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La bébé-box à la française, éd.2022

C’est la nouvelle fausse bonne idée du cabinet du secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles : une bébé box à la française. Cocorico !! Pour accompagner les parents dans leur post-partum et dans leurs nouveaux rôles. La surprise de son futur contenu a largement été commenté. A juste titre.

A la @verinaze « on t’a ramené de la crème »

J’ignorais que les réflexions autour des 1000 premiers jours puissent aboutir à un sac rempli de trucs. (Merci pour l’info, les doulamies). En même temps, ce n’est pas si surprenant. C’est la mode des tote-bag depuis un moment, c’est écolo. Un livre est déjà offert à la naissance dans certains départements. Les parents reçoivent depuis longtemps une boite publicitaire remplie de couches et de cosmétiques. C’est loin d’être nouveau. Pour ne pas trop copier sur la Finlande et depuis peu l’Ecosse- qui offrent une grande boîte-lit remplie de machins à la naissance- un sac en tissu a été choisi pour la France (rapport à la MIN, ex MSN).

Oh mais on n’est jamais contentes nous autres, hein ! Qu’est-ce qu’on a encore à râler ? On nous fait des cadeaux bien-être et préventifs, de quoi se plaint-on ? C’est mieux que rien…

Cette propension à se contenter de « mieux que rien » est purement française, non ?

Qu’est-ce qu’il a ce sac « bébé box » à la française ?

Il contient un problème majeur, à mon sens et à celui de plusieurs d’entre des femmes et des parents. Attention scoop : il contient des injonctions. Et avec les millénaires, nous avons développé des allergies.

Le côté pédagogique du sac : il contient une turbulette (pour bébé turbulent). Outil indispensable pour apprendre à coucher son bébé… Mes pauvres bébés on raté tout ça.

Béziers - L'équipe de la maternité vous conseille sur la meilleure façon de coucher votre bébé
Béziers – L’équipe de la maternité vous conseille sur la façon de coucher votre bébé. Le bébé en image semble réussir à dormir sans, c’est sûrement l’été.

Quelles injonctions ?

Je cite :  » (…) un produit hydratant sera inclus pour rappeler à la mère qu’elle doit prendre soin d’elle et ne pas s’oublier. La « bébé box » sera un sac en bandoulière pour inviter les parents « à sortir, à ne pas s’oublier en tant que parent, à aller faire du sport ou des activités à l’extérieur« .

Quel genre de cerveau a pondu ça ? Des nullipares ou des primipares ou des multipares ou des hommes peut-être bien ? Qu’est-ce qui a bien pu leur passer par la tête ?

Quand je relis mon premier post partum, je ne visualise pas où le produit hydratant aurait pu me permettre de prendre soin de moi, quand je plongeais dans les abîmes de l’inconnu. Je situe mal la place du sac en bandoulière qui m’aurait invité à sortir, à aller faire du sport ou des activités à l’extérieur parce qu’en fait JE N’EN AVAIS NI LA FORCE NI L’ENVIE !! Celles et ceux qui en ont la force et l’envie, n’ont, à priori, jamais eu besoin de sac en bandoulière.

Rhaaaa mais foutez-nous la paix, bordel !! Est-ce que c’est POSSIBLE d’écouter les parents ? Je ne DOIS rien du tout. Je fais ce que je peux. Il serait peut-être temps de nous demander de quoi nous avons vraiment besoin et vous découvrirez que c’est au cas par cas. Cette bébé box à la française, ne saurait répondre à tout.

« Mais c’est un bon début, t’es chiante pénible de voir le mal partout ! »

Oui mais non. Répondre à des besoins fondamentaux-bousculés par une grossesse, un accouchement et un début de parentalité avec du matériel-c’est être à côté de la plaque.

@jout : J’ai découvert un autre sac, autrement plus réfléchi chez Mère nature speaking

Mère Nature

Mon premier post-partum

Sandrine Lebrun, à l’initiative de la formation Envol & Matrescence, a demandé aux promos un exercice d’écriture intuitive sur ce sujet.

Mon corps et mon mental s’en souviennent, bien qu’il date d’il y a vingt et une années. Des souvenirs s’estompent et d’autres restent. Avec un enfant pour la vie suite à ces passages presque initiatiques, le déni me semble impossible. Je ne raconterai que le premier. Le second est distillé un peu partout sur cette planète.

