable de fantaisie intentionnelle, je demande à voir.

Un enfant grandit dans un environnement multiple. Il est entouré d’adultes. A la limite s’il est « capricieux », à qui la faute ?
Jade écrivait que son neveu de 3 ans fait des caprices pour je ne sais plus quelle raison… « Neveu de Jade, je suis désolée pour toi, mais ta tante n’en démordra pas. Pour elle, tu es capricieux quand tu ressens des émotions et que personne ne cherche à comprendre. Tu calques ton comportement sur l’éducation que tu reçois mais c’est de ta faute. »

Bref, son unique exemple devait faire foi face à toutes les crises que mes collègues et moi avons géré et qu’elles géreront encore au quotidien dans les lieux d’accueil. Dans les lieux d’accueil où j’ai travaillé, seules les vieilles biques de collègues et certains parents parlaient de caprice… La vieille école et la vieille époque sont révolues. C’est terminé. Le mot caprice est un mot poubelle et facile pour éviter de réfléchir et de comprendre ce qu’il se passe. Il dénigre totalement ce que ressent l’enfant. Oui je persiste et signe, c’est totalement irrespectueux de lancer à un enfant en pleine crise « arrête tes caprices ! »

« C’est à toi adulte de te pencher vers moi et ce que je traverse pour m’aider à comprendre qu’il y a d’autres façons d’agir que de crier, hurler, taper etc.« 

L’enfant fait ce qu’il peut avec les moyens du bord.

En conclusion : les caprices n’existent pas, j’ajouterai : dans le monde de la petite enfance.

Pour aller plus loin :

Déconstruire l’idée de caprice chez l’enfant

Pour en finir avec le mythe sur les caprices d’enfant

L’avis du Dr Gueguen : sos parents