Dans mon cas, le contexte d’une grossesse a largement annoncé la couleur de mes post-partum. Le premier était donc inattendu, imprévisible (même si je me doute qu’il ne peut jamais être prévisible). Le mot approprié serait imprévu. J’étais jeune et en même temps je me sentais prête, bien qu’absolument pas informée. Je pensais que savoir ne m’aiderait en aucun cas à y arriver. Première erreur. Enfin oui et non, c’est surtout inexact.

La naissance s’est déroulée sans que j’en sache quoi que soit, rien. Ce serait mentir que de dire que la préparation proposée à l’hôpital m’a aidée à quelque chose. Dans le sens où je n’ai pas su m’en servir.

Après la naissance, j’ai basculé du jour en lendemain dans les abîmes de l’inconnu : un désert intersidéral de solitude, de douleurs physiques et mentales. J’ai sombré dans la tourmente d’un cyclone, d’un ouragan, d’une tornade…dès le séjour à la maternité. La puissance de l’amour que j’ai ressenti n’a rien changé à cette descente aux enfers. J’ai dissocié. Dangereusement. Et en même temps c’est arrivé de manière lucide (ça c’est ce que je pense 21 ans après). C’est-à-dire que je me suis vue perdre pieds, couler dans cet océan immense, sans rives alentours alors que je suis terrifiée par l’immensité. Résignée et sans me débattre, parce que sans aucune énergie, aucune possibilité de faire autrement.

Concrètement comment c’était ?

Après la naissance, c’est l’impression de ne recevoir aucun soutien, même avec une armada de soignant.e.s. Des discours, des conseils contradictoires, dans tous les sens mais sans aucun sens. Rien pour s’accrocher. Aucune empathie, nulle part. « C’est normal Madame ».

Me concernant, ça s’est aussi traduit par une perte totale de pudeur. Alors que je suis extrêmement pudique. J’ai su plus tard que des visiteurs avaient été choqués par cette soudaine absence. Ils ont vu ce qu’ils n’avaient jamais vu. Je ne m’en rendais pas compte, comme si j’étais redevenue primitive.

Sans filtre pour communiquer, j’ai dit tout ce qu’il me passait par la tête. C’était facile, c’est dans ma nature. Disons que le filtre était factice quand je jouais un rôle dans la société. Le post-partum s’en tape du faux-self, il a fait valdinguer le « faire comme-ci ».

Outre le fait que les neurones en prennent un sacré coup de manière normale, j’ai perdu le fil de toutes mes pensées. Il m’était impossible de réfléchir. Heureusement que je n’avais rien à réfléchir. Mon quotidien est passé en mode automatique avec pour seul objectif : prendre soin du bébé. Je me nourrissais très peu, j’ai perdu énormément de poids. Ça aussi c’est considéré comme normal : la préoccupation maternelle primaire. A ce stade, c’est de l’ordre du baby-blues.

La nuance qui différencie le baby-blues de la dépression post-natale c’est son installation, donc sa durée et l’absence de bonheur, selon mon expérience. Un quotidien dans la solitude, répétitif, sans projets d’avenir, avec la peur de l’avenir…Tout le reste est aussi considéré comme habituel : l’épuisement, le manque cruel de sommeil, les pleurs du nourrisson et de la mère…question d’hormones. Je me souviens aussi de la lenteur de la vie, de mes réactions, voire l’absence de réactions, comme si j’étais éteinte et au ralenti. Je me rappelle avoir beaucoup regardé la télévision, comme pour anesthésier tout ça, au détriment de la relation avec mon enfant. Je restais prostrée chez moi, dans le silence, avec ce bébé dont j’avais fini de m’occuper : soins, couche propre, tétées terminées. Que faire d’autre ? Je sortais peu, mon fils hurlait à plein poumons dans sa poussette. Sortir était devenu un cauchemar. Les nuits aussi. La peur de ses pleurs m’a hantée longtemps.

Plusieurs mois se sont écoulés. Remontée à la surface, ma tête est sortie de l’eau. J’ai opté pour un filet de portage, les balades se sont apaisées. Un suivi ostéopathique s’est mis en place grâce à un ami, pour les douleurs de mon fils, les pleurs se sont estompés. Un mode d’accueil a été tenté en collectivité, échec cuisant. Une merveilleuse assistante maternelle a pris le relais. La mission locale m’a accompagnée dans une recherche d’emploi. Un semblant de vie a repris son cours.

Je pense en être complètement sortie quand j’ai trouvé du travail, soit deux années après l’accouchement.



Que peut faire une doula ?

Pas d’cape !

Dans les Indestructibles, le sort des super-héros est mis à mal. Porter assistance à personne en péril (mais qui n’a rien demandé) devient interdit.

Pas de SOS = Pas de détresse = range ta politesse, ta compresse, ta promesse, ta largesse et ta tigresse.

Après l’avoir visionné plusieurs fois (merci les enfants), j’ai compris que c’était pareil dans la vraie vie. Même quand il s’agit de tout autre chose que de sauver des vies.

Savoir lire entre les lignes des lois du domaine médical

Dans des contextes spécifiques, tel que l’accouchement – pour ce qui concerne la doula – les conseils, la présence, l’aide, le soutien ne sont possibles que s’ils sont encadrés par le médical. Une doula peut accompagner une famille, si et seulement si il y a un suivi médical. C’est la loi ou plutôt l’absence de loi. Cela signifie que ses domaines de compétences se situent en dehors de l’exercice de la médecine. Pour faire court : c’est illégal de conseiller et d’agir tout autour de la santé de la femme et de l’enfant. Ça tombe bien parce que la doula ne revendique pas du tout le côté médical, bien au contraire.

Pour rappel : une femme enceinte n’est pas en péril. Elle est vulnérable. « La personne vulnérable est définie comme « un mineur de 15 ans ou une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse » (Code pénal, art. 434-3)…La grossesse ne crée a priori aucune vulnérabilité psychologique. La vulnérabilité est donc ici physique. »

La doula se situe en périphérie et c’est déjà beaucoup, surtout quand les sages-femmes n’ont plus suffisamment de temps pour. Anne Leroy a levé le voile.

Mais que peut faire la doula alors ? Que propose-t-elle ?

Chaque doula accompagne en fonction de ses valeurs, couleurs, capacités, limites. Pour le moment, je me cherche. Doulamssétou proposera essentiellement une écoute et une présence actives, dans tous les domaines (SAUF le médical, et ça m’arrange parce que même l’EJE était mal à l’aise avec cet aspect.) C’est évident pour moi, que je ne proposerai pas un catalogue de produits en supplément de mon savoir-être. La société change. J’ose espérer que la multi-variété consumériste ne sera plus le seul critère de choix. Cela signifie que bien que je sois ouverte à tous les possibles, je suis loin d’être une experte en tout. Je saurai guider vers quelqu’un.e qui sait faire si je ne sais pas.

Ma p’tite expérience

Quand j’étais enceinte, par deux fois j’ai vécu la solitude. Une simple oreille bienveillante m’a cruellement manquée à des moments cruciaux de ma première grossesse. Pourtant j’étais entourée, mais c’était dispersé, ponctuel. Souvent j’avais besoin simplement d’une présence, pas de conversations. Pour le premier post-partum (=après l’accouchement) ça a été pire et tellement douloureux. J’ai eu des rdv, j’ai reçu des visites de professionnels, d’amis, de copines, de connaissances et PERSONNE n’a repéré la spirale dans laquelle j’étais prisonnière pour mon premier enfant. Je me rappelle de moments clés ou dans ma tête ça hurlait « mais tu ne vois pas que je vais mal !!! » Mon conjoint, heureusement a été « doulo » pour le second post-partum. Sans le savoir, il a été présent. Il a su m’épauler. Il a dit ce qu’il fallait dire. Il m’a soutenue dans la moindre de mes faiblesses et de mes forces. Comme un pilier dans les prémices d’un cyclone qui a fini par changer de trajectoire. C’est ainsi, qu’une deuxième dépression post-partum a été évité. Reconnaissance éternelle.

Voilà ce que représente une doula pour la moi d’il y a 21 ans. Aujourd’hui ce serait sensiblement pareil. Je m’efforcerai donc d’entendre les familles qui feront appel à moi. Je serai attentive à l’explicite autant qu’à l’implicite.

Oui…mais non

Tully

J’ai vu :

Je parle peu cinéma sur ma petite planète. C’est tellement personnel ce que je ressens après avoir vu un film. Je me vois mal partager mon avis sur chacun.

Tully est une exception, pour au moins deux raisons :

1. Ce film raconte du vécu (fictif certes, mais complètement probable, car déjà observé). Marlo cumule : une pré-ado, un enfant « singulier » (elle a raison, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire !?!) et un bébé « surprise ». C’est beaucoup pour une seule femme. Mais ça arrive plus souvent qu’on ne le pense.

2. La version française cite les AVS et les EJE. J’ai même sursauté quand j’ai entendu : « c’est la baby-sitter, elle est éducatrice de jeunes enfants ». C’est un bon début, même si c’est une baby-sitter et qu’elle est légèrement bizarre.

AVS et EJE dans un même film, c’est suffisamment rarissime pour que ce soit remarquable. Qui d’autre y a fait attention, me demanderez-vous ? Si je vois le verre à moitié plein, j’ose penser que chaque spectateur l’aura, au moins, entendu. C’est déjà ça. Petit à petit.

Mon avis :

Pour partager quelques ressentis du film, je l’ai trouvé esthétiquement réussi. Mes yeux ont apprécié la douceur de la caméra et mes oreilles, celle de la bande-son (sauf à Brooklyn). La performance de Charlize Theron est bluffante. Celle de Mackenzie Davis aussi. C’est un film très étrange. La fin dévoile avec finesse le pourquoi de cette sensation de malaise, que j’ai eu dès l’apparition de la « nounou de nuit ».

J’ai pris connaissance des « nounous de nuit » quand j’avais une page Facebook, via la page (elle existe plus) de la Ptite Sylvia.  En France, le site « ma bonne fée » propose les services de nurses de nuit (et de jour) ainsi que Christelle et les petites fées du sommeil. L’idée m’avait parue, à la fois, saugrenue et pertinente (cf. mon sens du paradoxe)

Saugrenue parce que le lien entre la mère et le bébé n’appartient qu’à d.eux, les premières semaines. Comment laisser une parfaite inconnue s’immiscer entre d.eux ? Le tiers est le/la partenaire de vie puis la famille, par extension. Cela dit, en France, nous confions nos bébés de 2 mois et demi à de parfaits étrangers, donc…Donc, pourquoi pas à une nounou de nuit ? Pour prendre le relai ? Marlo donne l’impression d’avoir plus besoin d’une aide pour la journée et la fratrie.

Pertinente car une mère n’est pas censée être seule, pendant les premières semaines, avec son nourrisson ET un foyer à tenir. C’est une hérésie moderne occidentale qui a créée les fameux burn-out et baby-blues. Ça swingue en anglais. En français c’est plus psychiatrique : syndrome d’épuisement maternel, dépression post-partum et plus si affinités telle que la psychose puerpérale, entre autres.

Quelques traditions :

qui se rappellent qu’une grossesse, un accouchement et l’arrivée d’un bébé, c’est éprouvant.

« AU JAPON : ANSEI
la maman est aussi choyée que son bébé après l’accouchement. Pendant trois semaines, il est traditionnel pour la jeune maman de rester au lit, voire de séjourner dans la maison de ses parents. C’est aux autres membres de la famille que reviennent le ménage, la cuisine et les autres corvées, afin de lui laisser le temps de se reposer et de créer des liens forts avec son bébé.
EN AMERIQUE LATINE : LA CUARENTENA
Dans certains pays d’Amérique latine comme le Guatemala, la jeune maman qui vient d’accoucher n’a pas le droit de quitter la maison pendant 40 jours après l’accouchement. Le but est de faire en sorte que la jeune maman récupère et accumule suffisamment de forces et de nutriments pour produire un lait maternel riche et épais. »

La nuit, le cododo m’a épargnée de devenir un zombie à force de me lever, de marcher sur des legos et d’attendre que bébé soit suffisamment épuisé pour accepter d’être allongé tout seul dans SON lit…alors que nous venions de fusionner durant 9 mois. Quand le bébé est nourri au sein, ça peut devenir éreintant quand on sait que le lait maternel se digère en 20 minutes. Les nuits de pics de croissance, si tu te lèves à chaque tétée, tu risques d’aller droit dans le mur.

Marlo, elle gère ! Aussi grâce à Tully, mais à quel prix ? Vous le saurez en regardant le film.

Mathou